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Frédéric Liogier : un super-héros contre les termites

Entreprise - Le détermiteur périgourdin Frédéric Liogier (également éminent président de la Capeb Dordogne) dynamite le monde des termites avec une campagne de communication décapante !

Frédéric Liogier termites

Frédéric Liogier © Loïc Mazalrey

Ennuyeux , le monde des termites ? Frédéric Liogier, le patron de l ’entreprise éponyme implantée à Annesse-et-Beaulieu, vient de prouver le contraire avec une campagne de communication décapante. Avec un talent certain pour la comédie, le professionnel du détermitage y apparaît sous les traits d’un colosse vert à la poigne de fer ou ceux d’un valeureux chevalier parti en croisade contre les termites et les capricornes.

Derrière cette double métamorphose, une signature, celle de Jacques Guimbaud, le fondateur de l’agence de communication Comparici basée dans le Bergeracois. C’est lui qui a convaincu Frédéric Liogier de poser dans les habits des super-héros de son enfance. « Un jour, mon petit-fils Baptiste m’a comparé à Superman au motif que je protégeais la maison des gens. J’ai partagé cette anecdote avec Jacques Guimbaud qui m’a proposé de devenir un super-héros le temps d’une publicité. J’ai dit banco ! », explique le détermiteur qui a donné carte blanche aux studios de Comparici.

LOUFOQUE MAIS EFFICACE

Le résultat est loufoque mais efficace. « En bien ou en mal, tout le monde en cause ! », constate Frédéric Liogier, pas peu fier d’avoir réussi à mettre en lumière le métier parfois ingrat de détermiteur. « Quand vous intervenez dans une maison pour la traiter contre les termites, le client vous remercie, mais il est rare qu’il vous complimente sur la beauté de votre travail, chose qu’il fera plus spontanément avec un menuisier ou un ébéniste », s’épanche le professionnel du détermitage. « Cette campagne, c’est ma façon à moi de dire que notre travail est aussi beau. »

© Création Comparici

L’artisan n’en est pas vraiment à son premier coup d’essai. Enclin à se mettre en scène, il a déjà participé il y a quelques années à l’émission « Au secours, ma maison s’écroule » diffusée sur M6. « Mon équipe et moi-même avons déniché la maison pour la production du programme et joué notre propre rôle sur le tournage qui a eu lieu à Saint-Pardoux-la-Rivière, dans le nord de la Dordogne. La première émission a connu un beau succès d’audience, malgré sa diffusion en deuxième partie de soirée. « Au-delà du divertissement, les spectateurs ont eu un aperçu de notre travail qui est aussi pénible qu’il peut être noble. »

TYPIQUEMENT DANS L’HUMAIN

Éradiquer les nuisibles, ce n’est pas seulement faire des trous dans une charpente et appliquer les produits indiqués. C’est aussi aider des populations plus en difficultés que d’autres à repartir du bon pied.

Cette campagne, c’est ma façon à moi de dire que notre travail est aussi beau

« Nous intervenons, à la demande des organismes de tutelle, dans les appartements où un entretien défaillant a pu contribuer à l’apparition de blattes, de punaises de lit ou encore rongeurs », indique le professionnel du détermitage.

« On sait dans ces cas-là qu’on apporte plus qu’une simple prestation de service et qu’on est typiquement dans l’humain. » L’humain, c’est probablement ce qui a motivé Frédéric Liogier à faire toute sa carrière dans le monde pas toujours très sexy des termites. Il avait vingt ans lorsqu’il a poussé la porte d’une entreprise de détermitage en Charente-Maritime. « Mon épouse et moi-même venions d’avoir notre premier enfant, je n’avais pas d’autre choix que celui de trou- ver un boulot. Un copain m’a dit que le secteur recrutait. J’ai signé mon premier CDI avec une boîte de Rochefort. »

CONTRAT DE CONFIANCE

À l’aise dans les relations humaines, Frédéric Liogier devient rapidement conseiller en clientèle et obtient sa mutation dans l’une des agences du groupe basée en Dordogne. Mais l’aventure tourne court. « J’ai appris la liquidation de ma société dans la presse », se rappelle le détermiteur qui se retrouve au pied du mur.

« Avec les 30 000 francs d’indemnités que j’avais reçu, ma femme et moi avons pris le risque de monter notre propre entreprise. Nous l’avons baptisée de notre nom pour marquer notre engagement vis-à-vis de la clientèle. C’était en quelque sorte un contrat de confiance passé avec elle. »

 

© Loïc Mazalrey

Les bases juridiques de la société sont jetées en 1994. Les époux Liogier se lancent seuls dans l’aventure et ne tardent à pas s’imposer comme des acteurs incontournables du marché du détermitage départemental. L’effectif s’ étoffe d’une année sur l’autre, sans pour autant gros- sir trop vite avec démesure. Le couple de jeunes entrepreneurs tient avant tout autre chose à préserver le caractère artisanal de leur entreprise. « On a acquis une belle réputation et on la soigne », souligne Frédéric Liogier, qui « a la chance » de travailler avec cinq collaborateurs fidèles à la société depuis longtemps.

L’entreprise Liogier s’est tournée vers l’innovation et les alternatives aux produits biocides

QUALITÉ DU TRAITEMENT

Autre point déterminant, la certification de l’entreprise par l’ institut technologique FCBA et son pôle bois. C’est la seule en Dordogne à avoir adhéré à cet organisme de contrôle de dimension nationale. « Les professionnels sont libres d’y adhérer ou pas, mais c’est un gage de sérieux que d’en être », glisse Frédéric Liogier. Pour décrocher sa certification et être sûr d’obtenir son renouvellement annuel, l’entreprise doit montrer patte blanche. Des choix de produits au diagnostic en passant par les devis et les méthodes de traitement, tout est passé au crible par des experts. « On a même droit à deux visites par an. Des professionnels du FCBA se rendent avec nos équipes chez des clients pour s’assurer de la qualité du traite- ment réalisé sur les charpentes », précise le chef d’entreprise. En cas d’avis mitigé, « on fait les rectifications qui s’imposent. L’objectif est de progresser tous ensemble dans notre approche du métier ».

LE SENS DE L’INNOVATION

Nul ne s’étonnera de voir que l’entreprise Liogier soit tournée plus qu’une autre vers l’innovation et les alternatives aux produits biocides traditionnellement utilisés pour le traitement des nuisibles. L’une d’elle a déjà trouvé sa place dans l’éventail des prestations proposé par la maison : il s’agit du traitement des bois contre les insectes à larves xylophages par la chaleur, directe- ment au cœur des zones infestées. « Cette méthode nous vient d’Europe du Nord et elle est très prometteuse », souligne Frédéric Liogier, qui participe activement à son déploiement en France. « Je préfère essuyer les plâtres et être devant, au bénéfice de nos marchés et de nos clients », assume- t-il avec fierté.

PAS DE FORMATION POUR LES DÉTERMITEURS

Il n’existe à ce jour pas de formation pour devenir détermiteur. Mais cela pourrait évoluer sous l’influence de Frédéric Liogier qui s’investit depuis plusieurs années à la tête de la Capeb de la Dordogne et au sein des instances nationales du syndicat. « Les professionnels du détermitage sont des travailleurs du bâtiment à part entière et je me bats, en tant que président de la Capeb, pour sa reconnaissance dans le monde économique. »