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Pays basque : l’aéronautique retrouve ses cadences

Réunie à Biarritz le 12 juillet pour son assemblée générale, l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Adour Atlantique se prépare à monter en cadence. Selon Thierry Haure-Mirande, son président, l’activité du secteur aéronautique revient à son niveau d’avant la pandémie.

Aéronautique

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L’UIMM Adour Atlantique regroupe les industries de la métallurgie des Pyrénées-Atlantiques (64) et du canton du Seignanx (40). Cette chambre syndicale professionnelle représente un secteur économique de 632 entreprises et 16 087 salariés. « 70 % des membres de l’UIMM Adour Atlantique travaillent dans le secteur aéronautique », précise Thierry Haure-Mirande, PDG du groupe palois Aéroprotec employant 130 personnes à Pau et comptant des filiales en France et en Tunisie. Dans le département des Pyrénées-Atlantiques, les leaders mondiaux comme Safran et Dassault et les nombreux sous-traitants comme le groupe basque Lauak ont vécu une période ardue avec les conséquences de la crise sanitaire. Baisse d’activité, annulations de commandes, licenciements, réductions d’effectifs, l’année 2020 et une partie de l’année 2021 ont été difficiles mais l’activité a enfin repris d’après les industriels de l’UIMM Adour Atlantique.

L’INDICATEUR AIRBUS AU NIVEAU DE 2019

« L’aéronautique va mieux et repart fort. Nous avions senti l’été dernier que cela redémarrait mais c’est depuis le début de l’année que les cadences repartent et les prévisionnels que l’on nous fournit régulièrement sont de plus en plus étoffés », confirme Stéphane Azcue, dirigeant de Tekniaero à Bayonne, présent à l’assemblée générale de l’UIMM Adour Atlantique. « On annonce de belles reprises dans le marché de l’aéronautique avec les prévisions de commandes d’Airbus. Elles sont un indicateur clé car elles génèrent des moteurs, des trains d’atterrissage et de nombreuses autres pièces. La reprise des cadences prévue pour 2023 sera autour de 63 ou 67 avions comme en 2019. Les prévisions pour 2024 confirmées par Airbus sont de 70 à 75 avions par mois. Il va donc falloir monter en cadence » complète Thierry Haure-Mirande.

UN NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Dans son éditorial du rapport d’activité 2021 de l’UIMM Adour Atlantique Thierry Haure-Mirande évoque une refonte complète du modèle économique et social de la métallurgie. « Nous avons pu prendre du recul sur nos vies, nos engagements professionnels, notre identité. C’est ce qui fait que l’entreprise se transforme et que son modèle économique change parce que le dialogue social et les attentes des gens sont différents. L’entreprise doit le comprendre et se bâtir autour de cette évolution », médite-t-il. Pour Stéphane Azcue et ses 38 salariés, la pandémie a également provoqué des changements : « La crise est arrivée trois ans après notre démarrage au moment où nous nous disions que nous allions gérer et affiner notre entreprise. Nous nous sommes donc remis en mode start-up en cherchant de nouveaux marchés dans l’aéronautique et en proposant encore plus de réactivité en sortie de crise. »

JUSQU’À 600 % DE HAUSSE DU COÛT DES MATIÈRES PREMIÈRES

Mais à peine sortie de la pandémie, la guerre en Ukraine fait subir à l’industrie métallurgique des hausses de tarifs sur les matières premières comme le titane, l’aluminium, l’approvisionnement des aciers. « Les augmentations sont de 20 à 30 % et pour d’autres secteurs comme la chimie, cela peut être de 100 à 600 % », rapporte Thierry Haure-Mirande qui évoque aussi les difficultés des ménages les plus modestes. Mais pour le président de l’UIMM Adour Atlantique, les prêts garantis par l’État (PGE) doivent être portés à dix ans en incluant les besoins en fonds de roulement (BFR) sans être obligés de passer par la case « défaillance ». Ce n’est pas encore gagné.

BIENTÔT UNE ÉCOLE DE FORMATION À PAU

L’UIMM Adour Atlantique prépare l’ouverture d’une école de production spécialisée dans la conduite d’installation de production de pièces usinées.

Cette « école de production Adour » accueillera une cinquantaine de jeunes à partir de 15 ans. L’UIMM a identifié plus de 1 300 élèves potentiels et des prévisions d’embauches de plus de 750 postes dans les 3 ans à venir sur le territoire. « Nous avons les locaux et nous attendons des subventions de la Région Nouvelle-Aquitaine qui doit s’investir dans ce programme comme l’ensemble des régions car les écoles de production sont un dispositif d’État. Une rentrée en septembre 2022 aurait été idéale mais cela ne sera pas possible alors nous visons 2023 », espère Thierry Haure-Mirande.