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Défaillances d’entreprises – Retour à une dure réalité

En 2023, 1 216 ouvertures de procédures collectives ont été recensées par le tribunal de commerce de Toulouse, soit une hausse de 40 % par rapport à 2019. C'est ce qu'a rappelé le président lors de l'audience solennelle le 18 janvier.

Audience solennelle de rentre au Tribunal de Commerce de Toulouse entreprise

Audience solennelle de rentre au Tribunal de Commerce de Toulouse © Lilian Cazabet - La Vie Economique

En 2023, 1 216 ouvertures de procédures collectives ont été recensées par le tribunal de commerce de Toulouse, soit une hausse de 40 % par rapport à 2019. « Le nombre de redressements judiciaires (342, NDLR) est en hausse de 28 % ; celui de liquidations judiciaires (808) de 54 % », a déclaré Laurent Granel le 18 janvier lors de l’audience solennelle de rentrée du Tribunal de Commerce. L’ancien président de la juridiction consulaire explique ces chiffres par la fin de « l’effet protecteur des divers dispositifs mis en œuvre par l’État pendant la crise sanitaire, notamment les PGE ». Les chiffres des défaillances d’entreprises avaient en effet été artificiellement maintenus à la baisse en 2020 et 2021 notamment, grâce au soutien du gouvernement « qui a permis de maintenir l’économie », note Laurent Granel, qui estime désormais qu’un « assainissement » est nécessaire.

Le commerce particulièrement touché

Parmi les secteurs les plus en difficulté, la construction, avec 290 procédures collectives ouvertes en 2023 contre 179 en 2022 et 218 en 2019. Le secteur du commerce est également particulièrement touché, avec 229 défaillances d’entreprises contre 185 en 2019. Enfin, 192 ouvertures de procédures collectives ont eu lieu en 2023 dans le secteur des cafés, hôtels, restaurants (CHR), contre 185 en 2019. « L’augmentation forte, de plus de 25 %, des injonctions de payer est également un élément annonciateur du malaise des entreprises », alerte Laurent Granel.

Philippe Dedieu à la présidence

Face à ces chiffres, « le récit narratif (dans les médias, NDLR) des faillites est plus vendeur que ce qu’il se passe réellement dans les tribunaux », rassure toutefois Philippe Dedieu. Le nouveau président du tribunal de commerce de Toulouse, élu en fin d’année 2023, veut en effet voir le verre à moitié plein et s’employer à venir en aide aux entreprises. « Le tribunal de commerce est un lieu de vie au service des entreprises », affirme-t-il. Et pour que l’instance remplisse pleinement ses missions, le président s’est fixé quatre objectifs : « renforcer les forces vives du tribunal » en incitant les chefs d’entreprise à rejoindre les rangs des juges consulaires, promouvoir les conciliations amiables, entretenir les relations avec son environnement et renforcer le rayonnement du tribunal. « Nous devons démythifier le rôle du tribunal et nous faire connaître en allant à la rencontre des entreprises ».