Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Orïgin au défi du végétal

La jeune pousse Orïgin implantée à Toulouse veut révolutionner notre alimentation avec des produits végétaux à base de soja. Le tout 100% bio et local.

Orïgin

© Orïgin

« Si je vous fais goûter nos lasagnes, je vous mets au défi de trouver la différence avec un produit à base de viande ! » Patrick Fournier est un homme de challenge. Lui qui a co-fondé Orïgin en 2015 avec Pascal Micaelli ne se voyait pourtant pas forcément en chantre de l’alimentation végétale. « J’ai un CAP de serveur. J’ai dirigé un restaurant Quick mais aussi un Intermarché. J’avais certes une culture de l’alimentaire mais c’est la rencontre avec Paco qui a tout changé. »

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Patrick Fournier, le co-fondateur d’Orïgin © Orïgin

Paco et la culture Ital

C’est son associé, Pascal Micaelli, surnommé « Paco », qui est au cœur du projet Orïgin. « Il est né d’une famille corse et martiniquaise. Et c’est en Martinique qu’il a côtoyé les Itals, une ethnie jamaïcaine qui ne consomme que de l’alimentation végétale. » Un jour, Paco se lance le défi de tenir deux mois sans manger de viande. Deux mois qui se sont transformés en une vie.

Il lance alors un food-truck en Martinique en 1999, puis un restaurant à Toulon. Finalement, c’est à Châlons-en-Champagne, lors d’un salon, que Paco rencontre Patrick Fournier. « On a imaginé refaire le monde ! Et c’est comme ça qu’on s’est lancé. À deux, Paco à la recherche et développement, et moi plutôt à la gestion commerciale. »

Un haché végétal 100% made in France

Les deux amis se posent une question : comment manger sainement, de façon durable et écologique, tout en se faisant plaisir au niveau du goût ? L’équation semble insoluble … et pourtant ! C’est dans le soja qu’ils vont trouver la solution. « La nature nous donne plein de bonnes choses, plaide Patrick Fournier. On n’a pas besoin de transformer les aliments de manière chimique pour leur donner du goût. »

Avec le soja, ils parviennent à créer un haché végétal qui ressemble à de la viande mais qui n’en est pas. « On mange d’abord avec nos yeux », rappelle Patrick Fournier, qui ne cherche pas pour autant à copier le modèle carné. « Si je veux de la viande, je ne vais pas manger du Orïgin. Et de la même façon, avec nos produits, on ne réussira pas à produire un effiloché de volaille parce qu’il faudrait ajouter plein d’additifs. C’est tout ce qu’on refuse. On veut un produit le plus naturel possible ! » Pour cela, Orïgin s’appuie sur une dizaine d’agriculteurs en Occitanie et Nouvelle Aquitaine. « Le soja provient des Moulins de Perrine à Auriac-sur-Vendinelle, à quelques kilomètres de Revel, notre lieu de production. C’était important pour nous de produire local et 100% bio. »

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Un burger à base de soja produit par Orïgin © Orïgin

Moins de perturbateurs endocriniens

Il n’empêche que le soja renferme un problème. « Il contient deux perturbateurs endocriniens naturels. Ce qui fait que vous ne pouvez pas le consommer tous les jours. » La réflexion s’est portée sur la réduction de ces perturbateurs, qu’on appelle des isoflavones. « Nous avons mis en place un procédé qui élimine 89% de ces perturbateurs. Il n’y a donc aucun problème pour consommer des produits Orïgin tous les jours. »

L’entreprise vise l’ouverture d’une usine vers Toulouse en 2024, un investissement d’environ 10 millions d’euros

La gamme de produits est d’ailleurs assez large, de l’entrée au dessert. Elle va du houmous au burger en passant par le crumble. « Et demain, nous voulons développer notre solution avec d’autres céréales comme le riz, le sorgho, les pâtes … » Si aujourd’hui, Patrick Fournier déploie surtout ses produits en restauration collective (entreprise, administrations, EHPAD …), l’envie est présente de faire son entrée dans la grande distribution. « Mais ça se fera étape par étape ! »

Vers une usine près de Toulouse

Le marché du végétal est en tout cas en forte progression en France avec des ventes estimées à plus de 400 millions d’euros en 2022. Une tendance qui traduit un retour aux racines selon Patrick Fournier : « En 1945, trois quart de l’alimentation des français était d’origine végétale. C’est après la guerre qu’on a fait rimer viande et réussite sociale et qu’on a inversé les chiffres. »

Orïgin veut apporter sa pierre à un monde où l’on consomme moins de protéines animales. Elle vise l’an prochain l’ouverture d’une usine près de Toulouse. « Sur 4 000m², on pourra produire 1 200 tonnes de produits. C’est plus qu’une usine agroalimentaire classique. Et je consommerai 3 fois moins d’eau et 2 fois moins d’électricité ! »

Un rêve qui a un coût. « Environ 8 à 10 millions d’euros. C’est pour cela qu’on est en pleine levée de fonds. On cherche des investisseurs pour nous aider à passer ce cap. » La start-up de six salariés vise près de deux millions d’euros de chiffres d’affaires cette année. Elle envisage de le doubler l’an prochain et d’embaucher plus de 60 personnes d’ici 2025.