Ludo, 8 ans, s’entoure de ses doudous, le plus grand nombre possible, pour se protéger. Il fait beaucoup de cauchemars et a peur de s’endormir. En classe, ses notes ne sont pas assez bonnes, il se dit nul. Lili, 11 ans, ne veut plus aller au collège, les autres ne veulent pas jouer avec elle. Elle reste seule pendant les récréations, les autres se moquent d’elle. Elle est de plus en plus souvent triste.
C’est ça la vie ?
Étienne, 15 ans, ne va plus à ses entraînements de basket, il ne sort plus avec ses copains, ses notes baissent. Il vit de plus en plus dans sa chambre, il lui arrive d’y crier et de frapper le bureau où il joue aux jeux vidéo. Il est fatigué et perd le sourire. Lola, 16 ans, cache ses poignets. Elle se cache aussi pour manger et pour vomir. Elle ne supporte plus les insultes et les brimades. Max, 18 ans : « C’est ça la vie ? ».
Pourquoi un tel déni de notre société ?
La dépression chez les jeunes est un sujet complexe et plusieurs études ont montré un lien entre l’utilisation des écrans, des réseaux sociaux et la dépression. Depuis le début des années 2000, des études et des témoignages de professionnels de la santé, montrent que l’augmentation de l’utilisation des réseaux sociaux a une incidence forte sur les jeunes, enfants adolescents et jeunes adultes. Les effets en sont le cyberharcèlement, l’addiction, la dépression, l’anxiété, le sentiment de solitude, le manque de sommeil, le mal-être physique et psychique. Pourquoi un tel déni de notre société face à cette souffrance et ces signes pourtant évidents ?
« La vie en ligne n’est pas la vie, c’est même l’inverse »
Une fenêtre imaginaire sur des relations sociales
Depuis 25 ans, nous sommes passés de la télévision, des journaux et du cinéma à l’utilisation de très nombreux appareils portables accessibles à Internet. Ce qui est une représentation du monde, de ce qui s’y passe. Une fenêtre imaginaire sur des relations sociales. Actuellement, plus de 90 % des adolescents ont accès à Internet et 77 % des utilisateurs ont un compte sur les réseaux sociaux. Avoir un compte, ça semble donner une place au sein d’un groupe.
Les réseaux les plus utilisés par les jeunes de 14 à 24 ans, sont : Instagram (réseau social de partage de photos et de vidéos), cité à 19,3 % des répondants comme leur préféré ; YouTube (site web d’hébergement de vidéos) ; Tik Tok (réseau social chinois de partage de vidéo) utilisé en moyenne 38,38 heures par mois par un utilisateur actif ; Snapchat (application de discussion, partage de photo et de vidéo) ouvert 525,8 fois par mois par son utilisateur ; Pinterest (site web de réseautage social, partage de photo) ; X-ex-Twitter (réseau social de microblogage) ; Twich (service et portail de streaming vidéo en direct) et bien sûr WhatsApp (service de messagerie instantanée).
L’effet Covid
Depuis la pandémie de Covid-19 qui date de 2020, la souffrance psychique augmente chez les enfants de 11 à 17 ans. En France, un adolescent sur deux souffre de symptômes d’anxiété ou dépressifs. Selon une étude Ipsos de 2023, les adolescents déclarent passer en moyenne 6 h 48 par semaine sur un écran (hors devoirs) et 31 % sont confrontés à au moins une situation de cyberviolence sur les réseaux sociaux ou par SMS. Il n’y aucune fatalité à cette situation. Elle nécessite de créer au sein de chaque famille, de chaque groupe scolaire ou d’associations, des espaces de parole et de confiance où l’enfant ou l’adolescent ne se sent pas jugé et où l’on puisse converser. Alors seulement il lui est possible d’apporter une réponse réelle à la question : « Et toi, comment ça va ? ». Si votre enfant vit un changement de comportement, un décrochage scolaire, une fatigue ou une certaine tristesse, parlez-lui en et n’attendez pas des mois ou des années, pour consulter un professionnel. La vie en ligne n’est pas la vie, c’est même l’inverse.