Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Cargo Gym : Le sport au pied du boulot

Dans son cargo de marchandises tiré par un pick-up, on imagine mal qu’Hugo Guillemin abrite une petite salle de sport. Et pourtant, le Toulousain de 22 ans s’est lancé ce pari fou : vous donner des cours de cross training au pied de votre entreprise.

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© Maxime Fayolle

« Allez, allez, ils sont rouillés mes papys aujourd’hui ! » Sous le froid hivernal, l’entraînement au pied des locaux d’Air France à Toulouse commence en douceur pour la dizaine de courageux qui ont rejoint Hugo au pied de son cargo. Au menu, quelques allers-retours en courant avant un circuit géant de 7 ateliers. « J’utilise l’environnement autour de moi pour créer des exercices » explique Hugo Guillemin, qui a créé ce concept de salle de gym ambulante.

Blessure à l’armée

Le jeune toulousain de 22 ans n’avait pas prévu de devenir chef d’entreprise à son âge. « J’étais dans l’armée de l’air à Mont-de-Marsan et une blessure m’a empêché de rejoindre la spécialité que je voulais. Alors j’ai tout arrêté. » L’aspirant remarque toutefois un grand container à côté duquel il s’entraîne tous les matins. « Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec ça. » Après l’armée, il passe ses diplômes pour devenir coach sportif et travaille en salle de sport le temps de monter son business plan et de dénicher un cargo. « Ce n’est pas si simple de les trouver car on se les arrache. Ces containers servent pour du stockage, certains font des petites maisons avec. Le mien vient des pays de l’Est et je l’ai repeint dans une couleur kaki militaire pour garder un peu mon identité. »

C’est la première salle de sport mobile de France

Démarchage difficile

L’investissement de base est conséquent pour le jeune homme et se chiffre en plusieurs dizaines de milliers d’euros. Pour rentabiliser l’affaire, il cherche plusieurs entreprises avec lesquelles travailler. « Aujourd’hui, j’ai le soutien d’Air France et du cabinet F.B. Audit expertise comptable. Je bosse par moment avec Airbus et dès le mois de mars j’aimerais être sur le site de Saint-Martin-du-Touch une fois par semaine. »

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© Maxime Fayolle

Chaque séance revient à 12,5€ par salarié qui participe et dure 45 min. « Je recherche encore deux entreprises pour boucler mon agenda mais ce n’est pas simple de faire le démarchage soi-même. Parfois les entreprises ont déjà un coach ou une salle de sport. » Ici le concept vise avant tout un moment de convivialité en extérieur dans la première salle de sport mobile de France.

Concept à exporter

Six mois après ses premiers cours itinérants, Hugo Guillemin est satisfait du retour des utilisateurs. « J’ai des clients plutôt jeunes autour de 30-40 ans, mais je propose du cross training avec des parcours adaptés à tous les âges. Je m’adapte et surtout je peux guider tout le monde car on n’est pas nombreux. » Le Toulousain est convaincu du potentiel de son idée. « Je pense que d’ici quelques années, il y en aura plein d’autres. Le cargo itinérant est visible donc ce n’est pas comme une salle de sport. Si tu as mal choisi ton emplacement, tu finis par fermer boutique. »

Je propose des cours adaptés à tous les niveaux. Et je peux guider tout le monde vu qu’on n’est pas nombreux

Lui va simplement prendre une pause hivernale le temps que les beaux jours reviennent. Ce qui va lui laisser le temps de peaufiner l’export de son concept. Une personne à la Réunion est intéressée pour reprendre son idée. « J’aimerais breveter le concept mais ça coûte trop cher. Donc je passe par un droit de marque : je vends le concept clé en main : le cargo, le matériel, le flocage en échange d’une redevance pendant 4 ans. » Une étape juste avant la franchise qui permet de contrôler le fonctionnement et le tarif des cours.

Peu de frais

L’intérêt pour son concept est grandissant surtout car il permet de monter une affaire qui a peu de frais fixes. « Il y a l’investissement de départ et les frais d’essence mais hormis cela, je n’ai pas de loyer, pas d’électricité, pas d’eau … J’arrive, je mets de la musique et c’est parti ! » Hugo Guillemin a déjà prévu trois types de containers à proposer : petit, moyen ou grand. « Tout dépend de la clientèle. Avec mon gros modèle, c’est difficile d’aller en ville, mais avec le petit, on met du matériel pour des cours à 5-6 personnes, c’est pratique. »

Ne reste plus qu’à dénicher les cargos tant convoités ! « J’en ai déjà un autre qui m’attend au port du Havre » sourit le jeune coach qui multiplie aussi les activités à côté. « Je bosse sur la préparation physique d’un club de rugby et je fais du MMA pour mon plaisir ! » Le sport, une passion qu’il tentera de partager en public lors d’un entraînement géant le 4 février, juste avant le début du Tara Muret Trail. Près d’un millier de participants sont attendus pour transpirer !