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Dordogne – Tourisme durable : des engagements locaux

À l’occasion de la première édition des Rencontres du tourisme durable, organisées par le Département, des experts sont venus témoigner des enjeux mondiaux et locaux.

tourisme durable

©CD24

Comment transformer les contraintes en opportunités ? La question a déplacé une assistance bien consciente de la marge de progrès encore possible, qu’il s’agisse d’achats durables, de gestion de l’eau, d’énergies renouvelables ou de gestion des déchets. Une présentation d’Agrilocal24 a permis d’expliquer cette mise en relation, en un clic, de producteurs et d’acheteurs publics et privés, responsables de restaurants collectifs (établissements scolaires, médicaux-sociaux, d’entreprise…) ou de restauration hors-domicile (restaurant, camping,…).

AGRILOCAL24

Il s’agit de la déclinaison locale d’une plateforme nationale (35 départements y ont adhéré), entièrement gratuite, sans adhésion ni commission. Gaëtan Brizard, du service agriculture du Conseil départemental, a détaillé l’intérêt de cette offre de proximité réunissant 275 fournisseurs en Dordogne, dont 211 agriculteurs représentatifs de « la ferme Périgord » (polyculture et élevage) et 31 artisans, mais aussi des entreprises de transformation et coopératives. Une cartographie permet de visualiser les ressources de ce support dédié aux circuits courts et liaisons directes. La plateforme offre la possibilité de passer des marchés de gré à gré, à bon de commande ou accord-cadre, et de respecter les règles du code des marchés publics pour les collectivités.

Agrilocal24 met en relation, en un clic, des producteurs et acheteurs publics et privés.

UN ÉCOSYSTÈME QUI S’AUTOALIMENTE

Julie Buquet et Benjamin Gourdon, amis d’enfance ayant grandi dans la vallée de la Vézère, ont ouvert Le Boïdicou début 2022 à Thonac. Le duo de chefs, rapidement repéré avec un 12/20 de Gault&Millau, affiche son engagement : réaliser une cuisine responsable avec des producteurs situés dans un périmètre de 50 km du restaurant. « Ça tombait sous le sens d’être locavores avec un environnement pareil », s’enthousiasment-ils. En travaillant des animaux entiers, en utilisant l’ensemble des ressources des livraisons, en diminuant au maximum les déchets, ils s’organisent quasiment à l’identique de ce qui se pratiquait dans les campagnes il y a 50 ans. C’est tout le sens du menu surprise proposé par cette table : certaines contraintes (de saison, de proximité) excitent plutôt l’imagination. Un écosystème s’équilibre sur ce parti pris, et s’autoalimente : producteurs, restaurateurs, propriétaires de gîtes alentours se soutiennent ainsi localement. Le poisson vient des Eaux de l’Inval, à Borrèze, pisciculture qui a elle-même noué un partenariat avec le caviar Perle noire aux Eyzies (LVE n° 2526), ce qui permet de servir de la truite et de l’esturgeon à l’année. « Pour d’autres poissons, nous devons nous éloigner mais avec des principes : pêche à la ligne et de saison, pavillon France. » Le duo n’a pas l’intention de se développer au-delà de 30 couverts, ravi d’avoir pu se prouver qu’il était possible de proposer du bistronomique abordable et local. Et il nourrit un autre projet, à Rouffignac.

Le duo de chefs s’organise quasiment à l’identique de ce qui se pratiquait dans les campagnes il y a 50 ans

DES SOUVENIRS VRAIMENT LOCAUX

Anne Bourgeois, alias La Petite Périgourdine, un tantinnet lassée de voir les étals sarladais envahis de produits fabriqués en Chine, a pris le pari de proposer des souvenirs touristiques locaux : un engagement sur le terrain de l’ESS, avec le concours de Bénédicte Moret (Famille Zéro déchet, Bloutouf) pour la signature graphique et la mascotte. « C’est quoi ces trucs en plastique made in Toulaba ? » interroge son projet, devenu réalité au printemps 2022. Et s’il fallait proposer autre chose pour arrêter de trouver « les mêmes cadeaux impersonnels et standards fabriqués à l’autre bout de la planète, au bilan écologique et économique déplorable » ? La guide interprète trilingue, passée par la fonction publique territoriale dédiée à l’environnement, a conçu une collection de petits objets porteurs de grandes valeurs ; elle rompt avec la facilité habituelle pour chercher des pro- duits écologiquement justes, issus du tissu économique local, intégrant des valeurs sociales comme le recours à des travailleurs handicapés (Les Papillons blancs à Bergerac) ou l’insertion au féminin pour le réemploi textile (Les Bobinettes à Neuvic).

©LaPetitePerigourdine

ÉCO-EXEMPLARITÉ POUR EMPREINTE UNIQUE

Ce cercle vertueux est affiché sur le site marchand : créations originales et gamme exclusive, fabrication Périgord (imprimerie Bataillon à Sarlat, cosmétiques En Douce Heure à Vélines), économie solidaire, démarche environnementale… Porte-clés et magnets souvenir, cabas et kit « préhistrobelle », l’offre s’adresse aussi aux professionnels pour du sur-mesure aux couleurs d’un site touristique ou d’un hébergement. De quoi affirmer une image avec des valeurs fortes, un « effet wahou » à prix spécial pro selon les quantités de produits personnalisés. Si les grossistes du département la suivent sur des commandes, cela permettra de proposer des prix attractifs sur le créneau « petit souvenir de vacances ».

« La rentabilité se fera sur le volume et la pérennisation de l’offre. » L’objectif est de permettre à un petit site de profiter des mêmes tarifs qu’une structure plus importante. « Ma concurrence, c’est le Périgourdin qui fait du Chinois… »