Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Domy : À chacun son psy

Constatant les incidences de la crise du Covid sur la santé mentale des jeunes, la pédopsychologue toulousaine Mariane Cam a fondé Domy : une plateforme visant à faciliter la rencontre entre les moins de 30 ans et les psychologues qui pourraient les accompagner. Le succès est au rendez-vous.

Domy

Mariane Cam, fondatrice de Domy. © Domy

« 61 % des Français sont touchés par une problématique de santé mentale, et pourtant 80 % d’entre eux ne consultent pas de spécialiste », selon une enquête Ipsos publiée au printemps dernier. Si consulter un psychologue reste tabou, un frémissement se fait sentir chez les jeunes. Ainsi, entre 2019 et 2022, le nombre d’enfants de 0 à 17 ans qui consultent un psychologue a augmenté de 30 %. Chez les 18-24 ans, il a bondi de 60 %, selon une étude réalisée par Doctolib et la fondation FondaMental. Une bonne chose, au vu des difficultés rencontrées par les plus jeunes face à une actualité anxiogène. « Le nombre de passages aux urgences de jeunes ayant des idées suicidaires a connu une hausse de 70 % pendant la crise sanitaire », affirme Mariane Cam, fondatrice de Domy, la start-up toulousaine qui vise à mettre en relation les psychologues et les jeunes patients.

Le « Tinder » de la santé mentale

Ancienne pédopsychologue constatant la détérioration de la santé mentale des jeunes, Mariane Cam a fondé Domy au printemps 2022. La start-up a développé une plateforme web qui consiste à permettre de créer des « matchs » (un peu à la manière des applications de rencontres) entre les jeunes de moins de 30 ans et des psychologues. « Vous n’iriez pas voir un gastro-entérologue si vous avez un rhume ? Pour la santé mentale, c’est pareil, il y a différents thérapeutes en fonction des symptômes et des besoins », explique-t-elle. Domy vise à faciliter les bonnes mises en relation.

« Nous avons programmé plus de 21 000 consultations en 2023 »

Grâce à un formulaire de 15 questions traité par un système d’intelligence artificielle, la plateforme analyse la situation du patient et lui propose trois thérapeutes compatibles à plus de 75 %. « Il est important de proposer plusieurs options, car certains patients préfèrent consulter une femme plutôt qu’un homme ou peuvent avoir des contraintes financières », explique la fondatrice. Une fois le psychologue choisi, le patient organise avec ce dernier les modalités de la consultation (au cabinet ou en visio, tarif…).

Plus de 1 000 psychologues référencés

Moins de deux ans après son lancement, l’application a séduit les psychologues. De 100 professionnels recensés à l’automne 2022, elle est passée à plus de 1 100 spécialistes. « Nous avons programmé plus de 21 000 consultations en 2023 », affirme Mariane Cam qui vise les 100 000 consultations en 2024. Les psychologues référencés par l’application (sélectionnés après un audit) paient un abonnement mensuel de 30 à 40 euros. Domy leur permet de trouver de nouveaux patients, mais propose également un outil de gestion de leur agenda, à la manière du célèbre Doctolib. « Nous avons réalisé une première levée de 100 000 euros en mars 2023 qui nous a permis de lancer notre première version de la plateforme. Nous travaillons aujourd’hui sur de nouvelles fonctionnalités pour faciliter le quotidien de nos abonnés. »

La start-up de 5 personnes prévoit une levée de 350 000 €

Une levée de fonds en cours

Pour améliorer encore son service, la start-up de 5 personnes prévoit une deuxième levée « en non dilutif cette fois », de 350 000 euros. « Nous devrions la finaliser au début du deuxième trimestre 2024 ». Une opération qui devrait permettre à Domy d’améliorer l’expérience sur sa plateforme, travailler sur l’intelligence artificielle pour proposer des « matchs patients-psychologues » encore plus sensibles et pertinents, et investir sur l’acquisition de patients. « Nous avons besoin de nous faire connaître », confie Mariane Cam.

Sensibiliser

Au-delà de la volonté de pérenniser son entreprise, Mariane Cam souhaite surtout sensibiliser à la question de la santé mentale des plus jeunes. « 75 % des troubles apparaissent avant 25 ans. Plus on les prend tôt, mieux on va pouvoir les soigner », souligne-t-elle. La dirigeante prévoit ainsi en 2024 de développer les partenariats avec des associations, écoles, la Région Occitanie, le Département de Haute-Garonne ou encore la métropole de Toulouse. « Nous travaillons également avec la mission locale dans le but de faire connaître les symptômes et améliorer ainsi la prévention. » Domy lance également cette année son offre BtoB, à destination des établissements d’enseignement supérieurs. « Nous visons les écoles toulousaines en priorité. »