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Hautes-Pyrénées – L’eau, source d’inquiétudes pour les irrigants

Les agriculteurs du département, rejoints par ceux du Lot-et-Garonne, ont clairement fait entendre leur désaccord face à la révision tarifaire de l’eau destinée à l’irrigation, prix dorénavant différents suivant le volume utilisé. Une hausse qui s’inscrit dans un contexte d’augmentations multiples subies par la profession.

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L'eau, au cœur des préoccupations des irrigants du système Neste ©DR

Dans les Hautes-Pyrénées, l’eau est douce mais la facture pourrait bien être salée pour les agriculteurs, c’est en tout cas ce qu’ils craignent et ont voulu dénoncer en organisant un rassemblement intersyndical mais aussi interdépartemental jeudi dernier à Tarbes. Réunis devant les locaux de la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne, communément appelée la CAGC, ils étaient environ 150 venus des Hautes-Pyrénées mais aussi du Lot-et-Garonne pour se faire entendre. Une union qui coulait de source pour Michel Dubosc, de la FNSEA : « Si on ne peut pas se retrouver sur des thématiques comme l’eau, on ne se retrouvera jamais. La préoccupation d’un irrigant du 65, du 47 ou du 32 est la même ». Et en ce début d’année, c’est la révision tarifaire de l’eau irriguée, mise en place par la CACG, qui est au cœur de la mobilisation.

UNE FACTURE DOUBLÉE

La réforme portée par le système gestionnaire de l’eau n’est pas une surprise, en décembre déjà elle avait donné lieu à une première manifestation des agriculteurs. Si elle s’inscrit dans un projet global pensé pour « assurer la pérennité des installations du système Neste », son entrée en vigueur passe mal dans les conditions présentées : « Pour nous, l’irrigation c’est primordial, on n’a rien contre la CACG mais ce système tarifaire basé sur le volume consommé n’est pas viable, on est le premier réseau à le pratiquer », explique le secrétaire de la FNSEA. « On était à 100 € le litre/ seconde, là le terme fixe est passé à 110, ça ce n’est pas grave, l’augmentation on la comprend. Le problème, c’est le tarif suivant la consommation. Si elle est très faible pour des agriculteurs qui irriguent à peine, on est à peu près à 20 € le litre/seconde. Par contre quand on irrigue normalement et qu’on utilise son quota d’eau prévu, on est à 90 € de plus par litre/seconde ».

Un quasi-doublement des tarifs qui est loin d’être une moyenne estimée avec des épisodes de sécheresse estivale comme celle de l’an dernier. C’est d’ail- leurs sur elle que Michel Dubosc base son calcul et le résultat est sans appel : avec la nouvelle grille de calcul, le litre/seconde qu’il payait 100 € s’élèverait à 203 €. À cette augmentation s’ajoute celle des réseaux concessions d’État qui entre également en vigueur en 2023.

STOCKER L’EAU, UNE SOLUTION ?

S’ils étaient enclins à une augmentation, les agriculteurs ne l’acceptent pas sous cette forme, d’autant plus qu’elle n’est doublée d’aucune garantie d’amener les cultures jusqu’à leur terme : « On ne peut pas continuer à investir de l’argent alors que chaque année on est coupé aux alentours du 15 août. Il nous manque 5 à 10 millions de m3 pour finir une campagne d’irrigation. Il faut créer des réserves, dans le contexte actuel c’est très compliqué, ça demande entre huit et dix ans, nous on ne pourra pas attendre ». Les solutions alternatives, ils les ont déjà envisagées, comme utiliser le gave de Pau ou le lac du Néouvielle au-dessus de Saint-Lary et ses 150 millions de m3 stockés.

Il ne pleut pas moins mais différemment

Des options auxquelles Philippe Badin, de la Coordination rurale 47 fait écho : « On nous demande tout le temps comment arroser plus alors qu’il pleut moins ? Petite rectification, il ne pleut pas moins mais différemment. La quantité d’eau à l’année est toujours la même, elle se répartie différemment suivant les périodes. La problématique c’est celle-là, ces excès d’eau il faut savoir les stocker pour en disposer quand on en a besoin, à savoir l’été. Ça passe par la nécessité de faire des lacs ». Et de citer celui de Caussade de Pinel- Hauterive, objet de nombreuses controverses.