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Mayam : objectif Vrac

Grâce à une levée de fonds de 443 000 euros, la société Mayam dirigée par Sébastien Leflond compte déployer sa solution numérique d’achat en vrac. Mayam cible 10 000 supermarchés dont 20 % de la surface de vente devront être consacrés aux produits en vrac d’ici 2030.

© V. Biard – La Vie Économique

Installée à Saint-Jean-de-Luz, la société Mayam a développé une solution numérique basée sur un QR Code identifiant chaque contenant utilisé par les consommateurs pour emballer leurs produits achetés en vrac. Une fois pesé sur une balance spécifique, le contenant est identifié par une étiquette QR Code qui mémorise son poids à vide pour le soustraire de la pesée. Le consommateur remplit son contenant du produit choisi, le pèse à nouveau et y appose l’étiquette code-barres permettant le règlement du produit en vrac en caisse. La finalité de la solution Mayam est de diminuer la consommation d’emballages superflus, inutiles et néfastes pour l’environnement. Selon l’argumentaire de Mayam, sur 100 euros d’achats, 15 sont consacrés au coût des emballages à usage unique. En achetant en vrac, le consommateur bénéficie d’un meilleur tarif, à nuancer néanmoins selon le type de point de vente et de produits.

Les infos des marques en digital

En plus de faciliter l’achat en vrac et le réemploi des contenants, la solution Mayam diffuse des informations sur les produits. Toujours sans télécharger d’application spécifique et en se basant sur la lecture de l’étiquette QR Code d’un produit via son smartphone, Mayam communique la provenance, la composition, la date de péremption, les conseils de préparation ou le Nutri-Score du produit. L’équipe de Mayam récupère ces informations auprès des fournisseurs et des marques. Il s’agit simplement d’une retranscription de ce qui est publié sur les emballages des produits mais présentée en digital via un smartphone, ces informations sont davantage lisibles et attractives. Pour les marques, c’est à considérer comme un nouvel espace de relation avec les consommateurs.

Quinze supermarchés déjà équipés

Une quinzaine de supermarchés des enseignes Carrefour, Auchan, Leclerc, Intermarché et Biocoop sont déjà équipés de cette solution. « Mayam se déploie en deux temps avec d’abord les QR Codes d’informations sur les produits puis la mise en place de bornes spécifiques ou de balances pour peser et scanner les contenants de produits en vrac », explique Sébastien Leflond, dirigeant de la société. Créée en 2017 sous le nom de Vracoop avec l’agrément « entreprise solidaire d’utilité sociale », la société a d’abord produit des silos de distribution d’aliments en vrac et des systèmes d’encaissement adoptés par environ 200 épiceries bios. Depuis un an et demi, l’activité de l’équipe des cinq salariés de Mayam est entièrement dédiée à la solution numérique.

© V. Biard – La Vie Économique

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Une TPE devenue start-up

En plus du service client basé sur les scans de QR Code et des systèmes de pesée associés, Mayam propose aux magasins une application métier pour leurs rayons : gestion de stocks, suivi des dates limites, génération de données, etc. Il y a deux ans, la solution Mayam a été l’une des cinq start-ups lauréates du « Bulk Challenge » un appel à projet lancé par le groupe Carrefour pour « renouveler l’expérience du rayon vrac en magasin ». Les expérimentations menées dans l’hypermarché de Montesson (78) et le supermarché Market de Boulogne-Billancourt (92) ont validé le concept et ont conforté l’équipe dans son ambition de développement. « Nous étions une TPE à 500 000 euros de chiffre d’affaires et nous sommes devenus une start-up ! Le but de la levée de fonds est de déployer notre solution mais aussi de garder notre avance », résume Sébastien Leflond à propos du tour de table de 443 000 euros réalisé mi-avril.

Simplicité et traçabilité

L’avantage de la solution proposée par Mayam est d’être parfaitement adaptée aux évolutions des supermarchés induites par les lois AGEC (antigaspillage pour une économie circulaire) et « Climat et résilience ». Au 1er janvier 2030, 20 % de la surface de vente des commerces de détail de plus de 400 m2 devront être dédiés aux produits sans emballage et notamment en vrac. « Nous ciblons 10 000 magasins en France avec notre solution, avance Sébastien Lefond. Nous proposons un outil simple et en interaction avec les marques, les équipementiers industriels, les distributeurs et les consommateurs. Nos six années d’expérience nous confèrent une expertise », assure-t-il. En fournissant un outil commun aux acteurs de la GMS proposant en plus aux consommateurs une traçabilité rassurante, Mayam entend remplir sa mission.

Un marché en baisse

Selon les estimations de l’association Réseau vrac & réemploi, le chiffre d’affaires des produits non conditionnés s’élèverait à 795 millions d’euros en France, en 2023, tous circuits confondus. Les ventes n’auraient toujours pas retrouvé leur niveau d’avant la crise sanitaire dont le chiffre était estimé à 1,2 milliard d’euros en 2019. Une enquête de l’institut Nielsen IQ de mai 2023 évalue à près de deux millions le nombre d’acheteurs réguliers de vrac.