Il ne se pliera peut-être pas au moindre désir mais à tous les besoins, c’est sa vocation. Une chose est sûre, Jean-Marc Seynhaeve et Margaux Lamarque se sont pliés en quatre pour que ce soit le cas. Élégant, pratique, utile et révolutionnaire, le Baggy a tout d’un vélo classique mais rien dans ses possibilités ne l’est : comment s’en étonner lorsqu’on sait que c’est une des pointures du design industriel qui en a conçu la moindre option. Ultra-breveté dans de nombreux pays d’Europe, ce deux-roues qui s’apprête à bousculer les habitudes est à l’image de la carrière de son concepteur, unique et marqué par l’innovation. En septembre, Shwette ouvrira ses portes à Bagnères-de-Bigorre et tandis que les derniers coups de peinture finissent d’embellir les murs de la société installée au Parc industriel de la Haute-Bigorre, les deux associés apportent les ultimes finitions à leur création.
Rendre le cargo moins encombrant
Avec sa roue déportée et son sac à l’avant, le Baggy semble se fondre dans la lignée des biporteurs. Comme le longtrail, cette catégorie de deux-roues de ville à fonction utilitaire est de plus en plus prisée et nombreux sont les experts qui s’accordent à dire qu’en milieu urbain, le vélo est l’avenir de la voiture. Mais les adeptes le savent, s’ils sont pratiques, ces engins transporteurs s’avèrent souvent bien plus lourds et encombrants que les engins de loisirs. Des faits qui pour le créatif qu’est Jean-Marc Seynhaeve étaient loin d’être des impasses mais ouvraient au contraire un défi comme il les aime : « L’idée c’était d’arriver à réunir le meilleur des deux mondes, la capacité de transport d’un vélo-cargo avec la simplicité d’usage, de stockage et de parking d’un vélo normal. Est-ce que c’était possible ? ». Des mois plus tard, avec un solide moteur et une assistance électrique, le Baggy répond à la question, non seulement ça l’est devenu mais le résultat dépasse les espérances des utilisateurs.
Replié, le Baggy ne dépasse pas les 25 cm
Un biporteur qui se range partout
Son sac indéchirable offre une capacité de transport de 40 kilos, aussi profond que pratique, il s’agrandit encore grâce à un système de capuche : « On peut amener son enfant, transporter ses courses, y mettre son chien, une guitare et un sac de sport… Tout ce qu’on veut. La difficulté n’était pas dans le volume de chargement mais dans le fait de pouvoir ranger le vélo dans des endroits où on n’a pas de place ». C’est là que toute la pertinence de cette innovation s’exprime, le Baggy se glisse dans les parties communes, un couloir, un parking à vélo : la caisse se replie et l’ensemble ne dépasse pas les 25 centimètres. Un système qui rappelle celui des porte-monnaie et paraît simple, maintenant qu’il est mis au point… c’est tout le talent qui jalonne la carrière de ce designer industriel aux multiples récompenses.
20 Design Awards et des prouesses techniques
C’est à Jean-Marc Seynhaeve que l’on doit le B’twin, premier vélo de référence chez Decathlon ou encore la prouesse technique du masque facial de plongée Easybreath. Des exemples forts qui sont loin d’être les seuls puisque 20 Design Awards ont marqué son parcours professionnel. Autant de distinctions qu’il prend avec beaucoup de recul : « Je n’aime pas trop parler de ça, dans ma vision personnelle, l’approche du design est presque humaniste. Ce n’est pas pour rien que je suis resté 15 ans chez Decathlon, je voulais rendre le sport accessible à tous. Les produits que j’ai faits ont vraiment servi à quelque chose, les gens les ont achetés, c’est surtout ça qui m’intéresse ». Fuyant la notoriété, le designer industriel risque fort de devoir l’assumer en lançant cette fois son produit avec sa propre entreprise et dans cette aventure, Margaux Lamarque, ingénieur et chef de projet va s’avérer une associée précieuse.
Jean-Marc Seynhaeve a créé le B’Twin et le masque Easybreath.
Production de 200 vélos
S’ils se sont rencontrés en Australie, c’est dans les Hautes-Pyrénées qu’ils ont décidé de s’établir, département d’où Margaux Lamarque est originaire. Au pied du Tourmalet, ils s’inscrivent dans la dynamique impulsée par la Dynamo, espace pour entreprendre de la Haute-Bigorre, mais aussi de Bic Crescendo, pépinière d’entreprises qu’ils ont intégré en juillet. Les Baggy seront fabriqués dans un premier temps au Portugal, même si le but à moyen terme est « de relocaliser la filière vélo avec une production française », soulignent les fondateurs. Les prévisions induisent environ 200 modèles par an. Clarisse a rejoint Shwette où elle fera son alternance dans le marketing pendant un an. Une team avec qui la mobilité douce ne peut assurément qu’être vraiment chouette.