Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Notation de produits – Les Laboratoires de Biarritz contre-attaquent

S’estimant injustement dévalorisés par Yuka, leader des applications de notation de produits, les Laboratoires de Biarritz demandent que l’algorithme de Yuka s’appuie sur des analyses scientifiques probantes de protections solaires. 

Laboratoires de Biarritz

©Laboratoires de Biarritz

En France l’application Yuka compterait 6 millions d’utilisateurs actifs. Avec leur smartphone, ces utilisateurs scannent les code-barres de produits alimentaires ou cosmétiques pour en connaitre la composition et l’impact sur la santé. S’affichent alors les informations du produit scanné ainsi qu’une notation attribuée par l’application. La réponse est sans appel puisque 92 % des utilisateurs de Yuka reposent les produits les plus mal notés (classé en couleur rouge) rapporte un récent rapport du Sénat sur ces outils numériques d’évaluation des produits. Lancée en France en 2017, Yuka est une application gratuite disponible aujourd’hui dans une dizaine de pays. Téléchargée 26 millions de fois dont 16 millions en France, Yuka tire la moitié de ses ressources d’une version payante à 15 euros par an. D’autres applications similaires sont disponibles avec un même esprit vertueux d’information des consommateurs mais avec aussi l’objectif avoué d’influencer les industriels vers des produits plus sains.

Des applications vertueuses visent aussi à influencer les industriels

Les nanoparticules en question
Pour la marque Laboratoires de Biarritz (35 employés sur la Côte basque) qui fabrique et commercialise des produits cosmétiques certifiés bio, les notations de Yuka étaient largement positives jusqu’au 1er janvier 2022. A cette date la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a imposé de modifier les informations de composition affichées sur les crèmes de protection solaire. Désormais la mention « nano » comme « nanoparticules » est indiquée en raison de l’utilisation de filtres minéraux que sont le dioxyde de titane et l’oxyde de zinc. Résultat immédiat : l’application Yuka classe les crèmes de protection solaire des Laboratoires de Biarritz comme cancérigènes en raison de ces nanoparticules. « Nous n’avons pourtant pas changé la formule de nos protections solaires. Plusieurs études scientifiques ont montré que les particules restent à la surface de la peau et ne présentent aucune toxicité », argumente Agnès Castelli, responsable de la communication scientifique des Laboratoires de Biarritz.

Les sociétés françaises de cosmétiques bio se sont regroupées pour faire entendre leurs voix

Une notation préjudiciable
Ventes en forte baisse et image de marque dévalorisée : les conséquences de la notation de Yuka sont dommageables comme le redoutaient l’équipe des Laboratoires de Biarritz. « Fin 2021, il y a eu des tentatives de prises de contact avec Yuka pour leur expliquer le sujet des nano et notamment les nouvelles contraintes d’étiquetages », raconte Stéphanie Eyherabide, directrice des opérations des Laboratoires de Biarritz. Mais les demandes de dialogues se concluent immanquablement par des réponses standardisées de Yuka qui persiste dans des principes de notation regrette-t-elle. Également contactés, les responsables de l’application similaire INCI Beauty n’ont pas déclassé les produits des Laboratoires de Biarritz et ont même publié une note explicative sur les nanoparticules. Avec d’autres marques de cosmétiques regroupées au sein d’un collectif, les Laboratoires de Biarritz alertent les médias. « Cette note est le résultat d’une analyse partielle. En tant que marque française responsable et éthique, nous respectons la législation et les contraintes liées à notre certification bio » explique Stéphanie Eyherabide qui indique que seuls les produits français sont concernés par ce nouvel étiquetage.

Les applications comme Yuka pointées par le Sénat
Bien que reconnues comme vertueuses, l’application Yuka et ses consœurs ont fait l’objet d’un rapport d’information publié par le Sénat le 29 juin dernier.  Intitulé « Les applications d’évaluation des produits : un impact positif et croissant qui doit s’accompagner en retour d’une responsabilisation accrue » ce rapport interroge sur leur bien-fondé et pointe leurs insuffisances. « En raison de leurs faibles moyens humains (11 employés pour Yuka, 7 pour Open Food Facts) et financiers […] ces outils d’évaluation ne peuvent se substituer à une politique de protection des consommateurs ambitieuse ; ils en constituent toutefois un complément utile. » indique le rapport. De quoi légitimer un peu plus les demandes des Laboratoires de Biarritz.

 

Les influenceurs dans le collimateur de la DGCCRF

La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a mené des contrôles depuis 2021 auprès d’une soixantaine d’agences et d’influenceurs actifs dans la promotion de produits ou services. 60% des influenceurs de ces influenceurs ne respectaient pas la réglementation sur la publicité et les droits des consommateurs selon la DGCCRF qui annonce intensifier ses contrôles durant les prochains mois.