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La Côte basque impactée par le liga

Le développement d’une boue gluante dans les eaux du littoral basque fait fuir le poisson et obstrue les filets des pêcheurs. Selon Serge Larzabal, président du Comité interdépartemental des pêches maritimes et des élevages marins des Pyrénées-Atlantiques et des Landes, cette pollution menace très sérieusement les ressources des pêcheurs.

liga

Serge Lazarbal ©V.Biard

« Le poisson ne reste pas car la qualité des eaux est dégradée en raison du liga. Cela fait plus de 20 ans que l’on alerte les autorités mais depuis 2018, on constate une accélération du phénomène. Pour les pêcheurs, la baisse de rendement sur les 5 dernières années est de l’ordre de 30 % », assure Serge Larzabal. « Le liga est un mucilage marin qui se forme dans les zones de rencontre entre eaux douces et salées. Composé de micro-organismes, il s’étend à la surface de l’océan, appauvrit les ressources et colmate les filets de pêche » explique Nicolas Susperregui, docteur en biologie marine et chargé de mission auprès du Comité interdépartemental des pêches et des Pyrénées-Atlantiques et des Landes (CIDPMEM 64-40).

« Sur les 5 dernières années, les pêcheurs ont connu une baisse de rendement de 30 % »

Des eaux polluées de mars à octobre

La pollution du liga se retrouve essentiellement sur la bande littorale de la Côte basque et, plus au nord, du début de la Côte landaise. « C’est une espèce de boue entre deux eaux pour des formes jeunes, des plaques mousseuses en surface pour des formes plus vieilles. Maintenant, c’est quasiment non-stop de mars à octobre », décrit Nicolas Susperregui. Comme les algues vertes en Bretagne, la prolifération du liga résulte de l’eutrophisation des eaux causée par l’excès d’azote et de phosphate présents dans les eaux côtières. Les six stations d’épuration du littoral basque qui déversent directement leurs eaux traitées dans le milieu marin sont directement mises en cause par Serge Larzarbal. Les rejets agricoles présents en amont du fleuve Adour pourraient aussi être responsables tout comme le réchauffement climatique.

Des plaintes déposées par les professionnels et les associations

Des plaintes contre x ont été déposées auprès du procureur de la République de Bayonne par le Comité interdépartemental des pêches maritimes des Pyrénées-Atlantiques et des Landes et aussi par le Collectif des associations de défense de l’environnement du Pays basque et du sud des Landes regroupant 58 associations. En attendant d’en déterminer les causes précises et les éventuelles responsabilités, cette pollution du liga continue d’impacter directement la filière pêche du Pays basque et du sud Landes. Celle-ci est composée d’une centaine de navires dont 83 % font moins de 12 mètres et sortent à la journée près des côtes. « Des navires totalement inféodés à la bande côtière basco-landaise », déplore Serge Larzabal.

 

103 navires d’Hendaye à Mimizan

151 navires sont inscrits au quartier maritime de Bayonne qui s’étend d’Hendaye à Mimizan mais 48 de ces navires, essentiellement des fileyeurs et des palangriers, sont en réalité amarrés au Pays basque espagnol. Avec 44 navires à Saint-Jean-de-Luz/Ciboure, 17 à Capbreton dans les Landes, 25 sur l’Adour, 10 à Hendaye et 6 à Bayonne, la Côte basque rassemble la grande majorité des 103 navires de pêche professionnelle de ce quartier maritime de Bayonne. A Saint-Jean-de-Luz/Ciboure, environ 120 marins professionnels dont quelques femmes sont répertoriés. Le quartier maritime de Bayonne génère un chiffre d’affaires d’environ 120 millions d’euros en produits de pêche commercialisés par ses navires actifs.