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Projet Pycasso : la chasse au carbone

La rencontre « Je Décarbone », organisée à Pau le 28 février, a notamment été l’occasion de mettre en lumière le projet Pycasso, un programme transfrontalier porté par le Pôle Avenia. Son objectif « ultime » : décarboner l’industrie en capturant la totalité de ses émissions carbone.

décarbonation projet Pycasso

© Photo d'illustration Shutterstock

Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 : cette date butoir était au cœur des prises de parole des entreprises et des opérateurs de décarbonation invités à s’exprimer lors de la rencontre « Je Décarbone » (lire encadré). Face à cette échéance et pour répondre à la nécessité de décarbonation de l’industrie, une trentaine d’institutions et d’industriels à l’image de Teréga, Géostock ou encore Repsol, se sont regroupés début 2021 autour du pôle Avenia pour construire ensemble un projet de territoire baptisé Pycasso.

Un programme franco-espagnol qui apparaît comme une pierre à l’édifice d’une transition « lourde et difficile », selon les mots de Jean-Loup Minebois, président d’Avenia, pôle de compétitivité dans le domaine des filières du sous-sol basé à Pau. Concrètement, « Pycasso est un projet d’infrastructures, de capture et de trans- port pour stocker et valoriser du CO2 en grande quantité », ainsi que le précise Antoine Charbonnier, responsable du pôle Stratégie et Innovation chez Teréga, particulièrement impliqué dans son développement.

Résilience économique

« La commission européenne indique que sans ces CCS (NDLR : carbon capture and storage), il n’y aura pas de neutralité carbone », précise ce dernier. « Par chance, sur nos territoires, il y a Pycasso, qui peut être considéré comme un véritable projet de décar- bonation mais également de résilience économique ».

S’appuyant sur les caractéristiques du territoire, l’ambition de Pycasso est de capter le CO2 issu d’un certain nombre de sites industriels du Sud-Ouest de la France et du nord de la France et de l’acheminer vers d’anciens réservoirs de gaz situés en Béarn. Un objectif ambitieux qui s’appuie sur des technologies maîtrisées construites avec et pour les clients industriels, à l’image de Michelin ou encore Lafarge. « Ces industries ont déjà mis en place des stratégies de décarbonation mais cela peut se relever complexe sur certaines étapes et c’est là que la CCS devient indispensable », remarque Antoine Charbonnier.

4 axes de collecte

« Par ailleurs, il y a également une problématique de temps et par conséquent une pression réglementaire qui se fait sentir », évoque le représentant de Teréga. « Le prix des quotas de CO2 a augmenté considérablement en l’espace de trois ans et ont dépassé la semaine dernière un montant historique à plus de 100 euros la tonne. Et cette tendance va aller en s’accentuant. » Avec cette infrastructure, le pôle Avenia et l’ensemble des parties prenantes veulent proposer une solution à un prix inférieur à celui pratiqué actuellement. « Pour ce faire, on a dimensionné une architecture territoriale qui se structure autour d’un centre de stockage d’une capacité de 500 000 tonnes et autour de 4 axes de collecte », précise-t-il, le Sud-Ouest et le nord l’Espagne étant concernés.

Le projet Pycasso a pour ambition de stocker 2 millions de tonnes par an à horizon 2030 et 7 millions de tonnes par an à horizon 2035

Mise en service en 2030

Seul projet de ce type en France, Pycasso ambitionne de stocker 2 millions de tonnes par an à horizon 2030 et 7 millions de tonnes par an à horizon 2035, ce qui par ailleurs représente 10 % des émissions de la région Nouvelle-Aquitaine. Avec une particularité que tient à souligner Antoine Charbonnier : « Le gisement potentiellement revalorisable, c’est à dire le CO2 issu de biomasse, est extrêmement important dans notre région. Il y a là un vrai potentiel pour développer une filière de production de carburants de synthèse en utilisant les synergies qui peuvent exister entre ces infrastructures de CO2 et des infrastructures hydrogènes. » Le projet est définitivement d’envergure, mais n’est pour l’heure effectif que sur le papier : les études de faisabilité sont terminées, le financement en cours de sécurisation et la mise en service espérée pour 2030.

 

Une plateforme pour accompagner les entreprises

Si le Palais des Sports palois était occupé ce 28 février par des tennismen de haut niveau déterminés à remporter l’Open Teréga, ce tournoi ATP co-organisé par Jérémy Chardy, le chapiteau attenant faisait davantage place aux chefs d’entreprise, représentants d’industrie et autres opérateurs de la décarbonation. Ces derniers étaient nombreux à avoir fait le déplacement pour assister à la première rencontre « Je Décarbone » organisée en région, en marge de cet événement sportif. Bâti en lien étroit avec l’Etat, « Je Décarbone » est d’abord un site web ainsi qu’une plateforme digitale permettant la mise en relation entre des entreprises souhaitant se décarboner et des spécialistes intégrateurs de solution de décarbonation. En parallèle, des rencontres mêlant conférences et rendez-vous d’affaires, à l’image de celle menée à Pau, seront reconduites à travers toute la France.

En savoir plus : je-decarbone.fr