« J’ai refait tous les calculs, ils confirment l’option des spécialistes : mon idée est irréalisable. Il ne nous reste qu’une chose à faire : la réaliser ! », s’exclamait Pierre-Georges Latécoère, cité par Didier Daurat (Le Vent des hélices, Éditions Le Seuil, 1956). Une devise gravée sur la façade de l’immeuble du siège social de la société, au 79 de l’avenue Marceau, à Paris.
Latécoère à l’origine
Pierre-Georges Latécoère, qui avait créé une société à Toulouse-Montaudran en 1917 pour fabriquer des avions de guerre, est stoppé dans son élan avec la fin de la Première Guerre mondiale en Europe. Néanmoins persuadé de l’avenir de l’aviation commerciale, il présente un projet de lignes commerciales au ministre de l’Aéronautique de l’époque, dont l’objectif serait de relier la France à l’Amérique latine, via l’Afrique occidentale et cela en trois tronçons : Toulouse-Casablanca ; Casablanca-Dakar ; Natal-Buenos Aires, via Rio de Janeiro, une partie du trajet entre Dakar et Natal étant initialement prévu en bateau, compte tenu de la longue distance et des capacités limitées des avions. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Latécoère effectue un premier voyage Toulouse-Barcelone le 25 décembre 1918 à bord d’un Salmson, piloté par René Cornemont en un peu plus de deux heures et c’est à cette occasion qu’il crée les L.A.L. (Lignes Aériennes Latécoère). Ces lignes aériennes avaient pour mission d’aussi bien transporter du courrier que des passagers. L’esprit entrepreneurial, le dynamisme managérial, la rapidité d’exécution et de décision de Latécoère sont dignes d’être enseignés dans les meilleures écoles du monde entier.
« Avec l’avion, nous avons appris la ligne droite » (Antoine de Saint-Exupéry)
Toulouse-Montaudran : première aérogare de France
Ce qui a été entrepris en moins de 15 ans est impressionnant et force l’admiration. Tout s’enchaîne très vite. 1919 est une grande année : le vol entre Toulouse et Rabat est réussi (le Maroc étant sous protectorat français) et la ligne de poste aérienne devient régulière. Un an plus tard, la ligne est ouverte au transport de passagers et, en cette même année, la première liaison aérienne postale entre Toulouse et Casablanca est réalisée avec un Breguet XIV. Un an plus tard, en 1920, la ligne vers le Maroc est ouverte au transport de passagers et Toulouse-Montaudran devient alors la première aérogare de France.
Daurat : le « père la rigueur »
Le pilote Daurat est nommé à ce moment-là chef d’exploitation, chargé d’organiser les lignes, de planifier les vols et surtout de gérer les fortes têtes que sont certains pilotes. Daurat, le père la rigueur ! Il contribue avec Latécoère à un service postal le meilleur possible. Il est le garant de la philosophie suivante : « Partir et arriver à l’heure : tout le secret de notre entreprise est cont…