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Gwladys Tohier : commissaires aux comptes, des défis à relever

Gwladys Tohier a été élue le 1er octobre 2020 présidente de la nouvelle Compagnie régionale des Commissaires aux Comptes de la Grande Aquitaine. Expert-comptable et commissaire aux comptes à Biarritz (BAB Audit Conseil), elle entend relever le défi de cette fusion des compagnies régionales au sein d’une nouvelle entité unique. Et surtout encourager les professionnels, sonnés par la loi Pacte, à prendre le virage numérique. Rencontre.

GWLADYS TOHIER

Gwladys Tohier, Présidente de la nouvelle Compagnie régionale des Commissaires aux Comptes de la Grande Aquitaine © Atelier Gallien

Echos Judiciaires Girondins : Comme l’a décrété le gouvernement et à l’instar d’autres organismes, les compagnies régionales des commissaires aux comptes ont donc fusionné dans toutes les régions pour créer de nouvelles entités épousant peu ou prou les grandes régions administratives. Comment s’est passée votre élection inédite ?

Gwladys Tohier : « C’est très simple, au départ, personne ne voulait y aller pour gérer cette nouvelle « usine à gaz ». Et puis j’ai décidé de me présenter car je me disais que je pouvais apporter quelque chose à ma profession. N’ayant jamais été élue, n’étant pas de Bordeaux et étant plutôt une jeune femme, je n’ai pas eu la tâche facile. Heureusement, certains confrères et consœurs m’ont soutenue dès le départ comme Guillaume Ufferte, président de l’IFEC Aquitaine. Et à l’origine, c’est Nathalie Malicet (ancienne présidente de la Compagnie régionale de Bordeaux) qui m’a propulsée dans le cadre de la commission numérique de la CNCC à laquelle je participe. Pour certains membres de la profession, j’ai fait une campagne disruptive, en fait j’ai communiqué en vidéo sur Linkedin et Twitter, ce qui est tout à fait dans l’air du temps.

Au final, sous l’étiquette IFEC, nous avons été élus à près de 75 %. Il faut dire qu’il n’y avait que notre liste en lice ! Les 25 % restant sont des votes blancs. La Compagnie régionale des Commissaires aux Comptes de Grande Aquitaine regroupe ainsi les compagnies de Bordeaux, Pau, Limoges, Agen et au total 800 professionnels. La Compagnie de Poitiers a choisi de rallier la Bretagne c’est pourquoi on a nommé la CRCC de « Grande Aquitaine » et non de Nouvelle-Aquitaine. »

 

EJG : Quel est le sens de votre démarche et quels seront les grands axes de votre présidence ?

T. : « Je suis d’une nature hyperactive et j’aime les défis. J’aime l’humain et le numérique et il ne faut pas dissocier les deux ce qui est hélas souvent le mode de fonctionnement de notre profession réglementée. Clairement j’ai deux axes : le numérique et la communication. Ma principale mission sera d’accompagner les confrères dans la transition numérique et de communiquer sur ce que l’on fait pour les confrères. Si l’on ne communique pas, les professionnels ne savent pas ce que l’on fait et pensent que la CRCC ne fait rien pour eux. Et je veux revoir en profondeur la formation. Mon but est d’aider les commissaires aux comptes partout sur le territoire et à l’intérieur de leur cabinet en leur proposant des prestataires et des solutions sur place. »

La CRCC de Grande Aquitaine regroupe ainsi les compagnies de Bordeaux, Pau, Limoges et Agen. Poitiers a choisi de rallier la Bretagne.

EJG : Comment va s’organiser votre présidence sur un vaste territoire allant de Biarritz à Limoges en passant par Agen et les Hautes-Pyrénées ?

T. : « Je vais essayer de coordonner les compagnies régionales. On va essayer d’harmoniser les process. Je préfère fédérer qu’imposer. Pour l’instant, aucun licenciement et aucune fermeture d’antenne n’est prévue. La fusion prévoit qu’il y ait au moins une personne par antenne. Je vais former des permanents au community management. Certaines tâches seront supprimées et d’autres vont être créées. Je rappelle que le siège social de la CRCC Grande Aquitaine est établi rue Ferrère à Bordeaux, cela ne veut pas dire que Bordeaux va tout récupérer ! Nous allons fonctionner par pôle : numérique, communication, formation. Il y aura un vice-président ou une vice-présidente par antenne régionale. Enfin j’aimerais monter des partenariats avec des institutions, organismes, banques pour qu’ils soient visibles avec nous. »

Clairement j’ai 2 grands axes : le numérique et la communication

EJG : Quelle est l’humeur générale de votre profession après l’entrée en vigueur de la loi Pacte qui je le rappelle a réhaussé les seuils d’intervention des CAC dans les entreprises ?

T. : « Beaucoup de commissaires aux comptes sont sous l’eau. Ils n’y croient plus, sonnés par la loi Pacte estimant qu’on les enterre et que les instances ne les ont pas défendus. Je veux essayer de ramener ces confrères dans la barque : il y aura d’ailleurs un élu, Éric Ducasse, chargé de l’assistance aux confrères en difficulté. Et pourtant il faut y croire et j’y crois si notre profession se réinvente. Il faut revoir notre modèle économique et proposer des missions de conseil sur des problématiques du type cybersécurité. Faire connaître aussi nos spécificités aux start-ups de la Fintech. Je citerai mon exemple personnel : j’ai un petit cabinet avec 2 salariés, j’aurais dû disparaître après la loi Pacte. Certes, j’ai perdu des mandats mais j’en ai gagné d’autres en essayant d’être pro-actif et dans l’accompagnement des entreprises, cela me paraît être du bon sens. »

 


GWLADYS TOHIER : BIO EXPRESS

Née en 1979 à Bourges Formée chez Grant Thornton à Lyon

 Création de BAB Audit Conseil à Biarritz en 2009

Membre de la Commission Numérique et Innovation de la CNCC depuis sa création en 2017

Associée AUDECA (Bordeaux) depuis fin 2017

Juge au Tribunal de Commerce de Bayonne (2017-2018)

1er octobre 2020 : élue présidente de la CRCC Grande Aquitaine