Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Odia : l’info dans les oreilles

Fondée par Ekaterina Balnikov, accompagnée de Luc Julia, co-créateur de l’assistant vocal Siri, Odia a développé un outil permettant de transformer des articles de presse en contenus audios. Depuis sa création en 2020, la start-up toulousaine a noué de nombreux partenariats pour multiplier les usages de sa technologie.

Odia, Ekaterina Balnikov, Toulouse

Ekaterina Balnikov, cofondatrice et CEO d’Odia © Lilian Cazabet - La Vie Économique

« Bien informés, les hommes sont des citoyens ; mal informés, ils deviennent des sujets ». La fondatrice de la société Odia, Ekaterina Balnikov, aime à citer l’économiste et démographe français mort en 1990 Alfred Sauvy. Et la quadragénaire sait de quoi elle parle. « Je suis née en Bulgarie, d’une mère professeur de français qui n’avait pas l’autorisation de faire lire des articles de presse français à ses élèves. » Installée en France depuis ses 10 ans, Ekaterina Balnikov a développé une passion pour l’information, rendue difficile parfois par manque de temps. « J’ai toujours été abonnée à de nombreux magazines, mais je n’avais jamais le temps de les lire en entier. Souvent, dans les transports, je me disais : si seulement je pouvais écouter les articles qui m’intéressent ! ». L’idée d’Odia était née : créer une plateforme capable de transformer les articles de presse en podcasts.

Le concepteur de Siri en associé

Après 12 ans d’expérience dans la communication dans la région toulousaine, Ekaterina Balnikov décide de donner vie à son idée. « Un jour, je tombe sur un article du Monde qui parlait de Luc Julia, l’un des concepteurs de l’assistant vocal d’Apple : Siri. Et j’ai découvert qu’il était toulousain ». La jeune femme contacte l’ingénieur informaticien alors en charge de l’innovation chez Samsung, aux États-Unis. « J’ai trouvé une adresse mail sur Internet. J’ai écrit, et il m’a répondu ! ». Après quelques échanges en visio, le ponte de l’intelligence artificielle est convaincu : il accompagnera Ekaterina Balnikov dans son projet entrepreneurial. Odia naît en avril 2020, en plein Covid. Accompagnée de deux autres cofondateurs, Mathieu Capcarrère (spécialiste de la gestion financière passé par M6, Sony Music, ou les éditions Milan) et Philippe Jannet (ex-PDG du Monde.fr, fondateur et ex-DG des Echos.fr), celle qui dans le même temps devient maman, réussit son pari.

Partenariat avec l’éditeur Swyp

Odia a développé une solution permettant de convertir les articles de presse en contenus audios lus par des voix de synthèses neuronales multilingues. « Chaque article prend vie avec des intonations authentiques et des émotions adaptées au registre du contenu ». La solution convainc plusieurs médias tels que Challenges ou Sciences et Avenir, avant d’attirer l’attention des CMS spécialisés dans l’éditorial. « Nous avons conclu un partenariat avec Swyp, le leader français des système éditoriaux pour la presse, qui a intégré notre solution dans son offre », se félicite la dirigeante.

L’audio dans les transports

En parallèle, Odia avance sur d’autres axes de développement, notamment celui de l’automobile. « On s’est toujours dit que ce serait formidable de pouvoir écouter des articles de presse en voiture ». Coïncidence heureuse : en 2021, Luc Julia devient directeur scientifique du groupe Renault, qui semble intéressé par l’idée de proposer un outil d’écoute de contenus médias dans ses véhicules. Et l’affaire est en bon chemin puisque Odia a signé fin octobre un partenariat avec Cerence, qui propose un système permettant d’écouter des contenus médias en voiture. « Nous avons présenté notre solution à Renault et au constructeur automobile Stellantis ».

Enfin, Odia propose une solution d’audiomobilité qu’elle a fait tester en juin dernier à Jean-Michel Lattes, président de Tisséo Collectivités, l’autorité organisatrice des mobilités de la grande agglomération toulousaine. Odia propose un système GPS audio qui réunit tous les transports de l’agglomération – métro, bus, tramway – et indique oralement à l’usager comment se rendre d’un point A à un point B, étape par étape, en temps réel. « Il reste quelques freins, mais Jean-Michel Lattes est très intéressé par l’idée », explique Ekaterina Balnikov. Odia discute également avec d’autres acteurs de la mobilité. « Nous aimerions déployer notre solution pour les JO de 2024 ».

Je veux faire d’Odia le Spotify de la presse

Une levée de fonds en perspective

Pour mener ses multiples projets, l’entreprise de huit salariés va devoir lever des fonds. « Nous avions obtenu en 2020 une subvention de 50 000 euros d’Airbus développement, puis nous avons levé 500 000 euros auprès de Coris Capital en 2021. Une levée d’1,5 à 3 millions d’euros est envisagée dans les 18 prochains mois », confie la dirigeante. De quoi permettre à Ekaterina Balnikov de lancer la solution dont elle rêve depuis toujours : « Je veux faire d’Odia le Spotify de la presse ». Le concept ? Ouvrir une plateforme, où chaque utilisateur abonné pourrait créer ses propres playlists selon ces centres d’intérêt.