Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Le golf de Chantaco au temps de l’agroécologie

Après des travaux d’envergure, Jean-Marie Lacoste, président du golf de Chantaco à Saint-Jean-de-Luz, développe une philosophie éco-responsable pour l’entretien du site. Anticipant une législation interdisant les produits phytosanitaires, il expérimente des méthodes biologiques et finalement plus économiques.

Jean-Marie Lacoste ©V.Biard

En reprenant la direction du golf de Chantaco en 2018, Jean-Marie Lacoste avait l’objectif de rénover le parcours érigé par René Thion de la Chaume en 1928. Dès 1930, sa fille Simone et son mari le tennisman René Lacoste (grands-parents de Jean-Marie) prirent la direction de ce parcours vallonné devenu fief de la famille Lacoste à Saint-Jean-de-Luz. En devenant président de la société de gestion du golf de Chantaco il y a 5 ans, Jean-Marie Lacoste avait annoncé un plan d’investissement de 4 millions d’euros. En août 2020, la rénovation était terminée après deux ans de travaux. Les joueurs bénéficient de nombreux trous reconfigurés, de départs refaits mais aussi de certains greens, d’un practice tout neuf, de bunkers supplémentaires, d’un chemin pour les voiturettes désormais recouvert d’enrobé.

Devenu président de la société de gestion du golf de Chantaco il y a 5 ans, Jean-Marie Lacoste avait lancé un plan d’investissement de 4 millions d’euros

Un site de 48 hectares
En plus des aménagements destinés à la pratique du golf, des travaux structurants ont été menés. Le système d’arrosage a été rénové avec notamment l’installation de 800 arroseurs, des bassins de rétention d’eau ont été aménagés, le drainage du parcours a été revu, les zones boisées aux espèces remarquables ont été entretenues, l’élégant club house à l’architecture Art déco a été rafraichi. Une fois ces travaux terminés, Jean-Marie Lacoste a pu lancer l’expérimentation d’une nouvelle gestion des 48 hectares du site dont la moitié environ est occupée par le parcours et le practice. « Avec les nouvelles contraintes pour le monde du golf, je cherchais des solutions innovantes à travers l’agroécologie » raconte-t-il.

Une approche globale de l’écosystème
Au 1er janvier 2025 l’utilisation des produits phytosanitaires sera interdite pour les terrains de sport. Terminé donc l’usage d’insecticide, fongicide ou herbicide pour l’entretien des parcours de golf. « L’objectif est de trouver un mode de gestion sans utilisation de produits phytosanitaires pour un gazon en bonne santé, qui ne tombe pas malade, qui n’est pas intéressant pour les parasites comme des champignons ou des insectes » résume Jean-Marie Lacoste. En décidant de ne plus raisonner en termes de systèmes mécanique et chimique, il a choisi de comprendre le fonctionnement du sol et des végétaux pour une approche globale de l’écosystème.

Décompacter et défeutrer
Pour un profane l’entretien d’un parcours de golf se partage entre arrosage et tonte de son gazon. C’est beaucoup plus délicat car le terrain subit une compaction et il faut aérer le sol. L’objectif est de faciliter la circulation verticale de l’eau et de limiter la présence de feutre, cette couche de matière organique se constituant naturellement à la surface du terrain. Un traitement mécanique annuel pour décompacter et défeutrer le sol s’élève à plusieurs milliers d’euros à l’hectare selon Jean-Marie Lacoste. En pulvérisant une solution fongique dégradant la lignine, il exécute dorénavant son défeutrage pour une centaine d’euros par hectare.

L’idée est de comprendre le fonctionnement du sol et des végétaux pour une approche globale de l’écosystème

Fortifier la biodiversité
Outre l’utilisation de produits biologiques vers laquelle de nombreux exploitants de golf se dirigent, Jean-Marie Lacoste se distingue par son approche globale. Comme premier résultat, Jean-Marie Lacoste a pu constater que lors de fortes pluies, l’eau ne ruisselle plus mais est absorbée par le sol ou sont justement pompé les 25 000 m3 d’eau d’arrosage annuel. « De l’eau que l’on prend dessous et que l’on remet dessus » précise-t-il. Ensuite, il a ensemencé le terrain avec des espèces différentes, réduit considérablement l’entretien des zones boisées pour y fortifier la biodiversité, désenvasé les étangs du site avec des méthodes naturelles. Le prochain objectif est de renforcer encore la biologie du sol et des plantes grâce à des méthodes naturelles. Et à noter maintenant la présence de canards sur les étangs mais aussi sur le parcours, les joueurs sont prévenus.

Chantaco en chiffres

18 trous
750 membres
2 000 euros de cotisation annuelle
10 000 green fee vendus en 2021
86 euros le green fee
20 employés par la société de gestion du golf de Chantaco
1 association indépendante gérant la partie sportive