Des centaines de milliers de visiteurs affluent au plus grand festival de jeux en plein air d’Europe qui bat son plein à Parthenay, dans les Deux-Sèvres, jusqu’au 21 juillet. Un événement incontournable pour les ludophiles, comme pour les concepteurs de jeux de société. Parmi eux, Christophe Fievet et Miguel Witter, fondateurs de la SAS Oka Luda Éditions, née en 2017 dans le Périgord vert, à Clermont-d’Excideuil. Ces passionnés de jeux de société ont transformé leur loisir en métier, et multiplient les créations. La nouveauté 2024, c’est « Facteur souris », un jeu pour enfant attendu en septembre, réalisé en partenariat avec Casterman, qui édite la bande dessinée du même nom. Cette dernière était à la recherche d’un jeu pour compléter l’œuvre – véritable best-seller international – qui soit dans le même univers. Coup de chance, Christophe Fievet avait dans ses valises une proposition de jeu d’un auteur avec lequel il avait déjà travaillé et qui cochait toutes les cases. Un partenariat qui peut rapporter gros puisque « Casterman a une quinzaine d’univers pour lesquels ils veulent développer des jeux, rapporte le président de la SAS. Alors, dès que je rencontre un auteur, je pense à leurs livres pour savoir si ça peut coller ».
Quatre jeux pour 2025
Entre le développement d’un jeu, qui prend au moins un an, et sa production six mois, les deux associés vivent avec près de deux ans d’avance, et courent après le temps. Les quatre nouveautés 2025 sont d’ores et déjà prêtes à partir à l’usine. Grand changement pour les connaisseurs d’Oka Luda, l’un de ses jeux best-seller, « Kami », va devenir « Duke », plus facile jouable et plus lisible. Adieu le design japonais, pas toujours facile à comprendre et peu vendable à l’export, et bonjour les cartes à chiffres. Un autre jeu de cartes, « Queen », où l’on se trouve plongé dans les jeux d’influence de la cour de Marie-Antoinette, « l’une des plus meurtrières de France », souligne l’éditeur, est prêt. « Origine », un jeu collaboratif de déduction est aussi attendu, ainsi que « Dans la cour d’école », pour les enfants dès six ans, où le joueur devra recréer une farandole d’étoiles.
La nouveauté de 2024 c’est « Facteur souris », un jeu pour enfant attendu en septembre, réalisé en partenariat avec Casterman
De l’export de l’Allemagne au Pérou
« Duke », Christophe Fievet espère en faire un véritable succès, et brigue pourquoi pas, l’As d’or au festival de Cannes, véritable référence dans le monde des jeux de société. Pour l’entreprise aux 250 000 euros de chiffre d’affaires et qui a déjà édité 14 jeux, ses plus gros succès sont « Poule Poule », tiré à 7 000 exemplaires par an, « Kami », à 4 000 par an et « Doudou » à 3 000 par an. En six ans, plus de 150 000 jeux estampillés Oka Luda ont été distribués. Certains se sont même exportés. « Poule Poule » est allée jusqu’en Russie, en Allemagne, en Chine, au Pérou ou encore en Pologne. Dans ces cas-là Oka Luda peut vendre les droits de son jeu dans un autre pays, et est rémunéré à la production (comme la Russie ou la Chine), ou travailler avec un éditeur du pays en question, qui élabore le fichier du jeu traduit, qu’Oka Luda va ensuite produire (comme pour l’Allemagne, le Pérou, l’Espagne ou l’Italie).

© Loïc Mazalrey – La Vie Économique
Dans 300 boutiques spécialisées en France
« L’export est un manque dans le chiffre d’affaires depuis le Covid, c’est ce qu’on veut absolument développer cette année », note Christophe Fievet. Pour cela, l’associé part en octobre à Essen en Allemagne pour l’« Internationale Spieltage », qui avait déjà permis aux jeux d’Oka Luda de s’exporter en 2019. À terme, les associés aimeraient passer le cap symbolique des 300 000 euros de chiffre d’affaires afin de pouvoir mieux se structurer et déléguer la partie commerciale, qui demande du temps, pour ces passionnés qui préfèrent se concentrer sur les jeux. Ceux déjà édités sont distribués dans des grandes surfaces spécialisées (comme Cultura, Fnac…) et dans des boutiques spécialisées, au moins 300 des 500 que compte l’hexagone.
L’entreprise en quelques mots
Oka Luda signifie « oie » en portugais et « folle » en bosniaque. L’oie a été choisie pour représenter l’entreprise en tant qu’emblème du Périgord. Forte de deux associés et une salariée, la SAS réalise 250 000 euros de chiffre d’affaires et édite environ trois jeux par an, un investissement de 36 000 euros par jeu en moyenne.