Couverture du journal du 05/11/2024 Le nouveau magazine

Hélioparc, technopole en mouvement

Un quatorzième hôtel d’entreprises s’apprête à sortir de terre au sein de la technopole Hélioparc, à Pau. Depuis sa création il y a 35 ans, le site ne cesse de s’agrandir avec un nouveau bâtiment construit tous les trois ans. Pour Olivier Farreng, son directeur général, cette vitalité confirme le dynamisme de l’écosystème façonné et porté par Hélioparc.

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Le nouvel hôtel d'entreprises, baptisé Marie Curie, devrait sortir de terre au premier trimestre 2024. © Camborde Architectes

La Vie Economique : Hélioparc s’étend encore un peu plus, avec la construction d’un nouveau bâtiment. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce futur hôtel d’entreprises ?

Olivier Farreng : « Le chantier sera lancé début novembre, boulevard Lucien Fabre en face du bâtiment Newton. Il s’agira d’un bâtiment en brique, un matériau noble avec une très forte performance énergétique qui demande un délai de construction plus long, en l’occurrence 16 mois de travaux. Comme tous les bâtiments d’Hélioparc, il portera le nom d’un scientifique, en l’occurrence Marie Curie. Il fera 2 400 m2, sur quatre niveaux. Le bâtiment n’est même pas construit, mais déjà 2 000 m2 sont commercialisés. D’ailleurs, nous pensons déjà au suivant : cela ne m’est jamais arrivé de me projeter si tôt. »

Le bâtiment n’est pas même pas construit mais déjà 2 000 m2 sont commercialisés.

Olivier Farreng, Hélioparc

Olivier Farreng, directeur général d’Hélioparc. © Cyril Garrabos

LVE : Quelles sont ces entreprises ayant déjà réservé leurs bureaux au sein de Marie Curie ?

O.F : « A chaque construction d’un nouveau bâtiment, nous fixons les loyers au prix du marché : ils ne sont pas destinés à des petites entreprises en cours de création qui sont, elles, logées presque gratuitement. Pour occuper des locaux neufs, je prospecte des entreprises matures, en croissance. Dans le cas de Marie Curie, les deux locataires seront Météorage et Artélia, deux entreprises déjà installées à Hélioparc et qui ont besoin de s’agrandir. Il faut que les « gros » comme ceux-ci restent à Hélioparc afin que notre modèle économique fonctionne, puisque nous vivons de leur loyer. En ce sens, nous devons leur proposer des bureaux qui accompagnent leur développement. D’ailleurs, ils ne souhaitent pas partir ! Parce qu’ici, ils continuent à bénéficier de l’écosystème favorable, de nos animations, de la proximité de l’université… Pour une entreprise, être installée à Hélioparc est une sorte de label. »

LVE : Un bâtiment pas encore construit mais déjà presque plein, un autre en réflexion… Cette extension nécessaire serait-elle le reflet de la bonne santé des entreprises hébergées à Hélioparc ?

O.F : « En effet, le taux de survie des entreprises à Hélioparc atteint les 87 % à 5 ans. J’explique ce peu de casse par plusieurs éléments. D’abord, les entreprises qui sont ici ne sont pas là par hasard. Nous les sélectionnons et elles peuvent ensuite s’installer et profiter d’une offre de services très complète. Ainsi, nous aidons les toutes petites entreprises à trouver du financement, à constituer leur équipe, à travailler leur business plan… Nous les formons également, parce que nous sommes souvent face à des jeunes ingénieurs qui ne connaissent rien au métier de dirigeant. Nous les mettons en relation avec nos partenaires, nous les aidons à trouver leurs premiers clients… : en fait, nous leur offrons toutes les clés pour réussir. Et nous faisons également un gros travail de mise en réseau et de coopération entre les gros et les petits. »

Le taux de survie des entreprises à Hélioparc atteint les 87 % à 5 ans

LVE : Hélioparc est tout aussi adapté aux start-ups qu’aux PME et aux grands groupes ?

