Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Hautes-Pyrénées – Pybex sort du cadre

Un jeune Tarbais vient de lancer Pybex, sa propre marque de vélos entièrement personnalisables. Entre innovation et passion, à 22 ans, Thibaud Fougereuse se démarque en misant sur la fabrication française.

Pybex

Thibaud Fougereuse un jeune chef d'entreprise innovant ©Lilian Cazabet

Lancer sa propre marque à tout juste 22 ans pourrait faire peur à certains mais quand il s’agit de petite reine, Thibaud Fougereuse gère le sujet comme un roi. Passionné de vélos, notamment de VTT, il vient de créer Pybex, une société qui conçoit et fabrique des modèles uniques de deux-roues. Un nom qui n’est autre que la contraction du Pyrénéan Ibex, animal légendaire des sommets, dont l’élégance et l’agilité fascinent aussi bien dans les descentes que les montées… Tout un symbole qui représente à merveille ces vélos sur-mesure qui comptent bien s’en inspirer. Installé dans le bâtiment 411 du quartier de l’Arsenal, le Tarbais peaufine les derniers détails du local et c’est ici, au cœur de la ville, que l’aventure commence pour lui.

UNE INNOVATION EN ACIER

Le site Internet est prêt à recevoir les premières commandes de vélos et Thibaud est impatient. Après de longs mois de préparation, son pro- jet est enfin une réalité et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il tient la route, autant que les vélos qu’il s’apprête à élaborer dans son atelier. Et ces fameux deux-roues ont des atouts qui parleront aux passionnés, tout d’abord la suspension qui ne sera qu’à l’avant, tant pour les vélos de route que les endurigides : « Il y a un gain de poids et une facilité d’utilisation explique le dirigeant. L’autre particularité réside dans le cadre qui est fait avec des tubes en acier, de qualité aéronautique et d’une fine épaisseur. Le premier avantage c’est la légèreté, que n’offre pas l’alu traditionnel, et ça joue aussi sur la souplesse et le confort. Ça permet, notamment sur le vélo de route, d’en faire sans avoir mal aux fesses au bout de 200 kilomètres, ce qui est fréquent quand on n’a pas de suspension à l’arrière ».

DES VÉLOS SUR-MESURE

Un confort supplémentaire qui permet à l’utilisateur de rouler plus longtemps et sans douleurs, en prenant donc plus de plaisir. Un cadre qu’il pourra choisir via le configurateur en ligne car, c’est l’atout majeur de Pybex, tous les vélos de la gamme seront personnalisables, voire même conçus sur-mesure pour les plus exigeants : « On vient prendre les mesures, un peu comme un couturier le ferait. On crée le vélo en fonction de la personne pour qu’il soit adapté à la morphologie de chacun ». Le cadre idéal pour soi donc mais également la couleur et la taille qui seront au choix tout comme les pièces d’équipement.

Notre gros atout, c’est qu’on peut proposer des vélos dans des délais assez courts

PIÈCES FRANÇAISES ET SAVOIR-FAIRE PYRÉNÉEN

S’il conçoit les vélos et fait les plans sur ordinateur, il les fabrique lui-même dans son atelier, coupe les tubes, soude et se charge de l’usinage sur toute la partie cadre, seule la peinture est sous- traitée par un professionnel tarbais : « Lorsque je reçois le cadre terminé, je réalise tout l’assemblage avec des pièces achetées auprès des fournisseurs français ». Français et ça change tout, comme il l’explique sans détour : « Avec ce qui se passe dans le monde et toutes les pénuries qu’on connaît dans le milieu du vélo, le gros atout, qu’on a, c’est qu’on peut proposer des vélos dans des délais assez courts, contrairement aux marques qui font fabriquer en Asie ». Au niveau des pièces, comme les roues ou les éléments de suspension, Pybex reste dans la même logique et compte bien favoriser les fabricants français. « L’industrie du cycle est en grosse difficulté, le problème, c’est le stock. Les délais d’approvisionnement peuvent s’étendre jusqu’à plus d’un an alors qu’en France on ne subit pas trop cette problématique. La question prix a créé la tentation d’acheter en Asie au départ. Mais mainte- nant, avec les prix qui ont augmenté, on vient concurrencer ces marques. »

Pybex

© Lilian Cazabet

UN CHEMIN TOUT TRACÉ

Un contexte qui n’est pas étranger à sa décision de se lancer en indépendant plus vite que prévu. L’idée et l’envie étaient déjà là, son parcours ne dit pas autre chose : après un DUT génie mécanique et productique obtenu à l’IUT, Thibaud poursuit sa formation avec une licence professionnelle en innovation conception et prototypage. Il commence sa carrière chez Milc Industrie, à Lannemezan : « J’avais pour projet un jour de monter ma marque de vélos, un jour… »

UN VÉLO PAR PRATIQUE

C’est désormais chose faite et s’il commence seul l ’aventure, embaucher reste un objectif, qui pourrait bien vite être atteint. À terme, Pybex ambitionne de « proposer des séries de vélos, un par pratique, dans l’esprit de la mini industrie, mais qui gardent la possibilité d’être personnalisés ». S’il est difficile de mettre en avant un prix, tant les options de personnalisation sont vastes, celui du kit cadre semi rigide s’élève à 1 200 € TTC auquel il faut ajouter l’équipement.

UNE PREMIÈRE MONDIALE

En parallèle à l’activité principale de Pybex, Thibaud Fougereuse est en train de travailler sur une autre innovation qui pourrait faire grand bruit dans le milieu des vélos de compétition : « Je développe un autre VTT avec un système de suspension arrière. Il est en train d’être breveté, c’est une première mondiale ». Difficile de la détailler sans trop en dévoiler : « Je peux juste dire que j’ai créé une nouvelle cinématique, au niveau des articulations au niveau du cadre de l’arrière du vélo… Chaque VTT avec un système de suspension arrière a des particularités et le mien en a une que n’ont pas les autres vélos du marché… ». Une petite nuance technique qui devrait parler aux compétiteurs et qui illustre bien la force novatrice du jeune Tarbais.