La Vie Économique : En 2021, Total est devenu TotalEnergies afin d’ancrer sa transition vers les énergies renouvelables. Comment le groupe compte-t-il y parvenir ?
Jean-Paul Riquet : Notre stratégie de transition est d’être un multi-énergéticien, engagé vers la neutralité carbone à horizon 2050, avec l’ambition d’intégrer le top 5 mondial des producteurs d’électricité renouvelable. Il y a une réelle nécessité de passer d’un système énergétique fortement fossile à un système énergétique décarboné, face à l’urgence climatique et alors que la demande en énergies ne cesse de croître. TotalEnergies produit, de fait, toutes les énergies excepté l’électricité nucléaire, avec un objectif net zéro comme le stipulent les accords de Paris. Par ailleurs, c’est une ambition collective : cette transition est menée avec l’ensemble des parties prenantes (collectivités locales, habitants, organisations non gouvernementales…).
LVE : L’approche territoriale de TotalEnergies s’inscrit dans ce « travailler ensemble » ?
J.-P. R. : Installer des bornes électriques, construire des centrales photovoltaïques, poser des éoliennes, distribuer des carburants d’aviation durables et des biocarburants…, cela se passe dans les territoires. Ainsi, TotalEnergies, pour porter et marquer sa stratégie de transition, pour faire comprendre qu’il ne s’agit pas seulement d’un changement de nom, a constitué la Direction France en 2021 et nommé des directeurs en région.
L’ambition, à 2050, est que 75 % du mix énergétique produit de TotalEnergies soit décarboné.
LVE : Cette stratégie verte signifie-t-elle que TotalEnergies délaisse le pétrole au bénéfice des énergies bas-carbone ?
J.-P. R. : On constate une bascule importante : il y a quelques années, le mix énergétique de TotalEnergies était composé à 65 % de pétrole contre 48 % aujourd’hui. L’ambition, à 2050, est que 75 % de notre mix énergétique soit décarboné, composé à 50 % d’électricité renouvelable et à 25 % de molécules bas carbone. Les 25 % restants représenteront des énergies fossiles parce que nous estimons que nous aurons toujours des besoins résiduels, essentiellement du gaz qui émet deux fois moins d’effet de serre que le charbon et que nous considérons comme une énergie de transition. Quant aux émissions résiduelles, pour parvenir au net zéro, nous devons nous attacher à développer et utiliser toutes les techniques de Carbon Capture, Utilisation and Storage.
LVE : 2050 est une échéance à moyen voire court terme. Comment TotalEnergies se donne-t-elle les moyens de ses ambitions ?
J.-P. R. : En 2024, TotalEnergies a consacré un tiers de ses capex, soit environ 5 milliards de dollars dans la transition énergétique : 4 milliards dans le renouvelable et 1 milliard dans les molécules bas carbone. Par ailleurs, 65 % du budget R&D de la Compagnie concerne les sujets de la transition énergétique. Nous sommes également le premier investisseur français dans le monde sur le sujet, et premier développeur solaire mondial en 2023 (hors Chine, selon l’étude Mercom). Autant de marqueurs qui montrent que TotalEnergies agit afin de transformer, d’ici 25 ans, un système jusqu’ici optimisé sur la base de produits fossiles.
LVE : Nous avons évoqué l’ambition du groupe à l’échelle globale. Parlons Nouvelle-Aquitaine et en premier lieu du réseau de stations-service, son métier historique. Comment adapter ce dernier ?
J.-P. R. : Les stations-s…