Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Rivalis : valoriser pour mieux gagner

Valérie Patou est conseillère Rivalis en pilotage d’entreprise et installée en Dordogne depuis 2021. En deux ans, elle a accompagné une dizaine d’entreprises et augmenté jusqu’à 45 % leur chiffre d’affaires. Une réussite qui tient en un mot : l’humain.

Valérie Patou, conseillère Rivalis

Valérie Patou, conseillère Rivalis © Loïc Mazalrey

La Vie Economique : Comment en êtes-vous venue à devenir conseillère en pilotage d’entreprises ?

Valérie Patou : « J’ai d’abord travaillé en cabinet comptable, mais je trouvais qu’on n’allait pas assez loin avec les dirigeants, dans le conseil. Pour ce que j’en ai vu, je ne m’y retrouvais pas. J’ai ensuite travaillé sept ans dans la banque pour des professionnels, où j’ai davantage appris sur la partie analyse économique, sur la santé des entreprises, la projection… Et j’ai découvert l’accompagnement d’entreprises à travers Rivalis, car un client qui avait des besoins de financement était accompagné par ce réseau. Je me suis ensuite lancée en 2021, avec ma société de conseil « Périgord performances TPE » et j’ai acheté une licence d’exploitation Rivalis. Je me suis installée en Dordogne, car il n’y avait personne sur le secteur. Il y a une personne qui exerce en Dordogne, mais qui n’est pas basée dans le département, donc je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. »

LVE : Qu’est-ce que le conseil en pilotage d’entreprise ?

V. P. : « On aide à prendre des décisions qui optimisent les résultats des entreprises, à financer des investissements et atteindre des objectifs à partir des données auxquelles on a accès. Le logiciel d’exploitation Rivalis permet au chef d’entreprise de répondre à six questions en temps réel, notamment ses bénéfices, son déficit ou s’il réalise un investissement, quel impact cela aura. Dans l’application, il rentre ses devis et ses factures. On utilise la machine au service de l’être humain. En clair, on montre au dirigeant comment il peut aller dans le bon sens.
On ne lui apprend pas le métier, mais on l’aide à bien établir la valeur de son travail, éviter les erreurs dans les devis, à bien les chiffrer… C’est très important d’éviter les pensées limitantes. Par exemple, certains chefs d’entreprise s’empêchent de prendre des vacances. Là, c’est cinq semaines de congés minimum. Je suis là pour enlever de la charge mentale au dirigeant, et l’accompagner pour toutes les étapes de la vie de son entreprise. Cet accompagnement lui redonne confiance, lui montre que les artisans ont de la valeur : on remet l’humain au cœur de l’entreprise et on aide à gagner de l’argent qui peut être réinvesti dans l’économie locale. »

Je suis là pour enlever de la charge mentale au dirigeant, et l’accompagner pour toutes les étapes de la vie de son entreprise

LVE : Comment se fait l’accompagnement ?

V. P. : « Souvent, un entrepreneur manque de recul. Ensemble, on fait un bilan une fois par mois, avec deux constats : ce qu’on a et où on va. On opère un réajustement perpétuel pour atteindre les objectifs de fin d’année. L’accompagnement s’effectue sur deux ans, car la première année, on met en place de nouveaux éléments, on détecte des dynamiques… Et la deuxième année, on instaure le potentiel maximum de l’entreprise pour ses bénéfices. Avant de travailler avec les dirigeants, je propose un diagnostic gratuit. Pendant deux heures, je suis avec le client et je lui montre ce qu’il peut tirer de l’accompagnement pour son entreprise. Je fais un audit complet : diagnostic de la masse salariale, taux de marge, taux horaire, est-ce que la vente se fait au bon prix… Je fais 10 à 30 audits par mois. »

LVE : Les entreprises accompagnées ont-elles des résultats ?

V. P. : « Pour mes clients de 2022, la plus petite augmentation de chiffre d’affaires a été de 23 %, on est allés jusqu’à 45 % pour mes gros clients, et ce n’est pas pour autant qu’ils travaillent plus ! On a opéré une meilleure valorisation du travail et de planification du temps. J’ai accompagné une quinzaine d’entreprises en 2022, et je ne veux pas aller au-delà de 20 pour garder un aspect très personnalisé, et humain. En moyenne, à l’échelle nationale, un accompagnement de ce type coûte 490 euros par mois, et en général mes clients ont remboursé le coût annuel de l’accompagnement en 1,5 à 2 mois. »

LVE : Avez-vous noté des particularités chez les entreprises que vous accompagnez ?

V. P. : « 90 % de mes clients sont dans le secteur du bâtiment. En Dordogne, il y a des entreprises de qualité, avec des gens très sérieux, mais pudiques, qui ne communiquent pas beaucoup. Il faut donc que j’arrive à les laisser s’ouvrir. Il y a très peu de défaillances d’entreprise en Dordogne. Les patrons gèrent en bon père de famille, en bon paysan. La tradition du terroir se ressent dans la gestion. »

LVE : Le contexte économique actuel a-t-il des répercussions pour vos clients ?

V. P. : « Un patron gère en permanence de l’imprévu. Et avec le contexte économique, ils connaissent des raccourcissements des carnets de commandes. Aujourd’hui, une entreprise a entre 1,5 à 2 mois de visibilité, avant c’était 6. C’est tendu. S’il y a un problème, c’est plus difficile de compenser le chantier, et ils sont d’ailleurs de plus en plus petits. Les plannings s’allègent donc pour ces entreprises, et je crains qu’on finisse 2023 avec des licenciements. On est passé d’une offre supérieure à la demande, du plein-emploi avec des salaires qui augmentent à des patrons qui ont la corde au cou, avec plus de salariés qu’ils ne devraient et avec des carnets de commandes qui baissent. »