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Mes Halles : le marché digital arrive

Julien Camy et Hugo Fernandez ont lancé la 1ere plateforme de click&collect à destination des commerçants des halles. Une digitalisation des sites traditionnels qui a déjà séduit celui de Bayonne.

Julien Camy et Hugo Fernandez, fondateurs de l'application Mes Halles. Tarbes

Julien Camy et Hugo Fernandez, fondateurs de l'application Mes Halles © LilianCazabet-VieEconomique

La valeur n’a jamais attendu le nombre des années, pourquoi l’envie d’entreprendre le ferait-elle ? Hugo Fernandez et Julien Camy ne se sont même pas posé la question. Leur projet était clair, sa mise en œuvre une évidence et à 21 et 22 ans, ils sont respectivement directeur général et PGD de la SAS SDSI qui développe Mes Halles : « On l’a créée en mars 2021 et on était encore plus jeunes », souligne Julien Camy en souriant.  Avec son binôme, il est à l’origine de de la première plateforme de click&collect spécialement dédiée aux halles et aux commerçants qui les font vivre. Après une année de test grandeur nature et d’affinage, Mes Halles est optimale et le binôme prêt à en équiper les 300 marchés couverts de France… En tous cas, c’est leur souhait : « On a fini toutes les modifications, notre objectif c’est maintenant de lancer entre dix et vingt halles du grand Sud-ouest d’ici fin 2024 ».  

LES ETALS MIS EN LIGNE 

Fondé sur celui des drives, le principe de Mes Halles se différencie des autres plateformes tant par les sites ciblés que la philosophie qui l’entoure. Une vitrine virtuelle qui se veut l’alliée des produits locaux, du circuit-court et de la gastronomie qui forme l’identité des régions était une évidence : « Ce sont des endroits que nous fréquentons, en plein essor, donc c’est vrai que ça nous a paru logique de développer un système uniquement pour les marchés, explique le directeur général. Le but est simple, on démarche les commerçants installés aux halles, on crée une plateforme qui met en ligne leur étal. Ils gèrent les produits et les prix, en étant spécialisé, l’avantage c’est de pouvoir faire quelque chose qui correspond à 100 % à leurs besoins ».  

GAIN DE TEMPS ET LIEN PRESERVE 

D’un point de vue clients, après une identification et le choix de la halle, tous les commerçants installés apparaissent et il leur suffit de remplir leur panier, virtuel pour une fois : « C’est un panier global, réglé en ligne. Le client fixe le jour et l’heure de retrait, les commerçants reçoivent un sms qui les informe de cette nouvelle commande et n’ont plus qu’à la préparer ». Et pour préserver le côté convivial du marché, les retraits ne se font pas sur un seul point mais bien à chaque étal. Une volonté des concepteurs qui souhaitaient absolument conserver ce lien comme l’explique Julien Camy : « Les halles c’est toujours un endroit chaleureux, on amène la facilité du digital mais on garde le plaisir de discuter avec les producteurs. Si le client est pressé ça va très vite vu que c’est déjà prêt et payé, c’est selon l’envie ». Le gain de temps est concret grâce à une petite borne qui évite à l’acheteur de devoir rejoindre la file d’attente : « La personne se présente devant, le commerçant sait que c’est un achat Mes Halles » ajoute Hugo Fernandez. 

Ce sont des ventes additionnelles sur des clients qui existent déjà mais aussi des plus jeunes  

PREMIERE HALLE A BAYONNE 

Si ses deux fondateurs sont originaires des Hautes-Pyrénées et la société installée à Juillan, c’est pourtant à Bayonne que la première halle a été digitalisée : « C’était plus simple pour nous d’un point de vue pratique, c’est là où je faisais mes études et j’avais plus de temps que Julien qui était entre Juillan et son école de Marseille » précise Hugo Fernandez.  Poissonniers, volaillers, restaurants, crèmeries et épiceries fines : le magnifique marché couvert du Pays Basque et ses producteurs ont servi de pionnier et de test. Des photos aux présentations vidéo, le duo a fait le choix de s’occuper lui-même de tout, épaulé par deux alternants qui s’occupent du site internet et de l’activité de Community manager. Une prise en charge globale dont le but est d’apporter un vrai bonus aux commerçants : « Pour eux, ce ne sont que des ventes additionnelles sur une clientèle qu’ils ont déjà mais aussi une plus jeune qu’on essaye de toucher via les réseaux sociaux » souligne Hugo Fernandez. 

TARBES ET TOULOUSE DANS LE VISEUR 

Le binôme a rencontré cette semaine les commerçants de la Halle Brauhauban de Tarbes et le premier contact s’est visiblement « bien passé » selon le directeur général : « On devrait pouvoir la lancer avant Noël. Il y a 32 étals, on ne peut pas tous les convaincre mais on vise les 80 %, on sait qu’à terme ils verront l’impact, c’est ce qui s’est passé à Bayonne ». Si certains sont déjà digitalisé via Uber Eat, les fondateurs de Mes Halles n’y voient pas de concurrence mais plutôt un atout : « Ça veut dire qu’ils sont familiers du principe et qu’ils connaissent le bénéfice des ventes en lignes. Dans certaines petites villes où c’est moins fréquent, il va falloir qu’on arrive à montrer que cette digitalisation qu’on apporte peut faire un joli mariage avec tout le côté traditionnel » objecte Julien Camy. Les Halles de la Cartoucherie de Toulouse se profilent comme une prochaine étape logique : « Elles sont très dynamiques et c’est un modèle où notre solution pourrait marcher tout de suite » conclue le duo d’entrepreneurs dont l’un finit les phrases de l’autre. Une équipe qui matche assurément, dont les destins se sont croisés au hasard des formations en écoles de commerce : « Être à deux c’est tout de même rassurant pour un premier projet » conclue le PDG.