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Grégory Hourcadet : business et spiritualité

Entreprise - Grégory Hourcadet, notamment président d’Eurélec mais aussi du CJD Béarn, vient de publier un livre dont le titre résume son essence : Business & Spiritualité, de la dualité à l’harmonie. Le récit initiatique d’un jeune entrepreneur confronté aux difficultés ayant trouvé l’apaisement et l’alignement.

Grégory Hourcadet Business et spiritualité

Grégory Hourcadet. © Cyril Garrabos

Au 21 rue Salengro, à Pau, dans les nouveaux locaux d’Eurélec dont la rénovation se termine tout juste, le bureau de son président Grégory Hourcadet est à l’image de ce jeune dirigeant : sobre, discret et lumineux. Là, il vous reçoit avec une décontraction non feinte et une sérénité communicative. Et pourtant, Grégory Hourcadet revient de loin. Son parcours entrepreneurial, semé d’embûches et d’adversité, chronophage et pourtant choisi, aura eu raison de sa santé physique et mentale, il y a de cela quelques années.

Le chemin mené pour trouver la guérison et « devenir la meilleure version » de lui-même aura été long mais salvateur. Fort de son expérience, le jeune homme âgé de 36 ans apporte son témoignage dans un livre auto- édité sorti il y a trois semaines. « Business & Spiritualité, de la dualité à l’harmonie » raconte à la première per- sonne ses débuts comme chef d’entreprise, avec l’ambition de toucher d’autres entrepreneurs dont certains en souffrance. Et, peut-être, de leur donner les clés pour les mener non pas au succès mais à « l’authenticité » et à la « réalisation de soi ».

Un burn out à 25 ans

Le dirigeant a conscience que son livre en surprendra beaucoup, quand monde économique et spiritualité sont plus souvent considérés comme antinomiques que complémentaires. Lui-même, lorsqu’il fonde Eurélec en 2011 du haut de ses 25 ans, est clairement éloigné de cette perspective. Son seul mantra : travailler, 7 jours sur 7, comme tout le monde l’a toujours fait dans sa famille d’agriculteurs. Avec une pression supplémentaire due au contexte : « Avant de créer Eurélec, je travaillais pour un groupe local placé en redressement judiciaire », resitue-t-il. « Nous étions une quinzaine de personnes à devoir rechercher du travail et je ne pouvais me résoudre à perdre cette dynamique de groupe. »

Au cours d’un rassemblement de salariés de cette entreprise en difficulté, porté par « une notion d’engagement très forte », le jeune homme propose sans vraiment y avoir réfléchi de créer sa société et de les embaucher. « Je me sentais ce devoir-là », explique Grégory Hourcadet, chez qui ses valeurs de pompier-volontaire sont très ancrées. Dix mois plus tard, il engageait son douzième salarié. S’écoulent ensuite 8 mois supplémentaires, avant que son corps et son esprit ne le rappellent à l’ordre : il est alors littéralement fauché par un burn out, « une overdose de travail », qui se caractérise d’abord par une paralysie temporaire puis une incapacité totale de se rendre au travail. Sa reconstruction durera deux ans.

L’entrepreneuriat, un chemin initiatique

« J’ai cherché tous les outils possibles pour guérir », se souvient-il. Sophrologie, PNL, yoga… : le PDG d’Eurélec explore tout un champ des possibles dans le domaine des médecines douces et alternatives. Il se découvre une hypersensibilité, « une fragilité intérieure que je ne devais plus subir mais comprendre ». Il rencontre ensuite Myriam, une docteur mexicaine qui lui enseigne la médecine de l’esprit pendant 7 ans. Petit à petit, il invite la spiritualité dans sa vie d’entrepreneur qui connaît par ailleurs d’autres difficultés, alors que sa start-up Quadrilater montée en parallèle d’Eurélec est en redressement judiciaire.

« L’entrepreneuriat, c’est un chemin initiatique avec des perspectives beaucoup plus globales », amène- t-il. « La spiritualité est un moyen d’ouvrir les yeux sur notre part de responsabilité dans tout ce que l’on fait, personnellement comme professionnellement. Il s’agit de monter en conscience, de s’ouvrir à son moi intérieur pour devenir un leader conscient. Si je suis en paix à l’intérieur, je le serai en tant qu’entrepreneur. » Le jeune homme réalise également s’être perdu en ayant souhaité se conformer au monde économique tel qu’il est défini aujourd’hui : « Je me suis auto-détruit en voulant rentrer dans des cases, dans un monde par forcément sain. Aujourd’hui, je peux être moi qu’importe avec qui je suis. »

Eurélec, une santé de fer

Grégory Hourcadet assène, retour d’expériences à l’appui : « Il est plus que temps de mettre la spiritualité dans l’entreprise ». À commencer par la sienne, Eurélec, dont les nouveaux locaux ont été aménagés pour permettre une meilleure circulation de l’énergie et qui cultive une culture d’entreprise très ancrée s’appuyant sur « des racines très profondes ». L’entrepreneur palois en est par ailleurs convaincu : cette manière de considérer la vie en entreprise, synonyme de bien- être au travail, contribue à la fidélité de ses 70 salariés. La recette, peut-être, pour faire face à la conjoncture : aujourd’hui, Eurélec, qui offre un service spécialisé dans tous les domaines de l’électricité (photovoltaïque, recharges de véhicules électriques, réseaux et télécom, vidéosurveillance etc.), affiche un chiffre d’affaires en progression de 10 millions d’euros. À l’horizon 2030, Grégory Hourcadet veut atteindre les 50 millions d’euros de CA tout en trouvant une organisation stratégique qui lui permettrait de déléguer plusieurs de ses fonctions à des directeurs de projet. Une manière, toujours, de viser l’apaisement sans cesser d’entreprendre.