Regarder en arrière, c’est d’abord évoquer le parcours du ministre Albert Claveille qui a donné son nom à l’établissement : cet ingénieur des Ponts et Chaussées, né à Mouleydier en 1865, a été ministre des Travaux publics et des Transports de 1917 à 1920. Mais avant cette reconnaissance de la IIIe République, il a œuvré sur les ouvrages hydroélectriques de Dordogne ; on lui doit surtout le barrage de Tuilières, près de son village natal. Pendant la guerre, il fut aussi l’un des promoteurs de l’installation de la poudrerie à Bergerac, pour éloigner du front les usines d’armement.
Le lycée d’origine, dans le quartier Saint-Georges, a déménagé dans les années 1930 rue Victor-Hugo, dans l’ancien grand séminaire élevé au XIXe dans le style néo-classique des boulevards de Périgueux.
LYCÉE GÉNÉRAL ET TECHNOLOGIQUE
L’amicale de 330 membres, présidée par Jean- Claude Brouillaud, réunit d’anciens élèves (avec des noms connus dans le paysage économique local) qui se souviennent de « l’esprit » Claveille, de l’époque où le lycée est devenu mixte, des compétitions sportives et mathématiques avec le lycée de garçons Bertran-de-Born, des bizutages… De quoi souder les anciens de « La Prof » comme on désignait alors ce lycée professionnel d’un niveau relevé : un regard sur une copie de 4e donne des sueurs froides aux meilleurs élèves du moment.
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Le sociologue François Dubet, ex-directeur d’études à l’EHESS puis professeur à Bordeaux II, est passé par Claveille, et bien d’autres anciens ont aussi tracé leur route hors carrières technique et mathématique. L’ami- cale se tourne plus volontiers vers l’avenir que vers les souvenirs, ses membres ouvrent leur carnet d’adresses pour aider des jeunes à trouver des stages ou des hébergements ; et leur portefeuille pour soutenir l’achat de matériel, l’organisation de voyages ou la caisse de solidarité aux élèves en difficulté.
INGÉNIERIE INDUSTRIELLE ET AUTOMOBILE
Le lycée d’aujourd’hui, c’est Philippe Loseille, directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques, qui en parle avec enthousiasme en faisant visiter les ateliers. Un éventail d’une soixantaine de métiers s’ouvre aux jeunes scolarisés à Claveille, avec des bacs technologiques très courus comme Sciences et technologies du design et des arts appliqués ou Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable, et un bon niveau au bac général dans les spécialités scientifiques, qui ouvrent la voie aux classes prépa aux grandes écoles.
La maintenance des véhicules et motos est une importante spécialité de Claveille, avec 150 élèves en Bac pro et 60 en BTS.
La maintenance des véhicules et motos est une importante spécialité de Claveille, avec 150 élèves en Bac pro (pour travailler en atelier) et 60 en BTS (pour devenir chef d’équipe). Dans l’immense garage, où on se spécialise aussi dans la motorisation toutes énergies, les compétences glissent progressivement vers les modèles électriques. Un partenariat avec des casses automobiles permet de travailler toutes sortes de modèles, et c’est grâce à Stellantis que l’atelier bénéficie du don de véhicules Citroën et de l’accueil de jeunes en stages.
FORTE ATTENTE DANS L’AGROALIMENTAIRE LOCAL
Le BTS Conception des Processus de Réalisation de Produits (commandes numériques) est un passeport dans le domaine de l’usinage et du contrôle des pièces mécaniques de l’aéronautique, l’automobile, le médical… Les jeunes abordent le dessin 3D, le choix de stratégie d’usinage pour améliorer la coupe, et toutes attentes sur de petites ou grandes séries en tournage-fraisage.
Philippe Loseille, directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques du lycée Claveille ©SBT
Le BTS Électro Technique (électricité, automatisme et informatique industrielle) n’accueille que 17 étudiants pour une capacité de 30 alors que des entreprises de l’agroalimentaire comme Fromarsac, Mademoiselle Dessert ou Saint-Michel sont ultra-preneuses de ce type de compétences pour la maintenance de leurs machines automatisées. On trouve ici un matériel comparable à ceux utilisés dans la plupart des lignes de production, pour assurer la programmation et travailler à l’optimisation du processus.
Le BTS Architectures en Métal Conception et Réalisation, accessible aussi en alternance depuis 5 ans, rencontre l’intérêt de sociétés de construction métal comme Barconnière, à Nontron. Les étudiants apprennent ici l’approche du métier dans son intégralité, du bureau d’études au chargé d’affaires.
Toutes ces filières recrutent, de l’aéronautique au nucléaire en passant par l’automobile et la domotique : ces profils sont très attendus à la sortie, à commencer par des entreprises locales du bâtiment, de l’automobile ou de l’électrotechnique industrielle.
