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Sobeval : valoriser le veau

La Sobeval, leader de la viande de veau, basée à Boulazac et intégrée au groupe néerlandais Vandrie depuis les années 1990, maintient son cap malgré une conjoncture où la consommation et le cheptel diminuent.

© Loïc Mazalrey - La Vie Economique

De l’élevage à la commercialisation, la Sobeval est un acteur incontournable sur le marché de la viande de veau en France, mais aussi à l’étranger. Intégrée au groupe néerlandais Vandrie, l’entreprise a vu arriver deux nouveaux directeurs généraux en 2020 : Jan Van Drie et Gerjan Van Drie, deux trentenaires, cousins. Le premier est responsable davantage de la partie viande et le second de la partie élevage. À son arrivée, Jan Van Drie a souhaité maintenir le volume d’abattage de la Sobeval, soit 3 000 veaux par semaine, mais également développer l’export. Deux paris réussis. Malgré la baisse du nombre de vaches en raison de la diminution de la consommation de viande, mais également des départs à la retraite des éleveurs, la Sobeval, elle, a maintenu son volume d’abattage. « La consommation de viande bovine a diminué de 3,6 % entre 2022 et 2023 en France, et de 4,7 % pour le veau », souligne Camille de Ravignan, responsable administrative des élevages.

Une aide à l’installation

Pour maintenir ce volume, l’entreprise de Boulazac travaille avec des élevages intégrés (elle en compte 460, soit 90 % de ses apports) et achète des veaux fermiers chez des agriculteurs, à des coopératives ou des négociants (soit un total de 120 éleveurs et 8 coopératives négociants). Depuis 2006, la Sobeval propose une aide pour le financement des bâtiments des éleveurs, et ainsi maintenir le nombre d’élevage. En 2024, elle a passé la vitesse supérieure avec une convention de développement élevage, qui propose des subventions pour les créations, pour les places en élevage, mais également un accompagnement. Une première exploitation a reçu début mars une enveloppe de 19 200 euros pour la création de places en plus dans l’élevage. « C’est capital », souligne Jan Van Drie. Le volume de production a permis à la Sobeval de s’imposer à l’export avec une augmentation du volume de 22 % entre 2022 et 2023. L’Allemagne, les États-Unis, l’Italie, la Belgique et l’Espagne sont les principaux clients étrangers de l’entreprise. Avec un fort succès aux États-Unis puisque le volume exporté a bondi de 400 %. « Nous sommes le seul abattoir en France à avoir l’agrément pour exporter là-bas », détaille Jan Van Drie. Un investissement conséquent, mais payant. « C’est un marché très valorisé, le label viande française est rare et apprécié Outre-Atlantique », ajoute le directeur. Désormais, l’export représente 8 % du chiffre d’affaires.

L’entreprise met l’accent sur le « veau Limousin » avec des éleveurs intégrés ; c’est un veau élevé sur paille, par des agriculteurs de Dordogne ou de Corrèze

Partenariat avec les académies culinaires

Pour continuer de porter son développement, l’entreprise mise également sur sa viande « premium » et un partenariat avec l’académie culinaire de France, mis en place en juillet 2023. Forte de 600 membres en France, et 900 à l’étranger, l’institution est une opportunité pour la Sobeval de promouvoir ses produits auprès de professionnels, qu’elle propose régulièrement à la dégustation voire à tester lors d’événements. La viande premium de la Sobeval, ce sont des veaux sélectionnés, avec un travail de découpe du boucher réalisé sur la viande, très précis, une transformation plus complexe. Pour continuer son implantation aux États-Unis, le même partenariat a été fait avec l’académie culinaire américaine, comptant 200 membres. En France, l’entreprise met l’accent sur le « veau Limousin » avec des éleveurs intégrés ; c’est un veau élevé sur paille, par des agriculteurs de Dordogne ou de Corrèze, une « viande typée » plus contraignante mais mieux valorisée. Les éleveurs intégrés à l’entreprise sont intéressés sur le résultat de leurs veaux, tous les quatre lots.

« La consommation de viande bovine a diminué de 3,6 % entre 2022 et 2023 en France, et de 4,7 % pour le veau »

280 millions de CA

Outre le développement de ces marchés, les partenaires historiques de la Sobeval sont avant tout les grossistes, les boucheries, mais également les collectivités et les grandes et moyennes surfaces. En février 2023, l’entreprise a obtenu les marchés de Biocoop en France et distribue le veau de la marque distributeur de ces enseignes de magasins bio. Actuellement, l’entreprise travaille désormais à la création de la marque distributeur des enseignes Sysco. Pour l’entreprise, qui compte 360 salariés et enregistre 280 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2023, ces nouveaux marchés sont importants face à un consommateur qui se détourne peu à peu de la viande de veau face à son prix. Et pour tenter de rester compétitif, mais également de fidéliser ses salariés, le groupe Vandrie investit chaque année entre 1,5 et 2 millions d’euros dans des projets. Cette année devrait notamment s’achever la construction d’ombrières, formant un parc photovoltaïque au-dessus du parking et permettant de fournir entre 15 et 17 % de l’électricité du site de Boulazac. Plus de 7 000 m² de panneaux ont été installés entre 2023 et 2024. Afin de continuer son activité, la Sobeval est sans cesse à la recherche de nouveaux éleveurs, qu’elle « accompagne désormais dans l’installation et le suivi », insiste Jan Van Drie.