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Startups : ce que cherchent les investisseurs

Pour Hélène Marty, organisatrice de Bask’Invest, les critères socio-environnementaux sont devenus décisifs pour les investisseurs. Une vingtaine de fonds d’investissements étaient présents à cette journée de rencontres avec les startups du Pays basque qui avait lieu le 23 mars à Bidart.

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Bask'Invest 2023 V.Biard

Cette 9ème édition de Bask’Invest a réuni 23 fonds d’investissements locaux et nationaux et 55 startups essentiellement du Pays basque. Plus de 250 entretiens rapides ont été organisés entre investisseurs et entrepreneurs. En 10 minutes, l’objectif des startups est de présenter leur projet, leurs ambitions et leurs besoins de financement pour susciter l’intérêt et obtenir un autre rendez-vous qu’elles espèrent fructueux. « Les investisseurs, quant à eux, espèrent tous trouver la pépite », résume Hélène Marty, responsable d’ESTIA Entreprendre. Cette structure de l’école d’ingénieurs ESTIA de Bidart accompagne les créateurs d’entreprises technologiques. Le 23 mars dernier ESTIA Entreprendre a organisé à Bidart la demi-journée Bask’Invest avec EY (Ernst &Young), la CCI Bayonne Pays Basque et la Communauté d’Agglomération Pays Basque.

Créé pour permettre aux startups du Pays basque d’accéder au financement, Bask’Invest est devenu une vitrine de l’écosystème local.

Hélène Marty ©V.Biard

Des investisseurs de toutes catégories

Initialement créé pour permettre aux startups du Pays basque (rejoints par celles du Béarn et du sud des Landes) d’accéder au financement en attirant des investisseurs de Bordeaux ou Paris, Bask’Invest est aussi devenu une vitrine de l’écosystème local. Aux investisseurs historiques que sont Herrikoa, Adour Business Angels ou Aquiti se sont ajoutés des fonds nationaux comme Demeter, Epopée Gestion ou SkalePark. Pour Hélène Marty, Bask’Invest offre l’avantage de proposer une palette d’investissements éclectiques avec des interventions à des étapes différentes de la croissance des sociétés innovantes. En 2020, l’école d’ingénieurs ESTIA a créé ESTIA Start, un fonds accordant des prêts d’honneur jusqu’à 60 000 euros par projet. « ESTIA Start a déjà financé 7 projets pour 13 entrepreneurs et notamment les startups Fleety et Adaxys », précise Hélène Marty.

Besoin de confiance dans les équipes

« Quand les investisseurs observent des projets, ils sont avant tout attentifs à la solidité de l’équipe, sa complémentarité aussi. La clairvoyance de la proposition et son facteur innovation sont bien sûr regardés de près », témoigne-t-elle sans vouloir s’exprimer au nom des investisseurs. Ceux-ci ont besoin de confiance pour investir sur plusieurs années et recherchent logiquement la fiabilité d’une équipe. « Les problèmes les plus difficiles à résoudre concernent les équipes : incompatibilité d’humeur, difficultés personnelles, distorsion de vision », constate Yvan Cantou, directeur général du fonds d’investissement SkalePark qui gère un fonds sous gestion de 2,5 millions d’euros.

La fin des marketplaces et des applis grand public

A Bidart lors de Bask’Invest, ce ne sont quasiment que des projets de services aux entreprises qui ont été présentés par les startups. La vogue des places de marché grand public ou d’application mobiles pour particuliers semble terminée. Marché saturé, modèle économique introuvable, illusion de la conversion au paiement des utilisateurs, autant de raisons poussant les investisseurs à financer d’autres projets. « Nous recherchons des entreprises avec d’importants actifs technologiques notamment dans la deeptech ou des entreprises capables de grandir très vite avec des logiciels BtoB car elles perdent peu de clients », confirme Camille Le Roux Larsabal, directrice d’investissements du fonds Epopée Gestion. « Des projets BtoB vers des marchés de l’industrie », corrobore Yvan Cantou de SkalePark.

Quasiment toutes les startups ont intégré l’impératif du développement durable.

La valeur de l’engagement écologique

Avec le développement de l’intelligence artificielle, de l’Internet des objets, de la convergence numérique, les startups disposent d’outils puissants. Si elles sont ainsi capables de renforcer la rentabilité et la valeur ajoutée aux entreprises, elles ont aussi intégré l’impératif du développement durable. Hélène Marty observe que « quasiment toutes les startups prennent en compte les enjeux socio-environnementaux dans leur projet. » C’est également une conviction personnelle pour les responsables des fonds d’investissement et leurs souscripteurs selon Camille Le Roux Larsabal d’Epopée Gestion. Et pour elle, cet engagement écologique valorisera l’entreprise au moment de la revente de ses actions car la question environnementale sera encore prégnante qu’aujourd’hui.

 

5 startups récompensées

10 entrepreneurs avaient été sélectionnés pour présenter leur projet en public et 5 ont été récompensés. Le prix Airbus (2 000 euros) a été attribué à Trashboard pour sa planche de skateboard en carton recyclé et en résine biosourcée. Virtual Therapia a reçu 1 500 euros de la Communauté Pays Basque pour son programme d’hypnose par casque de réalité virtuelle. Le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne a offert 1 500 euros à BioclimaKIT pour son projet de bac de compost. La solution Prezz Up d’enseignement à distance a reçu 1 500 euros d’EDF. Le prix French Tech Pays Basque de 1 000 euros a été accordé à Sealocker pour son système de stockage de planches de surf.