Couverture du journal du 16/10/2024 Le nouveau magazine

Hautes-Pyrénées – Joris Ducastaing, le faiseur de mondes

Architecte des principaux sites qui ont modifié le visage de Tarbes, ce concepteur à la passion inépuisable s’apprête à transformer encore une fois un des bâtiments du quartier de l’Arsenal. Un projet magistral, qui comprend notamment un pôle dentaire et des restaurants.

Joris Ducastaing, un architecte passionné

Joris Ducastaing, un architecte passionné ©LilianCazabet

Neuf carrés. Comme une portion de bastide où les routes nettes et définies mènent à des échoppes, des demeures et autant de mondes qu’on devine. Neuf carrés qui s’assemblent pour n’en dessiner qu’un, c’est la signature étonnement rigoureuse qui représente le bouillonnant cerveau de Joris Ducastaing. Chacune de ces routes, l’architecte les a prises, bâties, reconstruites, réhaussées, aménagées, malmenées et sublimées. Et chacun de ces mondes, il les a recréés, à son image parce que des milliers vivent en lui. Ce logo, son logo, les Tarbais le connaissent sans le savoir.

ARCHITECTE DU REX HÔTEL

C’est celui des projets immobiliers les plus marquants et certainement ceux qui ont contribué à transformer la ville ces dernières années. En y regardant bien, il trône sur la façade de verre du Rex Hôtel, fascinante création avant-gardiste dont les murs de lumières changent au gré des minutes, changeant également l’âme de la rue. En 2006, ce bijou magistral sortait de terre mais aussi d’un de ces carrés qui forment l’immense dédale de la « touch » Joris Ducastaing. L’architecte avait carte blanche et ce qu’il y a écrit traverse le temps sans avoir rien perdu de sa force. Force qu’on retrouve dans la rénovation de la monumentale Halle Brauhauban qui a elle aussi signé la redynamisation du quartier.

ARTISTE, VISIONNAIRE, BÂTISSEUR…

Architecte dirait donc la plaque qui n’existe pas à l’entrée de son cabinet. Étrangement, le terme semble réducteur. Artiste, visionnaire, bâtisseur, promoteur… Difficile d’enfermer tant de passion dans un mot. À 57 ans, Joris Ducastaing affiche la même qu’à ses débuts, quand jeune étudiant il apprenait son métier avec Jean-Paul Saint-Laurent : « Je ne comprenais pas quand les gens disaient qu’ils venaient travailler. Non, ce n’est pas du travail c’est du plaisir ». À le voir sourire et s’enthousiasmer, on le croit aisément. Et lorsque l’ancienne friche qu’était l’Arsenal devient un terrain de jeu possible, les neufs carrés deviennent des rouages et les idées fusent : « C’était une super chance pour tous les Tarbais de faire quelque chose là-bas. Alors pour moi, en tant qu’architecte… ».

LA RENAISSANCE DE L’ARSENAL

Briques, maçonnerie, structures métalliques à la Eiffel, bâtiments de caractère : l’ancien site industriel militaire est une mine de diamants. « En 2010, les routes n’existaient pas encore et j’ai fait le pari qu’on pouvait faire quelque chose de cette zone-là. J’ai proposé un projet qui n’a pas été retenu, alors quelques mois après, j’ai racheté le bâtiment 117 et c’est celui qui a commencé à faire naître le quartier. » Un bowling, une guinguette, la station, au total dix établissements ouvrent sur les 4 800 m2. Petit à petit le quartier évolue et devient le plus dynamique de la ville. Véritable pôle festif, il concentre restaurants, sites de loisirs ou encore le cinéma CGR. Dernièrement, l’Usine des sports a encore enrichi l’offre avec un des plus grands équipements d’escalade d’Europe dont un mur de 19 mètres. Ce bâtiment 313, Joris Ducastaing ne l’a pas dessiné mais c’est juste à côté que lui aussi compte bien grimper au plus près des cieux.

3 000 M2 EN COURS DE CONSTRUCTION

Les neufs carrés de son cabinet s’apprêtent à donner vie à un dixième. Loin de tourner en rond, ce fou de volumes voit haut, si haut qu’il aurait pu appeler son nouveau projet la tour… L’homme est d’équerre et l’a simplement nommé la Carré. Pour l’heure, seule la structure métallique découpe le ciel, qu’elle semble vouloir prendre dans ses bras : le site culmine à 18 mètres de haut. La construction est en cours et dans un peu moins de six mois, 3 000 m2 prendront vie : « La conception sera moderne mais on va retrouver, notamment au rez-de-chaussée, l’écriture de l’Arsenal avec des poutres en fonte, en treillis et une hauteur de 5 m sous plafond ».

Au sommet, il y aura un rooftop magistral, une terrasse de 300 m² avec vue sur la chaîne des Pyrénées

DEUX RESTAURANTS DU GROUPE BERTRAND

C’est ici que deux restaurants du Groupe Bertrand vont bientôt s’installer, Au Bureau et Volfoni. Une place est encore vacante, avis aux amateurs, et le premier étage sera celui d’un cabinet dentaire de 800 m2 : « Au deuxième étage, il va y avoir un cabinet d’expertise comptable et un autre dentiste, là encore un local est disponible. Le troisième sera consacré à un cabinet de prothésistes dentaires qui regroupe plusieurs laboratoires ». Et enfin au sommet, un rooftop magistral, une terrasse de 300 m2 avec vue sur la chaîne des Pyrénées. « C’est conçu pour que ça puisse accueillir un restaurant de 400 m2 ; le but, c’est d’attirer une restauration qui, si elle n’est pas étoilée, sera gastronomique. C’est un lieu exclusif avec un accès par un ascenseur privatif entièrement vitré. Les gens en sortiront pour prendre les Pyrénées directement dans les yeux. »

TARBES, PROCHAINE STATION DE SKI ?

Maître d’œuvre et d’œuvres, des idées et des plans, Joris Ducastaing en a. S’il travaille sur la création d’un immense campus dédié à la santé, près de la clinique du boulevard du 8-Mai-1945, il pourrait bien être celui qui fera de Tarbes la prochaine station de ski des Hautes- Pyrénées… Un projet inouï, inédit et colossal, déjà prêt dans le moindre détail et tous sont fabuleux. De la chute libre, des carlingues et même des télécabines, l’homme n’en n’a pas fini avec l’Arsenal même s’il faut « arriver à conjuguer innovation et bonne temporalité »…