Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Déchets : Toulouse se refait une beauté

Entre la construction du plus grand centre de tri de France à Bessières, à 30km au nord de Toulouse, et la reconstruction de l’incinérateur du Mirail d’ici 2032, la collecte des déchets va considérablement évoluer pour la Ville rose et ses alentours.

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Exemple de centre de tri développé par Paprec © Paprec

C’est le plus gros marché français des ordures ménagères du moment. Environ 1 milliard d’euros pour les délégations de service public des deux incinérateurs de Decoset, le syndicat des déchets qui regroupe Toulouse Métropole et 7 autres collectivités (152 communes, plus d’un million d’habitants). Un montant colossal qui englobe surtout de gros investissements à porter, notamment à Toulouse, où l’incinérateur du quartier du Mirail est obsolète. « Il faut reconstruire l’unité de valorisation entièrement » explique le président de Decoset, Vincent Terrail-Novès. Celle-ci verra le jour à quelques encablures du site actuel et entrera en service en 2032. L’investissement est très lourd, puisque la construction va coûter plus de 300 millions d’euros, à la charge de l’opérateur qui sera désigné l’été prochain.

Toulouse accueille encore les déchets des Hautes-Pyrénées mais plus pour longtemps

Aménagements temporaires

Le nouveau modèle de l’incinérateur sera un peu différent d’aujourd’hui. « Sa capacité sera de 240 000 tonnes, c’est presque 30% plus petit que notre incinérateur actuel » note le président de Decoset. Il faut dire que Toulouse accueille toujours une partie des déchets des Hautes-Pyrénées. Mais plus pour longtemps. « Les associations de défense de l’environnement nous ont fait comprendre que la solidarité territoriale avait ses limites. Nos voisins vont donc devoir trouver des solutions pour cette partie des déchets ménagers d’ici 2032. »

En attendant ce nouvel incinérateur, l’ancienne unité du Mirail doit tout de même être aménagée et modernisée. « Il y a des règles en ce qui concerne les rejets polluants. On ne pouvait pas attendre 10 ans qu’une nouvelle usine voie le jour. On a investi 46 millions d’euros pour limiter ces polluants. On a notamment mis en place un système sec qui consomme moins d’eau » détaille Vincent Terrail-Novès. Les riverains du Mirail ne verront donc plus le panache blanc s’élever de la grande cheminée.

 

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L’incinérateur du Mirail va être modernisé avant d’être reconstruit © Maxime Fayolle

Paprec dans tous les coups

Parmi les candidats à la construction et l’exploitation du futur incinérateur du Mirail, on retrouve la société Paprec. Le groupe aux 2,5 milliards de chiffre d’affaires en 2022 a déjà mis la main sur la construction du nouveau centre de tri sélectif de Decoset, à Bessières, à 30km au nord de Toulouse, prévu pour 2025. Il sera le plus grand de France avec 70 000 tonnes de déchets traités par an. « Nous avons deux centres qui ont plus de 20 ans » explique Vincent Terrail-Novès. « Nous manquons de place pour nos déchets recyclables. De plus, les installations sont trop anciennes pour satisfaire les nouvelles consignes de tri. » En effet, depuis plusieurs mois, les habitants peuvent jeter tous types de plastiques dans leur poubelle jaune. « Une grosse partie du tri est réalisée à Toulouse, mais pour affiner correctement, nous avons passé un marché avec une société basée à Mende » explique le patron de Decoset.

Meilleure valorisation des plastiques

Afin d’éviter aux poubelles jaunes de naviguer entre la Haute-Garonne et la Lozère, le nouveau centre de tri bénéficiera des dernières technologies. « Il y aura des trieurs optiques qui vont déterminer la qualité des plastiques et les séparer » explique Stéphane Leterrier, le directeur général adjoint de Paprec. Au total, plus de 95% du tri est effectué par la machine. « Mais il reste des humains ! » rassure le DGA de Paprec. Les 52 salariés des centres de tri existants seront repris et Paprec prévoit une vingtaine d’embauches.

Ces machines modernes vont permettre une meilleure valorisation des plastiques. « Aujourd’hui, on mélange un flux de différents plastiques pour fabriquer des jardinières ou des plastiques de tuyau … c’est un recyclage de moins bon niveau que ce qu’on pourra faire demain » promet Stéphane Leterrier qui va gérer le site de Bessières pendant 5 ans et pour lequel Decoset a investi 53 millions d’euros.

Le futur centre de tri de Bessières © Paprec

Réduire ses déchets à l’avenir

Mais l’objectif de ces nouvelles consignes de tri est avant tout de réduire le poids de la poubelle noire. « Même si ça ne va pas encore assez vite » déplore Stéphane Leterrier. Impossible toutefois de savoir comment vont évoluer nos poubelles à l’avenir. « Qui aurait prédit une telle diminution des journaux papier et des publicités en boîte aux lettres ? Est-ce que le vrac va se développer demain ? Quid du réemploi ? » questionne Stéphane Leterrier. À ces problématiques va s’ajouter celle de l’obligation du compostage à partir de janvier 2024. « Nous allons tester l’implantation de composteurs collectifs dans un quartier de Blagnac » annonce Vincent Terrail-Novès. Les 2 500 habitants du quartier pourront apporter leurs épluchures de légumes directement dans un point d’apport volontaire. Les biodéchets seront ensuite valorisés en engrais ou en biogaz. À Blagnac, pour cette expérimentation, c’est la société EMZ Environnement, basée en Moselle, qui fournira les bacs de tri et les sachets aux habitants.