Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Coupe du Monde de rugby : Toulouse accueille le Japon

À l’occasion de la Coupe du Monde de rugby en France (8 septembre – 28 octobre), Toulouse accueille le camp de base du XV du Japon. Un partenariat autant sportif qu’économique.

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De gauche à droite : Muriel Abadie, vice-présidente en charge du tourisme durable, Alain Doucet, président de la ligue d’Occitanie de rugby, Kamel Chibli, vice-président en charge de la Jeunesse et des Sports, et Didier Lacroix, président du Stade Toulousain © Maxime Fayolle

Kamel Chibli est prêt. « Mon japonais n’est pas parfait, mais je connais quelques mots : Konnichiwa, Arigato gozaimasu. » L’élu en charge des sports à la région Occitanie connaît les bases : bonjour et merci beaucoup. La région peut en effet se montrer reconnaissante du choix de leurs homologues nippons qui ont sélectionné Toulouse pour établir leur camp de base lors de la Coupe du monde de rugby. « Un choix fort, dans la continuité des liens étroits que nous avons tissés avec le Japon depuis sept ans », se félicite Kamel Chibli.

Le XV du Japon dans les chaussons du Stade Toulousain

L’arrivée du XV du Japon à Ernest-Wallon va bousculer le quotidien du Stade Toulousain, déjà amputé d’une quinzaine de joueurs pendant la compétition. « On leur donne les clés, sourit Didier Lacroix, le président du Stade Toulousain. Ils vont utiliser le camp d’entraînement et le terrain, mais aussi nos outils vidéo. » Des conditions parfaites pour ceux que l’on surnomme les « Brave Blossoms » (Fleurs Courageuses).

Les cinq matchs qu’accueille Toulouse se dérouleront à quelques kilomètres de là, au Stadium, devant 33 000 spectateurs (voir encadré). Une capacité réduite par rapport à d’autres grandes villes de France (42 000 places à Bordeaux, 60 000 à Lyon) et qui empêche la Ville rose d’accueillir les plus belles affiches, ou même le XV de France. « La question d’un nouveau stade doit se poser, affirme Didier Lacroix. Je pense que c’est faisable dans 10 ans. Mais il faut savoir ce qu’on veut en faire car c’est facile de dire qu’on va remplir ce stade 10 fois par an lors de grands matchs. On en fait quoi les 355 jours restants ? » Le président du Stade veut entamer une réflexion touristique et sociétale autour de ce nouveau stade afin d’en faire un instrument utile et responsable.

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La pelouse du stade Ernest-Wallon servira de camp de base aux joueurs du XV du Japon © Maxime Fayolle

Sport et tourisme main dans la main

Un nouveau stade représente surtout un investissement conséquent. A titre d’exemple, le Matmut Atlantique de Bordeaux a coûté plus de 300 millions d’euros. « Aujourd’hui, Toulouse accueille la Coupe du Monde, mais demain ce sera impossible avec cette infrastructure », déplore Kamel Chibli. La question est d’autant plus brûlante que les retombées économiques attendues avec cet évènement sont gigantesques. Le cabinet Deloitte estime à 2,4 milliards d’euros l’impact global de la Coupe du Monde en France, avec plus de 600 000 spectateurs dont 450 000 étrangers.

Le sport est une telle locomotive pour le tourisme que la région a pris les devants. « Nous avons travaillé avec les tour-opérateurs depuis plusieurs mois pour proposer des voyages englobant le rugby et la découverte de l’Occitanie », plaide Muriel Abadie vice-présidente à la région en charge du tourisme durable. Pour cela, 41 grands sites régionaux ont été ciblés comme le pont du Gard, le canal du Midi, le pic du Midi ou encore des villes comme Auch, Albi ou Lourdes. Un pass « Occitanie Rail Tour » a été mis en place pour permettre aux touristes de sillonner la région en train moyennant 10€ par jour, sans limitation de trajets.

Les réservations d’hôtel sur le mois de septembre sont en hausse de 117% par rapport à 2022

« Le séjour moyen en France d’un touriste pour cette Coupe du Monde est de 17 jours. A nous de faire en sorte qu’il reste le plus longtemps possible dans notre région. » Avec en tête, l’idée qu’un spectateur heureux de sa visite peut revenir quelques années plus tard avec sa famille. « La Coupe est aussi un moyen d’attirer les touristes asiatiques qui sont moins nombreux depuis la crise du Covid » admet Kamel Chibli.

Les premiers chiffres en Haute-Garonne incitent en tout cas à l’optimisme. « L’hôtellerie affiche une augmentation des réservations sur septembre de 117% par rapport à 2022 », calcule Muriel Abadie.

Rencontres business

Mais le tourisme n’est pas le seul secteur qui espère bénéficier du coup de boost de la Coupe du Monde. Un tel évènement est aussi une bonne occasion de faire des affaires, rappelle Kamel Chibli. « On va inviter des dirigeants japonais lors du match entre les Samoa et le Japon. Le but, c’est de faciliter les investissements japonais dans notre région. Le Japon a une grande puissance économique, il faut qu’on place Toulouse sur la carte car ils ne connaissent que Paris et la Riviera. »

Le stade de rugby serait donc le lieu parfait pour faire du business ? « Vous savez, les entrepreneurs japonais prennent leur temps pour investir. Il faut que tout soit parfait pour qu’ils prennent une décision, insiste Kamel Chibli. On va les inviter et j’espère que des relations vont se nouer. Peut-être que des entrepreneurs français recherchent des partenaires, que des Japonais ont envie d’investir sur notre territoire. On ne peut le savoir qu’en organisant ces rencontres. » Et en connaissant quelques mots de japonais, c’est encore plus facile.

Cinq matchs de poule de la Coupe du Monde de rugby auront lieu au Stadium de Toulouse :

Dimanche 10 septembre : Japon – Chili (13h)

Vendredi 15 septembre : Nouvelle-Zélande – Namibie (21h)

Samedi 23 septembre : Géorgie – Portugal (14h)

Jeudi 28 septembre : Japon – Samoa (21h)

Dimanche 8 octobre : Fidji – Portugal (21h)