Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Michel Sarran : Digérer l’échec

Invité de la 8e rencontre annuelle de l’association Prévention & Retournement, qui accompagne les sociétés en difficulté, le chef toulousain Michel Sarran est revenu sur ses trois dernières années compliquées et sur son rebond espéré pour 2024.

sarran, toulouse, cuisine

Christian Caviglioli (administrateur judiciaire) et Michel Sarran © Maxime Fayolle

« Au fond, c’est quoi la réussite ? » Telle était la question posée par Bernard Valla, le président de Prévention & Retournement, à ses invités de la 8e rencontre annuelle de l’association qui regroupe avocats, administrateurs judiciaires, banquiers … En clôture, le chef toulousain Michel Sarran est revenu sur son parcours et sa définition de la réussite, lui qui vient de subir trois années de galère où il avait l’impression « qu’on [lui] avait jeté un mauvais sort ! »

Le Covid, M6 et l’étoile

En quelques années, Michel Sarran est devenu un personnage public apprécié grâce à l’émission Top Chef sur M6. « Moi qui suis né à Saint-Martin-d’Armagnac, petit village du Gers de 250 habitants, je ne m’attendais pas à cette célébrité ! » Le chef ne s’attendait pas non plus à sortir du jury si brutalement. « On m’a annoncé ça par téléphone, c’était dur. » Puis, dans la foulée, le Covid vient fermer son restaurant et en point d’orgue, le Guide Michelin lui retire sa 2e étoile à Toulouse début 2023. « Il faut encaisser toutes ces nouvelles sans perdre la confiance ! Et puis on relativise, aujourd’hui le Guide Michelin n’est plus l’alpha et l’oméga. On remplira le restaurant sans eux ! »

La peur que tout s’arrête

A l’été, il doit aussi fermer sa chaîne Croq’Michel, ouverte avec ses filles en 2020. « J’ai adoré travailler avec elles, mais on s’est planté. » Le chef n’avait jamais connu telle accumulation de mauvaises nouvelles. « J’ai été si bien loti jusqu’ici. Je me disais que je payais mes années de succès. Mais je crois que l’échec est la mère des succès. Il faut se battre et redoubler d’effort. »

La roue finit par tourner à l’automne. La TV le rappelle pour une quotidienne de 24 semaines pour être dans le jury de l’émission La Meilleure Boulangerie. « Les mêmes qui m’avaient viré 3 ans plus tôt me disent aujourd’hui que je suis formidable ! Drôle de monde » rigole le chef qui a eu peur que tout s’arrête pour lui. « Je multiplie les projets, je suis boulimique de travail car la reconnaissance sociale et professionnelle, c’est mon moteur. Si je n’ai plus ça, ça sent le sapin ! » Le chef trouve aujourd’hui son équilibre entre son restaurant et ses filles avec qui il veut continuer de travailler. Et il tire finalement une leçon de ces trois années. « Elles ont permis une remise en question salutaire. Parfois, ça fait du bien de prendre quelques baffes ! »