Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Un « PaQte » gagnant avec les entreprises

Entreprises et institutionnels s’unissent pour deux quartiers prioritaires du Grand Périgueux autour du dispositif PaQte. Objectif : conjuguer économie et social.

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Des responsables mobilisés autour du préfet © SBT

25 entreprises périgourdines de divers secteurs, communication, énergie, formation, restauration, BTP… ont signé un PaQte — Pacte avec les quartiers pour toutes les entreprises — pour tisser des liens durables entre le milieu économique local et la population de deux quartiers prioritaires du Grand Périgueux concernés au titre de la politique de la ville : la boucle de l’Isle (Périgueux) et Chamiers (Coulounieix-Chamiers). Dix entreprises avaient déjà rejoint en 2018 ce dispositif lancé par le ministère de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales. La convention signée ce mois de novembre engage 25 nouvelles entreprises aux côtés du préfet, des présidents du Grand Périgueux et de la Maison de l’emploi pour renforcer l’insertion par l’économie et le retour vers l’emploi.

DES CHIFFRES PARLANTS

La politique de la ville développée depuis les années 1980 pour assurer l’égalité des chances, notamment avec l’Éducation nationale, s’enrichit avec cette démarche qui cible des actions autour de quatre axes : renforcer les liens entre le monde de l’entreprise et les habitants, faciliter l’accès à l’apprentissage, recruter sans discrimination, assurer des achats responsables et inclusif dans le cadre des marchés publics. Il s’agit avant tout de rétablir la confiance pour mieux renouer avec une activité professionnelle. « Les indicateurs démontrent que la situation est plus difficile dans ces quartiers qu’ailleurs », souligne le préfet. « Le chômage y est deux fois supérieur, le taux d’emploi des 15-64 ans sur le quartier de Chamiers est de 34,8 % contre 58,6 % sur le reste de la commune. » Et même si le chômage diminue, la reprise post-covid est moins perceptible ici. Les difficultés de mobilité comptent pour beaucoup : 45 % des habitants de ces quartiers n’ont pas de véhicule contre 19 % sur le reste du territoire communal. Même les plus diplômés restent sur le bord du chemin puisque 16 % restent sans emploi pour 6 % ailleurs. Les efforts se conjuguent pour trouver des solutions, avec la mobilisation de contrats aidés sur ces zones et un suivi assuré par la Maison de l’emploi, avec une implication des clubs d’entreprise Péri Ouest et Cré@Vallée.

FAMILIARISER LES JEUNES À LEUR ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE

La Maison de l’emploi organise déjà « des actions simples, concrètes, pratiques » décrites par son directeur, François Febvre : Les rencontres de l’emploi ont rapproché 14 entreprises et 80 CV, le collège Jean-Moulin a accueilli six entreprises devant 80 élèves de 5e en lien avec le CIJ et le centre social, des jeunes de ce collège et du lycée L. de Vinci ont visité quatre entreprises des environs. 15 dirigeants sont volontaires pour l’accueil bien préparé de stages de 3e. Enfin, le forum Je teste mon métier permet à des demandeurs d’emploi de se mettre en situation, avec des immersions en entreprise efficaces. Jacques Auzou, président du Grand Périgueux, cite la réussite du village d’artisans de Chamiers, avec des box bien visibles qui favorisent le lien entre les entreprises et les habitants dans un contexte où « les parents évoluent sur la réussite par l’apprentissage ».
La proviseure du lycée Jean-Moulin, invitée à participer à cette action-réflexion, note qu’elle répond à un manque de lien avec l’environnement économique. Elle œuvre pour que la réalité du monde du travail soit abordée dès la 5e pour préparer l’orientation attendue en 3e. « Il importe de les intéresser à cet âge, pour qu’ils sachent se présenter, sortir du cadre habituel. »

DU CÔTÉ DES ENTREPRISES

La représentante d’Enedis Dordogne se demande en premier lieu comment s’adresser à des jeunes qui ne savent rien de ces métiers : « que faire, en tant qu’entreprise, pour bousculer les clichés sur les filières techniques, expliquer la diversité des formations et des profils ; cela demande un travail en interne pour accueillir en immersion des jeunes d’horizons différents ».
Les parcours personnels de certains chefs d’entreprise témoignent d’une réussite à portée de motivation. Nicolas Calvet, qui gère trois cafés dont deux Colombus dans l’agglomération, raconte qu’il aimait faire des gâteaux et qu’il s’était donc naturellement orienté vers cette spécialité… qu’il préfère garder comme passion. Il a alors repris ses études au centre de formation de la CCI avec un apprentissage en vente, et a finalement poursuivi jusqu’au BTS. « Il faut pousser les portes, avoir confiance. Je recrute sans CV ni lettre de motivation. Les meilleures réussites reposent souvent sur une difficulté au démarrage. »
Alexis Mapas, gérant à Coulounieix-Chamiers d’une entreprise de peinture et décoration qui réalise 2 millions d’euros de CA avec 17 salariés, a grandi dans le quartier du Gour de l’Arche à Périgueux, il y était élève au collège. « Je suis issu de ce dont nous parlons, j’ai fait un CAP, j’ai continué à me former et j’ai l’ambition de renvoyer l’ascenseur. » Il accueille bientôt une jeune fille pour une découverte de son métier. Pour le préfet, Jean-Sébastien Lamontagne, ces parcours personnels sont autant de possibles réalisés dans le vivier de compétences locales : « il est essentiel d’expliquer, de témoigner car l’exemple et les rencontres permettent d’évoluer ».