Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Tourisme – Nouveau départ pour Henri Trip

Après des débuts prometteurs, Henri Trip, start-up toulousaine qui a développé une application dédiée au tourisme, a frôlé la banqueroute au printemps dernier. La société, qui a su prendre les bonnes décisions, repart aujourd’hui sur de bons rails.

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Maxime Lagrèze et Grégory Muratorio, cofondateurs d’Henri Trip. (c) Henri Trip

Le voyage avait pourtant bien démarré. Fondé en août 2020 par Grégory Muratorio et Maxime Lagrèze, Henri Trip voguait à ses débuts sur une mer calme, porté par un vent favorable. La start-up, qui a développé une plateforme pour planifier des voyages et une technologie permettant d’utiliser son smartphone comme un audio-guide, a connu un succès immédiat. « En décembre 2022, nous comptions 17 collaborateurs chez Henri Trip », relate Grégory Muratorio qui avait dû rapidement embaucher pour répondre à la demande. Début 2023, la société toulousaine affronte toutefois des remous inattendus. Sur l’activité audio-guide, qui avait séduit de gros acteurs du tourisme culturel (musées, salles d’exposition…), « un gros client n’a pas renouvelé son contrat de 200 000 euros annuels, tandis qu’un second, en liquidation judiciaire, n’a jamais honoré une facture de 98 000 euros ».

Touchée mais pas coulée

En difficulté, la société doit se séparer de 10 de ses collaborateurs. Un déchirement pour le jeune entrepreneur de 28 ans.
Si Henri Trip est touché, l’entreprise n’est pas coulée. Ses deux cofondateurs se mobilisent pour trouver des solutions. Eux qui avaient investi 250 000 euros en fonds propres arrêtent de se payer pendant plusieurs mois. « Nous avons réussi à obtenir du chômage partiel pour nos collaborateurs, nous nous sommes fait accompagner par un mandataire judiciaire et nos fournisseurs ont été d’une grande aide, acceptant des échéanciers afin que nous ne tombions pas en cessation de paiement. Le navire était bien abîmé, mais nous avons su le ramener au port et le réparer, encore plus solidement, pour mieux repartir », explique le dirigeant.

Nouvelle stratégie

Henri Trip revoit alors sa stratégie. La société met de côté l’activité audio-guide pour se recentrer sur l’activité initialement disponible gratuitement : le guide de voyage. Car Henri Trip est aussi un « Routard » numérique, qui recense sur son application plus de 100 000 sites touristiques. Les entrepreneurs décident alors de commercialiser des « expériences » de voyage. « Il s’agit d’un carnet de voyage numérique personnalisé créé en fonction des préférences de l’utilisateur ». Grâce à une technologie développée par Henri Trip, faisant intervenir l’intelligence artificielle, différents circuits de voyage, avec diverses activités ou sites à visiter, peuvent être proposés selon que le voyageur s’intéresse plus à la culture, à la nature, à l’histoire ou encore aux activités sportives. « Nous fabriquons et testons toutes les expériences nous-mêmes, en partenariat avec des influenceurs voyage ».

Plusieurs chaînes d’hôtels dont Accor ont sollicité Henri Trip

Une « expérience » – c’est-à-dire le guide touristique numérique personnalisé – coûte entre 13,90 euros (pour un voyage de deux jours) et 49 euros (pour 10 jours de voyage). Elle permet à l’utilisateur d’avoir accès, via son smartphone, à un plan géographique de son séjour, avec chaque étape localisée et présentée (informations pratiques, description du lieu, anecdotes historiques…) jour par jour. Un système de géolocalisation permet également de faciliter les déplacements d’une étape à la suivante. Henri Trip propose aussi tout un tas d’astuces pour payer moins cher les entrées sur les sites, choisir les bons horaires de visites, se restaurer dans un établissement recommandé à proximité des sites de visite… Le voyageur peut aussi réserver ses activités directement depuis l’application.

Des hôtels partenaires

Une innovation qui commence à séduire : plusieurs chaînes d’hôtels dont Accor ont sollicité Henri Trip. « Le groupe nous a contacté cet été car il souhaite proposer notre solution aux clients qui réservent dans leurs hôtels », se félicite Grégory Muratorio. Comme les sites de réservation d’avion suggèrent de louer un véhicule auprès d’entreprises partenaires, Accor invitera ses hôtes à commander des expériences Henri Trip. Un formidable coup de projecteur pour la jeune pousse toulousaine.

Si pour l’heure, Henri Trip ne propose qu’une dizaine d’« expériences » autour de destinations telles que Séville, Lyon, Reykjavik, Marseille, Toulouse ou Dublin, l’entreprise veut étoffer rapidement son catalogue. « Nous aimerions pouvoir proposer 200 expériences d’ici au 2e semestre 2024 ». Pour ce faire, les deux cofondateurs souhaitent désormais lever 500 000 euros. L’opération devrait s’articuler en deux temps : « une première phase en BSA Air pour lever rapidement 60 000 euros auprès de petits investisseurs, puis une seconde phase pour le reste de la levée ». La tempête semble désormais être derrière Henri Trip qui vogue vers un avenir que ses dirigeants espèrent radieux.