Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

JO 2024 : le défi de Tony Estanguet

De passage à Pau pour le festival « Les Idées mènent le monde », Tony Estanguet, en sa qualité de président du comité d’organisation des Jeux olympiques 2024, s’est livré sur sa vision ambitieuse de l’événement, notamment dans un contexte économique particulièrement tendu.

Tony Estanguet

© Cyril Garrabos

Sur la scène du Palais Beaumont, alors qu’il est invité à échanger sur le thème « L’envie de vivre », fil rouge de la manifestation « Les idées mènent le monde », Tony Estanguet se présente d’abord comme « un sportif ». Le Béarnais, triple champion d’Europe, triple champion du monde et triple champion olympique de canoë slalom, n’a de cesse de le rappeler : s’il est aujourd’hui président du comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO) qui auront lieu à Paris en 2024, sa perception de ce nouveau et audacieux challenge est restée celle d’un athlète de haut-niveau. Et d’adversité il est bel et bien question : la tâche qui lui incombe s’avère complexe, dans un contexte inflationniste compliqué.

Composer avec l’inflation

Confronté à la conjoncture mais aussi à des dépenses imprévues, le COJO se voit ainsi contraint de revoir son budget, aujourd’hui de 4 milliards d’euros. Ce dernier devrait gonfler d’environ 10 %, soit 400 millions d’euros, selon une annonce faite par le comité à trois semaines d’un conseil d’administration décisif qui actera cette révision budgétaire. Plusieurs rapports de la Cour des comptes concernant la gestion des dépenses et des recettes seront par ailleurs bientôt déposés au Parlement pour y être débattus. Le chemin jusqu’aux Jeux est visiblement encore long et semé d’embûches.

Rester ambitieux pour être attractif

Pour autant, à notre question « Comment gardez-vous l’envie, non pas de vivre, mais de poursuivre ce gros chantier qu’est l’organisation des Jeux ? », Tony Estanguet ne botte pas en touche : il s’agit toujours d’ambition. « Quand il y a des contraintes qui s’imposent à nous en permanence, c’est un défi du quotidien de réussir à générer des revenus qui se comptent en milliards d’euros et qui donnent le tournis », remarque le Palois. « D’un autre côté, la force, l’énergie que j’arrive à trouver dans cette difficulté, c’est qu’en étant très ambitieux et très magique on va réussir à rester très attractif et à justement générer ces revenus qui seront réinvestis dans l’économie française. » Pour le patron de Paris 2024, la « pression budgétaire » toujours plus forte peut aussi être un moteur : « Là où on pourrait croire qu’il faut baisser la voilure, j’essaie de prendre le contre-pied et de dire que justement, parce que c’est plus dur que prévu, il va falloir être encore meilleur dans les idées, dans l’ambition de ce projet, parce que c’est comme ça que l’on va réussir à maintenir le cap ».

Parce que c’est plus dur que prévu, il va falloir être encore meilleur dans l’ambition de ce projet. C’est comme ça que l’on va réussir à maintenir le cap

On n’a pas d’autres choix que de réussir

Tony Estanguet est un éternel battant, qu’importe si la route est longue et sinueuse : « Avant le départ d’une compétition, je n’étais jamais sûr de moi sur le fait que j’allais gagner. Je ressens un peu la même chose : je sais que l’on n’a pas d’autre choix que de réussir. Comment exactement, je ne sais pas ». L’ancien sportif avoue ne pas avoir « encore toutes les clés et les solutions pour absorber complètement l’inflation », mais affirme que le COJO se bat « pour faire des économies » et pour « réussir à aller chercher des revenus complémentaires qui n’avaient pas été envisagés ». Et de conclure : « C’est dur, mais c’est passionnant ».

Nous n’avons pas encore toutes les clés et les solutions pour absorber complètement l’inflation, mais on se bat pour faire des économies

Une mascotte fabriquée en Chine

Concernant la polémique liée à la fabrication en Chine de la mascotte des Jeux olympiques, dévoilée il y a quelques jours, Tony Estanguet s’est exprimé sans détours : « Ce sont deux entreprises françaises, Doudou et Cie et Gipsy Toys, qui ont remporté cet appel d’offres. Mais aujourd’hui, malheureusement 90% des peluches qui sont vendues en France sont fabriquées en Chine. » Et de souligner que si Doudou et Cie, entreprise bretonne, va doubler sa capacité de production grâce aux Jeux, « aujourd’hui, en France, on ne sait pas produire autant de volume de peluches ».