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Transition environnementale : le logement social, acteur engagé

Sidération, évitement ou affrontement ? Nous avons 3 possibilités de (ré)agir face à la peur. La crise climatique inquiète et selon la présentation qui en est faite, elle effraie. La voiture et le bâtiment sont considérés comme principaux émetteurs de GES (gaz à effet de serre) nocifs pour la planète, 20 % pour le secteur immobilier. Face à ce constat, le Mouvement HLM a décidé de prendre davantage ses responsabilités. Mais… s’il avait commencé sa révolution bien en avance ?

Logement social

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UN PROJET DE BOISEMENT DE 4 800 ARBRES

Le Congrès HLM national qui rassemble bailleurs sociaux, élus, professionnels de l’habitat et industriels pour échanger autour de la politique du logement et de l’habitat social a accueilli, en 2021 à Bordeaux, plus de 20 000 participants. L’occasion de montrer notre engagement en faveur de la transition environnementale en compensant l’empreinte carbone induite par la manifestation. Il a fallu convaincre, c’est fait ! En finançant un projet de boisement de 4 800 arbres, en mélange d’essences pour respecter la biodiversité, sur 3 hectares de prairies dans les Deux-Sèvres à Chiché. Il permettra de séquestrer ainsi l’équivalent de 630 tonnes de carbone* d’ici 20 ans. Un projet initié le 7 novembre dernier, avec les premières plantations, réalisées par une entreprise de réinsertion professionnelle, l’Atelier du Bocage. Il est soutenu par Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union Sociale pour l’Habitat, en partenariat avec le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) dont l’accompagnement a été déterminant pour le réaliser après les épreuves qu’ils ont subies. Ce projet est labellisé bascarbone par le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires**.

LES POPULATIONS FRAGILES

Hausse globale des températures, tempêtes de grêle, canicule, sécheresse et feux de forêts funestes… Tous ces épisodes extrêmes qui ont rythmé l’année 2022, nous somment d’agir face aux conséquences désastreuses pour les habitants, notamment locataires du parc social. Pour eux et pour tous, s’ajoutent la crise de l’énergie et ses conséquences financières dans le budget des familles. Oui, la transition environnementale qui s’impose touche les populations fragiles, dans les métropoles comme dans l’ensemble du territoire. Notamment ceux dont l’activité professionnelle dépend de la voiture et/ou que l’insuffisance de logements abordables obligent à habiter loin de leur travail.

Le contexte économique, contraint par l’augmentation du coût de nos emprunts et de nos travaux, nous oblige. D’autant que le dialogue avec l’État mériterait une plus grande fluidité.

LA PERFORMANCE GLOBALE DU BÂTIMENT

Le défi aujourd’hui ? Aller au-delà de la réduction des consommations d’énergie pour parvenir à la performance globale du bâtiment. À ce titre, la comparaison en faveur du logement social au regard du logement privé ainsi que les nouvelles réglementations environnementales nous encouragent.

Les enjeux portent désormais sur la nécessaire évolution de l’acte de construire dès la conception, recourant aux matériaux locaux faiblement émetteurs de carbone (bois, matériaux biosourcés), à l’économie circulaire et au réemploi. Cependant, l’effet seul des travaux sera insuffisant sans un travail répété au plus près des locataires pour guider les usages et comportements vers la maîtrise des consommations.

Le contexte économique, contraint par l’augmentation du coût de nos emprunts et de nos travaux, nous oblige

Nous devons appréhender ces nouveaux enjeux dans une démarche collective, où la solidarité entre organismes HLM et nos concitoyens victimes des catastrophes est tangible. Lors des épisodes de grêle ou d’incendies en Gironde, les bailleurs ont ainsi tout fait pour reloger le plus rapidement possible les locataires et les habitants affectés par ces événements.

Au-delà, partout en Nouvelle-Aquitaine, les acteurs du secteur HLM s’engagent dans cette transition, avec ténacité et constance, pour ceux qu’ils abritent et logent au quotidien : développement des énergies renouvelables (photovoltaïque) en autoconsommation collective (Habitat 17, Résidence Amitié à Aytré 17) ; construction en terre crue à Biganos (33, Opération Bigre, Aquitanis) ; réhabilitation énergétique performante à Limoges (17) avec l’opération Montjovis (Limoges Habitat, étiquette E à A) ; écoconception d’un bâtiment, valorisation des déchets et réemploi de matériaux avec Domofrance à Bassens (Opération Bassens quartiers d’Avenir)…

11 000 LOGEMENTS RÉHABILITÉS

Depuis de nombreuses années déjà, l’Union régionale HLM de Nouvelle-Aquitaine prend sa part en visant l’efficacité énergétique dans toutes ses réhabilitations : en 2020 déjà, notre projet consistait à réhabiliter plus de 11 000 logements, un investissement de 500 millions d’euros au bénéfice de l’économie locale. Désormais seuls 0,3 % des 320 000 logements sociaux en Nouvelle-Aquitaine sont en étiquette G (1 040 – étiquette-énergie du diagnostic de performance énergétique) et près de 1 % en étiquette F, soit 3 300. Ces chiffres illustrent l’effort constant des organismes pour améliorer la sobriété énergétique de leur parc.

Je crois aussi aux efforts déterminants du monde du bâtiment pour permettre un accès abordable aux nouveaux matériaux.

Faut-il en rester là ? Non bien sûr. Le mouvement HLM accélère ses actions pour transformer son parc de logements, neufs comme existants. L’Union régionale HLM mène depuis deux ans une réflexion collec- tive autour des enjeux de la baisse des émissions de CO2 de ses logements afin d’accompagner ses adhérents dans la mise en place de stratégies concrètes. Un plan d’actions bas-carbone est déployé : l’association joue à plein son rôle de coordination, d’apport de connaissances et d’émulation (partage d’informations, mise en réseau et partenariats, clubs thématiques, partage d’études, information pédagogique et plan de formation des collaborateurs…).

AMPLIFIER LES PROJETS

Tout d’abord, garantir au logement social la capacité financière d’amplifier ses projets : TVA à 5 %, réduire les ponctions financières sur les loyers pour compenser l’APL en priorité. Leur mission première est de développer leur parc, en accession ou en location, afin qu’il soit abordable à nos concitoyens, nombreux à attendre un logement social. Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a dédié une grande part des fonds structurels européens à l’efficacité énergétique des logements sociaux. Les collectivités locales, elles aussi, s’engagent. Certaines ont déjà conçu des politiques publiques locales qui élaborent un partenariat moteur de cette transition. Gageons que d’autres, y compris les plus importantes les rejoignent.

Enfin, au plan régional, c’est avec toutes les forces vives du territoire, comme les filières de la construction durable (bois, chanvre, paille…), les acteurs de la construction (entreprise, architectes, bureaux d’études…) et l’administration que nous pourrons avancer encore plus vite. Je crois aussi aux efforts déterminants du monde du bâtiment – qui souhaite, comme nous, réussir – pour permettre un accès abordable aux nouveaux matériaux.

Le logement demeure le point de convergence de la mobilité et de l’emploi. Chacun porte sa part d’actions concrètes et efficaces qui illustrent la démarche constructive de progrès pour sortir de celle de la crainte.

* La valeur définitive de l’estimation ne sera établie qu’après vérification par un auditeur indépendant et une décision administrative de vérification.

** Suivant une méthode scientifique pour le choix et l’implantation des essences (notamment en fonction des évolutions climatiques) développée, entre autres, par le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF). Audit après 5 ans pour comptabilisation des essences et vérification de la vitalité des plants.

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