Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Laboratoire d’hospitalité

En présentant le nouveau directeur de l’École, en avril dernier, le président de la CCI Dordogne lui attribuait trois pôles d’actions : une présence sur le plan local ; un lien renforcé avec les partenaires et le renouvellement des équipes ; la conquête d’autres parts de marché. Après avoir multiplié les expériences professionnelles dans le monde, Cyril Lanrezac appréhende son poste en adéquation avec une quête de sens.

Cyril Lanrezac directeur de l'école de Savignac laboratoire

Cyril Lanrezac, directeur de l'école de Savignac © Louis Piquemil - La Vie économique

La Vie Economique : Le président de la CCI vous a accueilli en disant que vous cochiez toutes les cases…

Cyril Lanrezac : « Mon arrivée s’inscrit dans la continuité de ce que je peux apporter et des valeurs de l’École. Je crois beaucoup à son écosystème, même s’il est perfectible : nationalement, on peut mieux mettre en valeur ce qui nous distingue. Nous ne sommes pas une école de commerce, pas non plus une école hôtelière, nous faisons de l’enseignement supérieur professionnalisant. On rend des comptes au ministère du Travail, la bonne employabilité de nos étudiants est notre norme de qualité. Notre secteur hôtelier a besoin de gens heureux de faire ces métiers plus que de recherche fondamentale. Cette industrie n’est pas maître des perspectives de carrière, souffre d’une crise des frontliners alors qu’elle offre une multitude de possibilités. »

« Nous accordons de l’importance aux règles de savoir-vivre, la tenue, la ponctualité… »

LVE : Quel est l’état des lieux du secteur ?

C. L. : « Des restaurants réfléchissent à la manière de ne pas discriminer les femmes, à la pénibilité des métiers, à la progression de carrière, à trouver des modèles… Il faudrait un Grenelle du service. La France est la première destination touristique au monde et les métiers de service seraient des sous-métiers ? Je rencontre pourtant bien des professionnels qui ont une merveilleuse carrière ! On a des top chef en cuisine mais on ne trouve plus de maître d’hôtel dans des restaurants gastronomiques étoilés, à qui la faute ? Le service, c’est pourtant la compréhension de l’interculturel, de l’intelligence émotionnelle. On a sûrement réduit cette mission pour la payer moins, les recruteurs n’ont pas de fiche de postes qu’ils cherchent au dernier moment… Il faut trouver des régulations. Et savoir vendre la valeur travail. »

LVE : Vos étudiants auront à orchestrer ces métiers de service ?

C.L. : « Ils sont formés au middle management pour encadrer ces métiers si disparates : le savoir-être, une des forces de l’École, est une clé. Cela s’apprend avec beaucoup de suivi, de développement personnel.

Notre équipe est plus riche qu’ailleurs, nous accordons de l’importance aux règles de savoir-vivre, la tenue, la ponctualité… l’exemplarité, la posture font partie du contrat. Nos étudiants sont jugés sur la courbe de progression de l’employabilité. Pas moins de 60 entreprises se déplacent à Savignac chaque début d’année pour chercher les stagiaires qui passeront six mois auprès d’elles. Certains étudiants optent bien sûr pour des établissements de la région. »

LVE : Quelles sont vos ambitions pour l’École ?

C . L. : « Nous sommes en train de réaccréditer la maquette pédagogique, qui évolue. Les généralistes que nous formons doivent quand même être au fait de chaque spécialité : optimisation financière et marketing, gestion RH, digitalisation et distribution électronique, RSE et développement durable sont des enjeux majeurs. Dans les prochaines années, il est nécessaire d’effectuer des choix dans un large champ de possibles : internationalisation, digitalisation, localisation, RSE… Le positionnement de cette école peut encore s’affiner. Il s’agit surtout de pérenniser sa pertinence, avec de nouveaux cours dès cette année, qui vont plus loin sur la RSE et la digitalisation, deux enjeux des 15 ans à venir.»

LVE : Où en est le projet d’implantation en région parisienne ?

C.L. : « Cette présence de l’École en région parisienne, dossier pourtant bien avancé, marque un temps de pause. La prise de risques est à mesurer dans la conjoncture actuelle. Il est question d’une antenne, notamment pour la formation professionnelle continue, plus que d’un campus. Nous devons d’abord renforcer notre offre avant de savoir comment la diffuser. »

« Le campus campagne est une distinction forte, une richesse. »  Christophe Fauvel, président de la CCI 24