Couverture du journal du 04/03/2025 Le nouveau magazine

BTP : un avenir à construire

Sébastien Labourdette, le président de la fédération du BTP Pyrénées-Atlantiques, a fait le point sur la situation économique et conjoncturelle du secteur dans le département. Un état des lieux plutôt sombre mais malgré tout teinté d’espoir.

© E.L-T - La Vie Economique

À quelques heures de l’assemblée générale de la fédération du BTP 64, ce jeudi 23 mai, son président a déroulé face à la presse l’essentiel du propos qui serait tenu l’après-midi même face aux 300 adhérents attendus. Un discours sans faux-semblant « sur un secteur qui souffre énormément », en particulier sur la construction neuve. « Sur les douze derniers mois, nous sommes à – 28 % de déclaration d’ouvertures de chantier. Et à – 50 % de construction de logements neufs depuis un an et demi », chiffre-t-il. « 2 500 logements seront produits en 2024, contre 6 000 en moyenne chaque année depuis 2010. Pourtant, nous avons un besoin croissant ». Cette baisse d’activité sur la construction neuve génère de la « précarité », chez les citoyens mais aussi chez les salariés du BTP, selon son représentant : « En 2023, nous avons réduit nos effectifs d’environ 500 personnes. Sur les trois premiers mois de 2024, nous avons encore perdu 250 salariés. Si nous continuons comme cela, nous pouvons craindre de perdre 1 000 emplois cette année ».

Un manque de moyens

Pour Sébastien Labourdette, les objectifs du gouvernement sur le logement et la santé mais également sur la transition énergétique des bâtiments sont ambitieux, et pourtant dit-il, « on ne se donne pas les moyens de ces ambitions ». Et de citer la réduction de l’enveloppe dédiée à MaPrimeRénov, les baisses et difficultés de financement et les disparitions des aides, mais aussi les règles d’urbanisme et les normes contraignantes… Quant au coût des matières premières, s’« il n’augmente plus » selon le président, « il ne baisse pas non plus » : « J’en veux à la partie amont de notre filière. Nos fournisseurs n’ont pas répercuté la baisse des prix sur les entreprises et donc sur le client final. »

La commande publique impactée

Autre sujet de préoccupation pour le BTP, la commande publique qui représente « l’espoir de maintien de l’activité » se retrouve limitée dans sa capacité d’investissement selon Sébastien Labourdette : « Les collectivités sont de plus en plus impactées par les baisses de dotation de l’État. Le BTP est un investissement rentable, mais pour en bénéficier, il faut mettre du carburant dans le véhicule », s’anime-t-il, relevant les pertes de recettes fiscales liées à la non-construction de logements. « Il faut donner aux collectivités une capacité d’investissement forte pour que le secteur perdure, l’activité demeure et que la fiscalité puisse être répercutée au niveau de l’économie. »

« La transformation est nécessaire »

Malgré cet ensemble de facteurs défavorables, qui a conduit à la défaillance de 86 entreprises basques et béarnaises l’an dernier, Sébastien Labourdette au nom des acteurs du secteur affiche son optimisme : « Notre message, c’est de dire que l’on va construire l’avenir. Mais pour cela, la transformation est nécessaire : l’entreprise doit se moderniser, accepter le changement. Le chef d’entreprise lui-même doit être audacieux pour aller sur des nouveaux marchés, pour aller se mettre en danger sur des secteurs d’activité porteurs comme les nouvelles énergies, le soleil, le réseau de chaleur… » L’audace, thème de l’assemblée générale de la fédération du BTP 64, est aux yeux de son président ce qui permettra à la filière de « passer ces moments difficiles » : « Nos chefs d’entreprise doivent rester confiants : n’ayons pas peur, l’avenir est devant nous, en revanche il sera ce que l’on veut en faire. »

« 2 500 logements seront produits en 2024, contre 6 000 en moyenne chaque année depuis 2010 »