Grand Sud-Ouest – Arobase, l’emploi sur mesure

Santiago Diez est de ces chefs d’entreprise au discours teinté d’humilité non feinte, refusant qu’on dise de lui qu’il a réussi. Pourtant, ce Béarnais aux racines castillanes (qui, dit-il, expliquent peut-être sa réserve naturelle) aurait de quoi pérorer : le groupe Arobase, spécialisé dans les ressources humaines, affiche 50 millions d’euros de chiffres d’affaires et espère doubler ce chiffre d’ici cinq ans. Un objectif que nous dévoile Santiago Diez en ce début d’année charnière pour la société béarnaise qui réunit ses 25 agences de travail temporaire sous la seule et même bannière Arobase Emploi.

Renforcer le poids de la marque

Identifiées jusqu’ici comme Arobase Intérim, Lana Intérim, Flexim Intérim et ARH Emploi, après avoir conservé leur nom consécutivement à leur acquisition par la PME béarnaise (lire encadré), elles seront désormais harmonisées. Cette nouvelle identité, souhaitée pour renforcer le poids de la marque employeur sur le territoire, en l’occurrence la vallée de l’Adour, la vallée de la Garonne et le nord des Pyrénées, va en effet bien plus loin qu’un simple changement de nom. Celui-ci s’inscrit dans une stratégie destinée à assurer la pérennité de l’entreprise, selon les souhaits de son dirigeant qui fait de la continuité l’une de ses priorités. Près de 25 ans après la création du groupe Arobase, Santiago Diez tient les rênes avec une vision particulièrement claire.

Le groupe Arobase vise les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici cinq ans

« Une vision volontariste »

« Avant même d’évoquer une stratégie, il faut parler de la vocation de l’entreprise : valoriser les talents humains et professionnels, déployer des services RH, contribuer à dynamiser l’emploi local et soutenir le développement des entreprises du territoire, tient-il ainsi à rappeler. Pour servir cette vocation, nous avons une vision volontariste, une ambition qui repose sur ladite stratégie. » Outre ce nouveau nom, le groupe Arobase par la voix de son PDG souhaite ainsi développer d’autres agences d’intérim pour continuer à mailler le territoire, accompagner de façon « encore plus précise et plus pertinente » ses collaborateurs intérimaires et présenter un bouquet RH complet à ses clients.

© Cyril Garrabos – La Vie Economique

« Les RH sur mesure »

La diversité des services proposée par Arobase est en effet l’une de ses spécificités et l’un de ses leviers de croissance. Ainsi, « Les RH sur mesure » a été choisi comme slogan du groupe, qui propose à ses entreprises utilisatrices non seulement un service « tout compris » (comprenant l’ensemble de la prestation des salaires, DUE, facturation, paye, charges et cotisations) mais également la gestion de leurs contrats et du recrutement, de la formation ou encore la mise à disposition de salariés en temps partagé. « Si on s’en tient purement et simplement à l’intérim, nous allons nous faire dépasser », constate Santiago Diez, qui souligne la nécessité de « se remettre en cause » dans un secteur concurrentiel dominé par les trois majors nationales Adecco, Randstad et Manpower.

 Nous sommes généralistes parce que diversité se conjugue avec pérennité

Des agences à taille humaine

« Il y a de la place pour les PME régionales comme nous, avec une plus-value qui réside dans cette multiplicité de services mais aussi dans la proximité de nos agences, qui sont à taille humaine et accueillent un nombre raisonnable d’intérimaires », défend le dirigeant. S’il a craint, il y a trois ans, l’arrivée des pures players et de ces agences entièrement digitalisées, Santiago Diez assure aujourd’hui continuer à vouloir développer des agences avec « l’intime conviction que, heureusement, ce métier restera physique ». Résolument tourné vers l’humain, ce dernier ne trouverait de fait aucun sens à considérer l’intérim autrement. Proche de ses salariés permanents, ce chef d’entreprise de terrain tient à se rendre chaque semaine dans les agences du réseau : « Mon grand plaisir, c’est d’accompagner nos collaborateurs, tout comme les entreprises utilisatrices ».

© Cyril Garrabos – La Vie Economique

Un réseau généraliste

En 2024, le groupe Arobase a répondu aux besoins spécifiques de quelque 2 000 clients, évoluant dans des secteurs d’activité variés : « Nous sommes généralistes et c’est justement ce qui est intéressant. Il ne faut pas avoir tous ses œufs dans le même panier, comme le veut notre bon sens paysan, parce que la diversité se conjugue avec la pérennité ». Selon les bassins d’emploi, les demandes varient malgré tout et certains secteurs peinent davantage que d’autres à recruter. Parmi eux, l’aéronautique en Béarn, en Haute-Garonne et dans les Hautes-Pyrénées ou encore l’agroalimentaire dans le Lot-et-Garonne et le Gers. Le dirigeant connaît mieux que quiconque ces difficultés et d’autant plus la nécessité d’une certaine souplesse dans la mise à disposition du personnel.

En moyenne, 25 % des intérimaires du groupe Arobase sont embauchés par les entreprises utilisatrices à l’issue de leur mission

« Le contraire de la précarité »

Contrat d’intérim « classique », contrat saisonnier, CDI intérimaire, IME (introduction de main-d’œuvre étrangère), temps partagé… : le groupe Arobase se veut flexible et se donne les moyens de l’être, notamment grâce à la création de groupements d’employeurs qui permettent, selon le dirigeant, « une relation vertueuse, beaucoup plus pérenne et complètement différente avec les entreprises utilisatrices ». Particulièrement fidèles, ces dernières embauchent par ailleurs en moyenne 25 % des intérimaires du groupe Arobase. Un chiffre qui fait réagir Santiago Diez : « L’intérim est le contraire de la précarité. Lorsqu’un intérimaire termine une mission, nous le repositionnons sur un autre contrat et nous essayons de lui trouver des formations. Il y a une continuité, contrairement au CDD qui reste notre principal concurrent ».

Transmettre une entreprise solide

Le groupe Arobase, par la voix de son PDG, entend consolider ce lien de confiance, « ce cercle vertueux » formé par ses clients, ses intérimaires et ses salariés permanents dans les années à venir. Une autre condition sine qua non pour assurer la croissance de l’entreprise et atteindre l’ambition que s’est fixée Santiago Diez. À 62 ans, l’Artisien avoue d’ailleurs ne pas avoir encore rempli tous ses « devoirs » : « Je pourrais dire « mission accomplie » quand nous aurons atteint les 100 millions de chiffre d’affaires. Je serai alors en mesure de transmettre une entreprise solide ». Et d’ajouter : « Dans ce monde en mutation, les entreprises locales ont un rôle à jouer très important dans les changements profonds. Et j’ai la faiblesse de penser qu’Arobase peut s’inscrire dans cette histoire-là. »

© Cyril Garrabos – La Vie Economique