Chez les Saint Martin, si la passion du vin se transmet de père en fils, il en est de même pour les caractères. L’aventure familiale de la tonnellerie a démarré avec le grand-père de François qui, dans les années 20, vendait des fûts en châtaigner pour des négociants bordelais exportant leurs vins vers l’Angleterre. Son fils, le père de François, s’est quant à lui tourné ensuite vers la fabrication de barriques au cœur de la cave de Buzet après avoir traversé la grave crise née de l’émergence et de la concurrence des cuves en béton dans les années 50. Ayant grandi au milieu des barriques, François Saint Martin ne partageait pas la vision familiale de ses aïeux et s’est donc lancé à son compte en créant une tonnellerie, en face de celle de son père, en 1992 : « L’ensemble du vignoble français venait de connaître une grande année de gel en 1991. J’ai compris à ce moment-là que pour pérenniser l’activité, il fallait la développer dans d’autres secteurs géographiques ».
Un savoir-faire mondialement reconnu
Curieux et grand voyageur, François Saint-Martin a appris le métier de tonnelier dès son plus jeune âge avant de se perfectionner en intégrant, à l’âge de 14 ans, l’école viticole de Beaune (Bourgogne) section tonnellerie. Découvrant de nouvelles méthodes pour fabriquer les barriques selon les vignobles, cabernet et merlot pour le Bordelais, pinot et chardonnay pour la Bourgogne, il crée donc son propre atelier, la Tonnellerie Saint Martin, et développe sa clientèle d’abord dans le Sud-Ouest et le Sud-Est de la France (Languedoc-Roussillon) puis vers l’Italie et d’autres pays tels que les États-Unis, l’Australie, le Chili, l’Afrique du Sud… Un développement à l’échelle mondiale (il travaille aujourd’hui avec 25 pays sur tous les continents) qui s’appuie sur la renommée du savoir-faire français, autant pour la culture du vin que pour la tonnellerie.
Secrets de fabrication
Parlant avec toujours autant de passion de son métier, le fondateur de la tonnellerie Saint Martin compare son activité à celle d’un chef cuisinier quand tous les tonneliers utilisent les mêmes bois, à 99 % du chêne, et les mêmes méthodes, ils obtiennent des résultats et goûts différents selon par exemple la provenance et l’affinage des bois, la chauffe des barriques. Il faut savoir aussi s’adapter à l’évolution des consommateurs, plus attirés aujourd’hui par des vins plus fruités que tanniques, mais surtout à un changement climatique de plus en plus dévastateur dans les vignobles du monde entier. Le dirigeant et ses commerciaux se rendent deux fois par an auprès des vignerons pour déguster les barriques : « Avec les vignerons, nous choisissons le style de bois, le mode de séchage combiné à la grosseur des fûts… Il existe des milliers de combinaisons possibles ! »
« La tonnellerie Saint Martin réalise 75 % de son activité à l’export »
Saisonnalité
La matière première, le bois, reste en affinage sur le site de la tonnellerie jusqu’à 3 ans dans un parc qui lui est entièrement dédié. À l’inverse de nombreuses entreprises, le stock de bois est la clé de la réussite en tonnellerie, le temps est un gage de qualité. Exposé aux éléments naturels (pluie, soleil, vent), le bois va s’affiner avant de fabriquer des barriques, qui seront expédiées sur tous les continents, permettant ainsi à l’atelier, où travaillent 18 salariés sur la trentaine d’employés de la tonnellerie, de fonctionner toute l’année, selon les saisons : « Là, on finit l’Amérique avant de basculer sur l’Europe jusqu’en octobre-novembre puis on enchaîne avec l’hémisphère sud », précise le dirigeant de la Tonnellerie Saint Martin.
De nouveaux marchés à découvrir
Seule tonnellerie indépendante en Lot-et-Garonne, la tonnellerie Saint Martin réalise 75 % de son activité à l’export, les 25 % restants se concentrant principalement sur les grands crus de Bordeaux et de Bourgogne. Si le chiffre d’affaires est de 8,5 millions d’euros par an, il n’est pas le reflet réel de l’activité économique de la tonnellerie, qui regarde plutôt les volumes de fûts annuels évalués aujourd’hui à 10 000 en moyenne avec un objectif de 12 000 d’ici 5 ans. « Une barrique représente environ 300 bouteilles dont le prix à l’unité va de 100 à 1 500 euros ! Nous travaillons dans le monde du luxe alors on grandit doucement avec beaucoup de prudence », confie François Saint Martin qui vise de nouveaux marchés au Japon, Brésil, Mexique… Afin de répondre à la demande croissante mondiale de vins de grande qualité, dont les destins sont intimement liés aux barriques qui les accompagnent.