Deux notes suffisent pour reconnaître cet air, devenu l’un des plus célèbres de la musique classique. Le Boléro de Ravel commence par le rythme militaire d’une caisse claire qui fend le silence, suivi par l’émergence douce et presque sensuelle d’une flûte traversière. Puis ce morceau de 16 minutes, caractérisé par une montée en intensité progressive et hypnotique, superpose progressivement les instruments. Avec son rythme obsédant et sa mélodie envoûtante, le Boléro de Ravel est un tube planétaire depuis près d’un siècle, adapté dans des versions les plus improbables mais aussi les plus magistrales.
Le basque comme langue maternelle
« Je suis né à Ciboure, commune des Basses-Pyrénées, voisine de Saint-Jean-de-Luz, le 7 mars 1875 », aurait-il écrit dans l’esquisse d’une autobiographie. Fils de Marie Deluart, une Basque, et de Joseph Ravel, un ingénieur suisse participant à la construction des voies ferrées en Espagne, Maurice Ravel parlait couramment le basque. Le compositeur aimait converser et écrire en euskara, comme en témoignent les lettres et cartes postales envoyées à ses amis. N’ayant vécu dans sa maison natale de Ciboure que quelques mois après sa naissance, il grandira à Montmartre où sa famille s’est installée. Ravel a commencé le piano à sept ans, encouragé par son père. À Paris, il a grandi parmi des artistes et musiciens, influençant sa future carrière. Considéré de son vivant comme l’un des plus grands compositeurs français, il est revenu séjourner régulièrement à Ciboure et à Saint-Jean-de-Luz.
Un succès planétaire en quelques mois
En 1928, lors d’un séjour à l’Hôtel Anchochury de Ciboure, Maurice Ravel y aurait composé son célèbre Boléro, probablement écrit aussi à Paris, à la demande de son amie et mécène, la danseuse Ida Rubinstein. Ce ballet, initialement conçu comme une œuvre à caractère espagnol, se distingue par son rythme de boléro, une danse traditionnelle andalouse. D’abord intitulée Fandango, cette pièce s’inscrit dans la lignée des œuvres de Ravel inspirées par l’Espagne. Le 22 novembre 1928, tout Paris se presse à l’Opéra pour assister à la première de ce ballet, présenté aux côtés de créations chorégraphiques d’Arthur Honegger et Darius Milhaud. « Mon chef-d’œuvre ? Le Boléro, bien sûr ! Malheureusement, il est vide de musique », confiait Ravel cette même année. En quelques mois, son Boléro va connaître un succès planétaire immortalisant son auteur.

La maison Ravel à Ciboure © Vincent Biard – La Vie Economique
La maison Mazarin devenue maison Ravel
Située au 27 quai baptisé Maurice-Ravel, la maison Ravel est la seule maison de style hollandais de la région. Cette demeure porte le nom de maison Estebania, nom de son premier propriétaire Esteban d’Etcheto, négociant et armateur inspiré par les maisons qu’il avait vues à Amsterdam. Elle a été construite vers 1630 et a accueilli le cardinal Mazarin à l’occasion du mariage de Louis XIV à Saint-Jean-de-Luz, le 9 juin 1660. Elle fut communément appelée maison Mazarin jusqu’à ce que Ravel devienne célèbre et lui prête son nom. La maison Ravel ne se visite pas, elle est divisée en appartements privés. L’académie Ravel y avait occupé le rez-de-chaussée tout comme l’office de tourisme de la ville. Aujourd’hui, l’association Jakintza (du verbe jakin, « savoir » en basque), une association culturelle et historique, y occupe un espace au rez-de-chaussée côté quai Ravel.
Quinze jours de concerts au Festival Ravel
Chaque année, le Pays basque célèbre son illustre compositeur et la prochaine édition du Festival Ravel se tiendra du 19 août au 7 septembre 2025. Né de la fusion du festival Musique en Côte basque et de l’Académie Ravel consacrée à l’enseignement de la musique française au plus haut niveau, le Festival Ravel accueille des orchestres symphoniques, des solistes internationaux et de jeunes artistes pour des concerts et des rencontres. Cette année, en hommage à la naissance du grand homme, presque toute son œuvre sera proposée en 15 jours de concerts. En 2016, année où le Boléro est tombé dans le domaine public (un conflit juridique sur les droits d’auteur est toujours en cours), la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) rapportait qu’une exécution de cette œuvre avait lieu environ toutes les dix minutes à travers le monde. Rendez-vous cet été sur la Côte basque pour écouter, encore et encore, le Boléro de Maurice Ravel.
Cet été, l’œuvre de Ravel sera proposée en 15 jours de concerts sur la Côte basque