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Tarbes-Lourdes  – Hôpital commun : une urgence

En discussion depuis 2008, le futur hôpital unique situé à Lanne connaît enfin une accélération dans sa mise en œuvre. Budget mieux défini et calendrier précis : son ouverture est programmée pour 2030.

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L'actuel hôpital de Tarbes. © Lilian Cazabet - La Vie Economique

Quand il s’agit de bâtiment, faire du neuf avec du vieux prend toute sa valeur lorsqu’il s’agit de préserver le patrimoine. Face à deux établissements de santé vieillissants, inadaptés aux besoins et inaptes à être équipés d’appareils médicaux de par leur configuration, l’évidence est loin d’être la même : raser et reconstruire s’avère le plus judicieux, économiquement et architecturalement. Les hôpitaux de Tarbes et de Lourdes vivent leurs dernières années, d’ici 2030 les deux structures seront réunies sous un lieu unique, établi à Lanne, commune intermédiaire. Ce déménagement est surtout celui de la modernisation et elle va de pair avec l’amélioration de l’offre de soins dans les Hautes-Pyrénées. Le projet est ambitieux, évidemment complexe et soulève depuis son évocation en 2008 autant de questions que d’inquiétudes, notamment sur la préservation de la proximité des urgences. Tous les scenarii ont été envisagés et l’avancement du dossier va de pair avec les comités de pilotage et les concertations. Validé en 2022, avec un budget affiné, il est enfin sur les rails et force est de constater qu’il y a urgence.

Une prise en charge actuelle incomplète

S’il fut intense, le débat autour de cet hôpital commun l’est de moins en moins dans le département. Il faut dire que les limites des prises en charge assurées par les établissements existants sont une réalité que même les plus farouches opposants ne peuvent ignorer. Acteur majeur du projet en tant que représentant de l’État, le préfet des Hautes-Pyrénées, Jean Salomon, en énumère quelques-unes et elles sont sans appel : « Aujourd’hui, c’est la seule solution pour avoir des urgences médico-judiciaires et éviter qu’à chaque suspicion de viol, il faille aller à Toulouse, à Pau pour chaque AVC, mobiliser un hélicoptère pour chaque accident grave et aller à Purpan ». Un tableau clinique auquel on peut ajouter l’absence d’urgences pédopsychiatriques et qui n’est pas sans incidences à divers niveaux, compliquant même le travail des forces de l’ordre : « Il n’y a pas d’accueil UMJ pour les personnes qui partent en garde à vue, il faut trouver à chaque fois un médecin qui veuille le faire, ça veut dire que la police attend et que pendant ce temps, elle n’est pas sur le terrain ».

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Jean Salomon, préfet des Hautes-Pyrénées, et Fabien Tuleu, sous préfet de l’arrondissement d’Argelès-Gazost © HH-LVE

Des bénéfices sur l’ensemble de l’offre de santé

Le bien-fondé de la modernisation est indéniable et la nouvelle configuration géographique, tant décriée, apporte ses fruits dans l’ensemble du département : « Pour les gens qui sont dans les vallées, quand on va à Lourdes, Tarbes ou Lanne, c’est pareil et toujours moins loin que Toulouse ou Pau ». Des arguments que le sous-préfet d’Argelès-Gazost Fabien Tuleu appuie suite aux récents aménagements de son arrondissement : « À l’échelle de la Vallée des Gaves, les impacts aujourd’hui c’est l’attractivité, le recrutement et la fidélisation des médecins des centres de santé ». Pôle central d’une vraie offre de santé territoriale, le nouvel hôpital commun à Tarbes et à Lourdes devrait favoriser un travail en réseau et en interaction avec les différentes maisons de santé qui émaillent le département mais aussi le secteur libéral dans son ensemble.

C’est un dossier qui avance bien, l’enveloppe globale (de 400 millions d’euros) ne devrait plus varier

Ouverture en 2030

Après le temps des discussions, le calendrier va enfin s’accélérer dès cette année puisque le permis de construire devrait être signé. En incluant le délai légal du recours des tiers, les travaux devraient débuter en 2026 voire 2027 : « Ils vont courir sur trois ans, avec la marche à blanc pour vérifier que tout fonctionne, cela nous mène à 2030, on essaye de tenir cet objectif », souligne Jean Salomon. Sur le volet des crédits, l’enveloppe de départ estimée, qui ne prenait en compte ni la voirie ni l’assainissement, a bénéficié d’un travail intense pour se rapprocher du coût définitif de 400 millions d’euros : « On est dans la phase de discussion avec le ministère de la Santé pour avoir un hôpital qui ne soit pas en déficit dès sa première année d’exercice et savoir comment on l’aide. C’est un dossier qui avance bien, l’enveloppe globale ne devrait plus varier, on y voit clair sur les procédures et ce qu’on va mettre dedans, sur l’acquisition et la maîtrise du foncier… ». Concernant le devenir des deux sites actuels des hôpitaux de Tarbes et Lourdes, toutes les éventualités sont permises d’après le préfet : « Il y a plein d’idées et on a du temps. Ça va de comment on accueille mieux les internes à des nouveaux logements, un pôle médical… Le site de Tarbes pourrait même accueillir le futur commissariat ou être une nouvelle source de nature pour la ville. Tout est ouvert, il faut qu’on profite de cette période pour avancer ».