Sur la chaîne d’embouteillage tournant en 2/8, le clinquement des bouteilles en verre qui s’entrechoquent est assourdissant. À Unidor, près de Bergerac, plus de 110 000 hectolitres de vins sont embouteillés chaque année. Née en 1961, la coopérative agricole est aujourd’hui l’alliance de quatre grandes coopératives périgourdines : Monbazillac, les Vignerons de Sigoulès, Alliance Aquitaine et le groupement de viticulteurs Dordogne Périgord. L’objectif de cette structure : « mutualiser les forces techniques, et la logistique, et augmenter la performance pour les coopératives », résume Jean-Marc Fontaine, directeur général d’Unidor.
L’autre activité de la coopérative, c’est la vente en vrac, créée dans les années 1970. « Chaque cave vendait son vin avec ses commerciaux. La force commerciale a été aussi mutualisée pour la vente en vrac. Les vins sont assemblés, des profils sont présentés en fonction de ce que le client demande, et on le vend en citerne à des négociants », détaille Jean-Marc Fontaine. Parmi les clients importants d’Unidor, des enseignes comme Carrefour ou Intermarché, qui possèdent leur propre site d’embouteillage. Ce marché représente 15 à 20 % de l’activité.
250 à 300 références
Cette mutualisation permet aujourd’hui à la structure d’embouteiller des vins de toutes les appellations du Bergeracois, et entre 35 % et 36 % de la production viticole de ce territoire. D’Unidor, 250 à 300 références sortent chaque année. « Ce qui est fondamental dans notre existence, c’est que la coopération force la maîtrise du sourcing. Quand on maîtrise tout ou partie d’une appellation, on a une maîtrise du prix, c’est plus simple », relève le directeur. Aujourd’hui, celui qui est aussi président de l’interprofession des vins de Bergerac-Duras souligne que les vignerons rémunérés par Unidor sont payés entre 5 et 15 % au-dessus des cours de l’interprofession. « Cela signifie que notre modèle économique peut fonctionner, même dans des moments complexes », se félicite le DG.
Cela s’inscrit dans la logique à la base de la création de la coopérative agricole qui vise à « l’amélioration constante de la rémunération des vignerons. C’est le plus important dans notre métier : on travaille pour un collectif de vignerons, et pas pour des actionnaires », martèle-t-il. Ainsi, plusieurs fois par an, il rend des comptes à un conseil d’administration composé de neuf personnes – en général les présidents et vice-présidents des coopératives membres – à qui il propose une feuille de route. Un modèle gagnant puisqu’Unidor a affiché un « chiffre d’affaires et un résultat record » en 2023.
Les vignerons rémunérés par Unidor sont payés entre 5 et 15 % au-dessus des cours de l’interprofession
La Belgique principale importatrice
L’année dernière s’est achevé le plan « Horizon Périgord 2023 », lancé en 2018, un an après l’arrivée de Jean-Marc Fontaine à la direction générale. Deux commerciaux à l’export ont été recrutés. Aujourd’hui, 23 % des vins d’Unidor sont envoyés à l’étranger. La Belgique est le premier client, suivi de l’Angleterre, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Chine… Cette année, c’est le plan « Horizon Périgord 2030 » qui a été défini. « Nous voulons un investissement commercial, le développement de marque et un travail en synergie entre les structures coopératives. Je crois en la croissance par la synergie volumétrique ou la croissance externe », détaille le directeur.
D’autres entreprises
Si Unidor compte une soixantaine de salariés et comptabilise un chiffre d’affaires de 27 millions d’euros, le groupe, lui, en compte plus de 120, puisque la coopérative possède des parts dans plusieurs entreprises. À commencer par la filiale Couleurs d’Aquitaine, une SAS dont elle possède 90 % des actions et enregistrant un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros. Composée de 15 collaborateurs, l’entreprise est avant tout dédiée au commerce, « à 90 % du Périgord, et 10 % du bordeaux », note Jean-Marc Fontaine.
Producta, quant à elle, est une SA dont Unidor a 13 % des actions qui complète l’activité de Couleurs d’Aquitaine et commercialise à 75 % du vin de Bordeaux, et pour le reste du vin du Périgord. Elle emploie 32 salariés. Enfin, Unidor est également investie dans la SARL Les Grands Chais de Saint-Laurent, davantage dédiée à la prestation de service, la fourniture de bouteilles et l’expédition de vins. Trois personnes travaillent pour cette entité générant 3 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Nous voulons un investissement commercial, le développement de marque et un travail en synergie entre les structures coopératives
Un DG du nord de la Loire
Lillois d’origine, Jean-Marc Fontaine est arrivé à la direction d’Unidor en 2017. Petit-fils d’un amateur de vin, la passion l’a aussi emporté lors de son cursus à l’école de commerce de Lille, l’Edhec, où il a suivi des cours d’œnologie. Depuis, il a effectué toute sa carrière dans le milieu en passant plus de dix ans dans la grande distribution au marketing ou à l’achat. Puis, il a passé vingt ans à la direction d’entreprises négociantes – comme Alliance Loire – de Lille à la Loire en passant par Paris.
Chiffres clefs
Unidor est l’union de quatre caves coopératives.
Ces caves représentent entre 35 et 36 % de la production bergeracoise, soit 3 600 hectares sur 9 500.
Le groupe compte environ 120 employés.
23 % de l’activité est à l’export.
Unidor enregistre 27 millions de CA en 2023.
15 millions de bouteilles sortent de la chaîne chaque année.