O.F : « Sur les 170 entreprises que compte Hélioparc, aujourd’hui 35 sont en mode start-up, c’est-à-dire qu’elles ont moins de 5 ans. Nous avons également une centaine de PME, quasiment toutes nées ici. Elles ont 5, 10, 15 ou 20 ans et continuent leur développement à Hélioparc. Par ailleurs, des entreprises déjà existantes viennent également s’y installer pour profiter de notre écosystème unique en France, créé autour des géosciences (ce qui n’est pas un hasard, puisqu’à Pau se trouvent Total et tous ses sous-traitants). Nous avons ainsi créé un incubateur autour des géosciences, appelé Géostart, et nous avons favorisé la naissance d’un pôle de compétitivité il y a dix ans, nommé Avénia. Résultat, aujourd’hui, tous les acteurs du secteur sont à Hélioparc. Ensuite, nous avons également des antennes de grands groupes, à l’image de Capgemini ou encore Sopra Steria, qui sont, la plupart du temps, basées à Pau parce qu’il y a Total et Safran. De toute manière, dès que Total traite avec un nouveau sous-traitant, il lui demande de venir ouvrir des bureaux à Pau, et plus précisément à Hélioparc. »

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© Cyril Garrabos

LVE : Il y a semble-t-il un lien particulier entre Hélioparc et Total ?

O.F : « Total est en effet un membre fondateur d’Hélioparc et actionnaire, membre du conseil d’administration. Hélioparc est né d’une double volonté : celle des collectivités locales de faire naître un outil d’appui à l’innovation pour créer de nouvelles activités, de la richesse, de l’emploi, ce qui est le but de toute technopole. Et celle d’un groupe pétrolier qui à l’époque ne s’appelait pas encore Total mais Elf, qui a souhaité rendre au territoire ce qu’il avait récupéré dans les sous-sols. Pour rappel, nous étions alors dans les années 80, on réfléchissait à l’après gaz de Lacq et à la manière dont redynamiser l’activité économique. Depuis, notre technopole et Total ont toujours une relation privilégiée. Beaucoup d’entreprises d’Hélioparc ont d’ailleurs Total comme premier client et beaucoup sont référencées dans son catalogue. »

Aujourd’hui, tous les acteurs des géosciences sont à Hélioparc

LVE : Outre les géosciences, quelles sont les filières majoritairement représentées au sein d’Hélioparc ?

O.F : « Depuis quelques années, nous essayons de nous focaliser sur un segment particulier : la science de la donnée. Nous avons eu des start-ups expertes sur ce sujet, et nous avons des sociétés qui sont de très gros exploitants de la donnée. Nous avons créé toute une animation autour de cela, notamment il y a quatre ans le festival IA Pau. Il y a quatre ou cinq places fortes de l’IA en France, comme Nice, Grenoble et Toulouse, mais un territoire modeste comme Pau tire véritablement son épingle du jeu. Nous travaillons également plus particulièrement autour de l’énergie et l’environnement. A ce sujet, nous qui avons déjà un incubateur pour le numérique, un pour les géosciences, un autre plus généraliste pour les projets technologiques, nous allons créer l’année prochaine un incubateur dédié green tech, autour de la transition écologique, de la transition énergétique et de l’éco-innovation. Nous allons procéder comme pour les autres incubateurs : identifier les acteurs, créer un cluster ainsi que des outils et des animations autour de cet environnement. »

Hélioparc en chiffres

170 entreprises

20 nouvelles entreprises installées chaque année

1 600 emplois

13 hôtels d’entreprises et un en construction

30 000 m2 de bureaux

7 hectares de terrain occupé

3 M€ de budget

4,6 M€ investis pour la construction de Marie Curie

Une équipe de 14 personnes

3 incubateurs, 3 pépinières d’entreprise et 1 accélérateur