Selon une étude de la Dares1, la région Nouvelle-Aquitaine concentrait, en 2019, 9 % de l’emploi de France métropolitaine (soit 2,4 millions de personnes). Si l’emploi est dynamique, les départs en fin de carrière y sont cependant plus fréquents que dans le reste de l’Hexagone peu de jeunes débutent leur carrière en Nouvelle-Aquitaine pour occuper les postes laissés vacants par les seniors. C’est notamment le cas chez les agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons, des métiers qui affichent les plus forts besoins de recrutement sur le territoire néo-aquitain, première région agricole française. Ce phénomène s’observe également sur des métiers déjà présents dans la hiérarchie nationale des métiers en tension comme assistants maternels, aides-soignants, infirmiers/sages-femmes ou encore aides à domicile. Un constat alarmant quand on sait que la Nouvelle-Aquitaine, région la plus âgée de France, va connaître un accroissement de besoins en accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie.
PASSER AU SOURCING INDIVIDUALISÉ
Pour atteindre leur objectif de recrutement et identifier les bons profils, les entreprises seront amenées à diversifier leur sourcing. Dans ce sens, la mission de service public du Conseil en évolution professionnelle (CEP) représente précisément un vivier de salariés potentiels qui passait jusqu’alors sous les radars des employeurs et de leurs canaux de recrutement classiques.
Sollicité par plus de 16 000 Néo-Aquitains l’année dernière, le service CEP est en contact direct avec des actifs en pleine réflexion sur leur situation professionnelle. Guidés par l’un des 130 conseillers du territoire, ils sont à même de faire des choix éclairés en fonction de leurs aspirations personnelles et professionnelles, mais aussi souvent des métiers qui forment et recrutent.
TOUCHER UN PUBLIC QUALIFIÉ
Grâce à leurs nombreux partenariats avec les opérateurs de compétences (Opco) en lien avec les branches professionnelles et les organismes de formation, le service CEP maîtrise les besoins économiques du territoire. Sur le terrain, le conseiller en évolution professionnelle apporte une réponse adaptée à la personne qui s’interroge et lui présente des métiers – loin des représentations stéréotypées parfois attachées à certains secteurs pourvu qu’ils soient adaptés à sa situation et ses besoins.
Le Conseil en évolution professionnelle peut donc aider les branches à toucher un nouveau public qualifié : celui des actifs en quête de changement, aux parcours de vie compatibles avec leurs enjeux de recrutement. Une fois le recrutement réussi, se pose le deuxième défi, celui de la fidélisation des salariés.
DAVANTAGE DE DIALOGUE SOCIAL
Depuis la crise sanitaire, force est de constater que le rapport au travail a changé. Les Français sont en quête de sens, d’équilibre et évaluent davantage les conséquences de leur vie professionnelle sur leur qualité de vie. Ce nouveau paradigme, dans lequel la centralité du travail s’est considérablement étiolée, positionne inévitablement l’employeur en posture d’écoute et d’accompagnement de ses salariés. Ces derniers attendent de leur supérieur un management plus individualisé, une meilleure prise en compte de leurs valeurs, de leurs interrogations. Pour éviter de subir un turnover qui alimenterait leurs difficultés de recrutement, les entreprises doivent donc s’adapter et offrir à leurs employés un espace de dialogue social quotidien.
FLUIDIFIER LE MARCHÉ DU TRAVAIL
Grâce au temps de réflexion et de discussion confidentielle qu’il offre au salarié, le CEP lui permet de mettre des mots sur ses envies de formation, sa volonté d’aller vers de nouvelles missions, d’évoluer au sein de l’entreprise à travers de nouvelles tâches, de nouvelles conditions de travail ou encore si c’est envisageable une nouvelle fonction. En cela, le CEP participe pleinement au dialogue social interne et agit comme levier de fidélisation des collaborateurs à qui l’on donne la capacité d’agir, de mieux communiquer avec leur employeur et de se professionnaliser en continu.
DES OPPORTUNITÉS
À l’heure où certaines branches peinent à recruter, et dans un contexte de tension où les Français sont appelés à travailler plus longtemps, le marché du travail connaît de fortes perturbations accentuées par la crise sanitaire et l’apparition d’un nouveau rapport au travail. Ce bouleversement peut devenir une véritable opportunité, à la fois pour les actifs attentifs à leur épanouissement au travail et donc au choix de leur employeur, mais aussi pour les entreprises soucieuses de réussir leurs recrutements dans la durée. Seule une coopération à l’échelle régionale et territoriale, basée sur l’étroite collaboration des acteurs de l’emploi, de la formation et des entreprises, fédérée par une ambition commune et selon les particularismes de chaque secteur d’activité, permettra de fluidifier le marché du travail et déployer les transitions professionnelles.
1. « Nouvelle-Aquitaine : quelles difficultés de recrutement d’ici à 2030 ? », Les métiers en 2030 : données locales, 24 janvier 2023
