Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

Rosemary Baudru, l’humain avant tout

Rosemary Baudru, expert-comptable, commissaire aux comptes et expert en gestion installée à Pau et en cours d’installation à Hendaye, défend l’accompagnement au métier d’entrepreneur dans le cadre d’une démarche RSE.

Rosemary Baudru, Caulibri Conseil

Rosemary Baudru, Caulibri Conseil © Cyril Garrabos

La Vie Economique : Vous avez créé Caulibri Conseil afin qu’il soit à l’image de vos valeurs (lire encadré), tourné vers l’humain. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Rosemary Baudru : « Je voulais proposer des services spécialisés au sein de mon cabinet. J’ai ainsi souhaité développer les formations pour accompagner les entrepreneurs, en me basant sur ma propre méthode, et travailler également sur la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). Par ailleurs, je privilégie toutes les techniques et les outils qui permettent l’automatisation des tâches administratives : nous tenons à ce que le client fasse équipe avec nous, qu’il soit responsable et autonome et qu’il puisse piloter au quotidien son entreprise. Nous sommes des guides, des accompagnateurs de vie. C’est ce que je dis aux entrepreneurs en formation : il est important qu’ils sachent quelle est leur stratégie personnelle et qu’ils utilisent le professionnel pour atteindre leur état final recherché. Il s’agit avant toute chose d’aligner sa vie. »

LVE : Vous évoquez la RSE comme un axe sociétal prioritaire. Vous êtes par ailleurs labellisée Bilan carbone ?

R.B : J’ai été formée à l’Ordre des Experts Comptables, à Paris, à l’utilisation d’un outil pour pouvoir établir un bilan carbone qui se base sur neuf flux (le transport, les déplacements, les énergies, les déchets etc…). La volumétrie obtenue est ensuite convertie en quantification d’émission de CO2. Mais avant même d’évaluer ce bilan carbone, on peut aussi se pencher sur d’autres aspects comme la sobriété des dépenses ou encore la distinction entre investissements et achats éco-responsables. On peut également travailler sur les indicateurs RSE avec un prisme environnemental, humain et digital… Et par ailleurs, cela va bien au-delà du chiffre : c’est un engagement sociétal, qui demande du temps, de l’investissement et de l’envie. »

LVE : Quel regard portez-vous sur la conjoncture ?

R.B : « On voit deux phénomènes qui se rejoignent. D’abord du côté des entreprises de taille importantes (GE, ETI ou PME), on constate un phénomène de croissance externe favorable au maintien des emplois. Ensuite, en ce qui concerne les entreprises de plus petites tailles, certaines peuvent rencontrer des difficultés notamment autour de la problématique que j’ai soulevée dès le départ en créant mon cabinet : leurs dirigeants n’ont la plupart du temps pas été formés à « occuper le métier d’entrepreneur ». Chacun d’entre eux devrait connaître la méthode, même le micro-entrepreneur qui doit se saisir de sa posture et apprendre à travailler sur l’organisation, la trésorerie, la communication, le pilotage, la vente…

LVE : Vous disiez travailler au maximum de manière dématérialisée. Vous serez donc prête pour la réforme de la facturation électronique ?

R.B : « Comme dans toute transformation majeure, je peux rencontrer des difficultés mais je pense être relativement prête à gérer ce passage. Pour rappel, au 1er juillet 2024, nous devrons collecter les factures électroniques qui fonctionnent avec le principe de double format dématérialisé (PDF scellé et XML). Ces factures vont transiter par la plateforme publique, en l’occurrence Chorus, pour être collectées par l’autre entreprise. L’administration fiscale pourra ainsi consulter la data dans Chorus. Les entreprises pourront également faire appel à des plateformes privées intermédiaires, cela impliquera une démultiplication des flux digitaux et par conséquence l’émission de CO2. »

LVE : On parle beaucoup des difficultés de recrutement dans votre secteur d’activité. Y êtes-vous confrontée ?

R. B : « Toutes les entreprises y sont confrontées ! J’ai moi-même rencontré quelques difficultés lors de la période du Covid. Au sein des cabinets, il existe une autre problématique selon moi : être collaborateur d’un cabinet est un poste incroyablement riche intellectuellement, car il permet de se mouvoir auprès d’activités multiples et de déployer des compétences et aptitudes dans les domaines financiers, sociaux, juridiques, fiscaux, patrimoniaux. Cela nécessite une gymnastique d’esprit importante mais passionnante. La formation initiale est l’atout majeur des futurs collaborateurs ainsi que notre accompagnement en tant qu’expert-comptable. Nous devons transmettre toute notre connaissance et proposer de travailler avec des techniques avancées et digitalisées. Je vois aujourd’hui mon métier d’expert-comptable, commissaire aux comptes et expert en gestion comme une véritable vocation.

D’ERNST AND YOUNG À CAULIBRI CONSEIL

À 21 ans, Rosemary Baudru devient d’abord collaboratrice au service du cabinet Ernst and Young (EY), avant d’être embauchée comme responsable de la mise en place et du suivi du service contrôleuse de gestion au sein d’un promoteur immobilier national. Elle intègre ensuite un groupe d’expertise comptable et commissariat aux comptes indépendant et local. Après l’obtention de son diplôme, elle met en place sa propre stratégie, sa vision et développe « son lead d’entrepreneuse » qui lui permet aujourd’hui de « pouvoir comprendre ce que vivent les entrepreneurs ».

En 2017, Rosemary Baudru crée ainsi son cabinet, Caulibri Conseil, animé par ses propres valeurs. Elle est également engagée au Rotary du Club Pau Béarn ou encore à la délégation des Femmes Chefs d’Entreprises qu’elle a fondé dans le Béarn puis vivant également dans le Pays Basque, elle a rejoint la délégation du Pays basque.